Reprise du Dialogue politique : Les incohérences de l’état. Par Alexandre Naïny BERETE

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La Guinée à l’ère de l’incohérence et de toutes les contradictions possibles. Le 4 septembre dernier le chef de l’Etat dans une adresse à la nation instruisait son Premier ministre de conduire une consultation nationale sur « tous les sujets d’intérêt national », entre guillet parce que l’expression aura tout son sens dans cette réflexion.

Depuis la fin de ces fameuses consultations qui auront mobilisé au moins un mois, beaucoup d’eau ont coulé sur le pont, et jusqu’ici aucune décision du destinataire à l’origine de cet encartage politique. Cependant, des faits politiques il y en a eu depuis et qui ont changé le cours des évènements. Entre la convocation du corps électoral pour les élections législatives du 16 février prochain et le début des recensements y afférant, les incohérences de la classe politique se dévoilent au jour le jour tel un trou béant au milieu du désert.

L’incohérence de la stratégie politique du président de la république

En demandant au Premier ministre d’instruire les consultations nationales inclusives le 4 septembre, le Président de la république avait fait preuve d’une grande ouverture politique à travers l’exercice d’un instrument éminent politique en démocratie qu’est la consultation inclusive. Et de quelle manière, en fixant au préalable qu’aucun sujet ne sera tabou, ce qui implique que les acteurs socio-politiques pouvaient exprimer à Kassory Fofana tout ce qu’ils avaient sur la patate.

Depuis la fin de ces consultations et la transmission par le Premier ministre d’un rapport synthèse ou plutôt d’une transcription des propos tenus par les uns et les autres, il y a silence radio du côté de la présidence. Ce silence est d’autant lourd qu’il donne l’impression à l’opinion d’un enterrement des conclusions de ladite consultation.

Pour en rajouter à la confusion, on apprenait hier l’ouverture du cadre de dialogue politique inter-guinéen, piloté sous la supervision du même Premier ministre à moins qu’on ait changé de Premier ministre entretemps. On est à même aujourd’hui de se demander que veut au final le Président de la république ? cette attitude est d’autant plus malheureuse qu’elle donne l’impression d’une majorité présidentielle à deux visions totalement opposées. La réprobation du communiqué de la présidence de la république le soir du 14 octobre par le parti au pouvoir, la mise à l’écart de ce dialogue de Amadou Damaro Camara patron de la majorité, en sont les illustrations de ce cafouillage si elles étaient à apporter.

On nous explique que ce dialogue politique aura pour cadre les élections passées (le parachèvement des communales) et futures (les conditions d’organisation des élections législatives). Pourtant, les consultations menées par le Premier ministre avait justement pour objet l’organisation des élections et l’opportunité ou non d’un changement de constitution, les ‘’sujets d’intérêt national’’ dira le chef de l’Etat. Les principaux opposants au régime ont non seulement boycotté ces consultations mais ils ont également mis en doute la légitimité du Premier ministre à conduire de telles consultations après avoir lui-même donné son avis dans le débat sur la constitution en engageant l’ensemble de son gouvernement.  Les mêmes qui boycottaient hier le même Premier ministre lui trouvent aujourd’hui très beau et reviennent lui faire des bisous. L’amour quand tu nous tiens !

Dès lors, nous pouvons aujourd’hui considérer que les consultations de Kassory Fofana ont été inutiles. Elles ont été une perte de temps et un manque à gagner pour les caisses de l’Etat. Un mois pour rien sinon que pour blablater ou se faire des selfies devant les caméras. Ces consultations n’ont d’autant plus servi à rien que le Président de la république lui-même est descendu dans l’arène politique pour promouvoir sa nouvelle constitution dans un relent de campagne à peine voilé au travers de meetings géants à l’intérieur du pays.

Par Alexandre Naïny BERETE, diplôme de Sciences politiques, étudiant en master 2 de droit social, Gestion des ressources humaines, France

Source Mosaïque Guinée



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