Des violences xénophobes font sept morts en Afrique du Sud

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« on tue des africains en Afrique, un continent de honte »

Sept personnes ont été tuées et près de 200 autres arrêtées dans les émeutes xénophobes qui secouent depuis dimanche l’Afrique du Sud. Ces violences sont qualifiées de « totalement inacceptables » par le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Des magasins pillés. Des bâtiments brûlés. Des commerçants attaqués. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a dénoncé des violences « totalement inacceptables » après des émeutes xénophobes.

Depuis dimanche, sept personnes ont été tuées dans la région de Johannesburg, épicentre des violences, a annoncé mardi 3 septembre la police, qui a fait état de 189 arrestations et indiqué avoir déployé des renforts dans les points chauds de la capitale économique.

Mardi encore, la police a tiré des balles en caoutchouc dans le centre de Johannesburg, la principale ville du pays, pour disperser des centaines de personnes, certaines armées de machettes et de haches.

Elle a aussi repoussé des petits groupes dans le township d’Alexandra, qui jouxte le quartier financier de Sandton, pour prévenir de nouveaux pillages de commerces tenus par des étrangers. « Le plus grand nombre » de victimes sont des Sud-Africains, a précisé le ministre de la Police, Bheki Cele.

« Les gars sont arrivés en trombe et ont vandalisé les magasins », a expliqué à  un témoin, Gavin Booldchand, à Coronationville, une banlieue pauvre de Johannesburg où deux personnes ont été tuées mardi. « Le propriétaire d’un magasin est sorti et a tiré dans la foule (…). Il a tiré sur un Noir en plein visage », a-t-il ajouté, accusant les étrangers de « prendre » les emplois des Sud-Africains.

Des violences xénophobes récurrentes

La vague de violences et de pillages a débuté dimanche après la mort de trois personnes dans l’incendie encore inexpliqué d’un bâtiment du centre-ville de Johannesburg, avant de se propager à d’autres quartiers de la ville, puis à Pretoria.

Deux corps supplémentaires ont été retrouvés carbonisés mercredi à Johannesburg dans un commerce réduit en cendres.

L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté. Les violences des derniers jours ont causé une vive inquiétude dans les communautés immigrées de Johannesburg. « Ils ont tout brûlé », a témoigné mardi un commerçant originaire de Bangladesh, Kamrul Hasan, devant son commerce incendié du township d’Alexandra.

« Je veux que cela cesse immédiatement ».

Jusque-là silencieux, le président Cyril Ramaphosa a pris la parole mardi après-midi pour « condamner dans les termes les plus forts » ces violences xénophobes. « Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables », a-t-il insisté dans une vidéo postée sur Twitter, « je veux que cela cesse immédiatement ».

La condamnation de ces violences par le président sud-africain

I condemn the violence that has been spreading around a number of our provinces in the strongest terms. I’m convening the ministers in the security cluster today to make sure that we keep a close eye on these acts of wanton violence and find ways of stopping them.

« Il ne peut y avoir aucune justification pour qu’un Sud-Africain s’en prenne à des gens d’autres pays », a insisté le président de la « nation arc-en-ciel » rêvée par son prédécesseur et mentor, Nelson Mandela. « Notre nation brûle et saigne », a aussi dénoncé le chef du principal parti d’opposition, Mmusi Maimane, à la tête de l’Alliance démocratique (DA).

En plus du bilan humain, les trois jours de violences ont fait d’importants dégâts. Des dizaines de magasins ont été vandalisés à Johannesburg et dans la capitale Pretoria, et des poids lourds soupçonnés d’être conduits par des étrangers incendiés dans la province du KwaZulu-Natal.

En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.

Avec AFP



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