Samuel Little un homme de 78 ans pourrait être le tueur en série le plus meurtrier des Etats-Unis

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En s’attaquant aux invisibles de la société américaine, Samuel Little, qui a avoué 90 meurtres, a échappé pendant près d’un demi-siècle à la justice.

Au fond du pénitencier du Texas, un homme de 78 ans reçoit des visiteurs nombreux et réguliers. Le prisonnier a bien des choses à leur dire. Diabétique, malade du cœur, il a peu de temps devant lui et il n’aura que ça à faire jusqu’à la fin de ses jours. Samuel Little a été condamné à trois peines de prison à vie. Pour trois meurtres commis dans les années 1980.

Trois perpétuités pour raconter ses crimes à des enquêteurs qui affluent de tout le pays pour l’interroger et qui ont déjà établi son implication dans 27 autres meurtres. Il en a lui-même avoué 40 de plus, portant le nombre de ses victimes à 90. Toutes sont des femmes. L’homme a « semé » leurs cadavres dans plus de quatorze Etats américains, au fil d’une vie qui a pris la trajectoire d’une longue et mortelle randonnée ; car Samuel Little a passé près d’un demi-siècle à tuer.

D’après le New York Times, qui lui a consacré un portrait, lundi 26 novembre, il pourrait être le tueur en série le plus meurtrier de l’histoire des Etats-Unis, un pays pourtant prolifique en la matière. Mais l’homme aurait pu finir ses jours dans l’anonymat d’un misérable refuge pour sans-abri du Kentucky si deux enquêteurs n’avaient retrouvé sa trace en 2012, grâce à son ADN identifié sur les corps de deux femmes tuées dans la région de Los Angeles dans les années 1990. Ses meurtres racontés avec force détails

Arrêté, conduit en Californie, condamné et emprisonné, il reçoit en 2018 la visite d’un enquêteur texan, James Holland. Ce dernier, qui appartient au corps des Rangers, parvient peu à peu à gagner la confiance du tueur. Samuel Little avoue un autre crime, puis encore un autre, et n’en finira plus de s’épancher sur des meurtres pour lesquels il n’a pas encore été condamné. Des dizaines et des dizaines d’affaires d’assassinats jusqu’ici non résolues.

Samuel Little quitte le tribunal d’Ector County, à Odessa (Texas), en chaise roulante, le 26 novembre. Condamné pour trois meurtres, il en a, depuis, avoué près de quatre-vingt-dix.

Il est alors transféré dans une prison du Texas, où ses révélations abondantes attirent des enquêteurs soucieux de résoudre des affaires classées depuis des décennies. Plusieurs dizaines d’entre eux l’ont entendu, ainsi que des agents du FBI. Quotidiennement, il raconte ses meurtres, avec force détails. L’enlèvement de ses victimes dans des bars, dans les rues, dans des boîtes de nuit. Il décrit la banquette arrière de sa voiture, où il étranglait ses victimes.

D’après les enquêteurs cités par le New York Times, le tueur est pointilleux sur les détails de son mode opératoire et émet parfois un gloussement d’aise à l’évocation de ses forfaits. L’enthousiasme l’emporte par moments, et il se met alors à parler à un rythme effréné, qui le rend difficilement compréhensible. Lorsqu’il a été arrêté dans le Kentucky, Samuel Little n’avait passé que dix années cumulées en prison pour divers méfaits, jamais pour meurtre.

Comment un meurtrier de masse comme lui a pu échapper si longtemps à la justice de son pays ? Sans doute en grande partie parce que ses victimes étaient des invisibles, souligne le New York Times. Des femmes de quartiers déshérités, perdues, droguées, dont la disparition ou la mort n’émeut pas les foules et ne mobilise pas toujours la police. Des femmes pour lesquelles personne, aucun proche, ne réclame justice. A ceux qui l’interrogent, il décrit son terrain d’action : une Amérique parallèle, où survivent celles dont l’existence est insignifiante aux yeux des autres et où le tueur peut agir à sa guise.

Son récit dresse une cartographie souterraine de zones miséreuses ravagées par la pauvreté et la drogue, où les meurtres demeurent souvent irrésolus. C’est le monde où il est né, lui qui a vu le jour dans une prison, alors que sa mère prostituée était incarcérée. Samuel Little n’a pas de regret. Il révulse par ses crimes et sa conscience tranquille, tout en tendant à son pays un miroir cruel.

Source Le Monde



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