Coronavirus : en Guinée, hécatombe au sommet du pouvoir

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Bien qu’officiellement peu développée dans ce dans le pays, l’épidémie a emporté plusieurs membres de l’entourage du chef de l’Etat, Alpha Condé.

Dans un pays qui ne comptait officiellement ce Mardi que six morts du coronavirus pour 688 cas positifs, la série de hauts responsables guinéens figurant parmi la courte et triste liste de disparus a de quoi interpeller.

Coup sur coup ont été annoncés les décès, des suites du Covid-19, d’Amadou Salif Kébé,  avocat et président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), de Sékou Kourouma, ministre-secrétaire général du gouvernement (un proche parmi les proches du président Alpha Condé), de Victor Traoré, ancien directeur d’Interpol en Guinée, de Mory Diané, frère du ministre de la Défense et ancien haut gradé de la Gendarmerie

En outre, deux soldats de la garde présidentielle, des bérets rouges, auraient aussi été fauchés par la maladie. Deux autres ministres, ceux de la Sécurité et des Travaux publics Ont eu plus de chance : après être tombés malades, le premier est déjà guéri et le second est sur le point d’être guéris après avoir suivi le traitement à la chloroquine.

Ayant l’expérience de la terrible épidémie d’Ebola, qui avait fait plusieurs milliers de morts entre fin 2013 et 2016, la Guinée n’est pas restée inerte en voyant venir l’épidémie de coronavirus. Alpha Condé est monté en première ligne en décrétant fin mars un couvre-feu entre 21 heures et 5 heures et en imposant quelques mesures de distanciation sociale pas toujours bien reçues, comme celle limitant à trois clients au lieu de six les passagers des taxis. Les chauffeurs se sont aussitôt mis en grève pour protester contre le manque à gagner.

Ici aussi, les élections ont été maintenues

La Chine ayant fait don d’un stock de tests de dépistage aux pays africains qui se les sont partagés, des files d’attente de Guinéens inquiets se sont formées devant l’entrée de l’hôpital de Donka, à Conakry, le principal établissement hospitalier du pays. Mais les tests disponibles restent très peu nombreux. Le dernier communiqué de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, ce lundi, laisse deviner un taux de contamination énorme, puisqu’il indique qu’« à la date du 19 avril 2020, 102 personnes ont été testées, dont 43 positives ».

Devant l’hôpital de Donka, à Conakry, la file d’attente pour le dépistage du COvid-19 est longue./DR 

Les dignitaires du régime confinés dans leurs villas

Autre motif d’interrogation : malgré la montée de l’épidémie et la polémique provoquée en France par l’organisation le 15 mars du premier tour des élections municipales, le chef de l’Etat guinéen a maintenu le double scrutin (législatives et adoption de la nouvelle Constitution) le 22 mars. Un facteur supplémentaire pour le virus de se propager.

Tous les ministres et dignitaires du régime sont aujourd’hui confinés dans leurs villas. Le président Alpha Condé n’a pas encore annoncé son intention de briguer un troisième mandat, comme la nouvelle Constitution révisée tout exprès le lui permet. Malgré l’hécatombe autour de lui, il semble pour l’instant, à 82 ans, en pleine forme.

Avec le Parisien



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