Investir dans les langues africaines, une priorité pour l’Afrique (Par Khalil KABA)

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Dans une publication capitale de 1953, l’UNESCO a souligné l’importance d’éduquer les enfants dans leur langue maternelle. Or, plus de 69 ans après la première déclaration de l’UNESCO et malgré une pléthore de livres, d’articles, de conventions, de déclarations et de recommandations sur ce thème, y compris une série d’expériences concluantes utilisant les langues locales dans l’enseignement et l’administration, la plupart des pays africains continuent d’utiliser la langue de l’ex-pays colonisateur comme principale langue d’enseignement et de gouvernement du pays.
Il est urgent de mettre en place des mécanismes de sensibilisation qui auront pour objectif de souligner le rôle pivot des langues dans un apprentissage de qualité. Ils viseront en particulier à dissiper les préjugés et la confusion qui règnent à propos des langues africaines et mettront en lumière les tentatives souvent masquées de discréditer ces dernières, les qualifiant d’obstacle à l’apprentissage. Ces mécanismes de sensibilisation mettront à profit les recherches existantes et pratiques en cours pour débattre de la politique linguistique la mieux adaptée aux besoins de l’Afrique en matière d’éducation.
En Guinée, sous la révolution, les conditions historiques d’accession à son indépendance et l’orientation socialiste proclamée par le président Sékou Touré, ont conduit à l’adoption d’une politique éducative particulière axée sur deux pôles l’introduction des langues nationales à l’école et aussi l’alphabétisation de adultes en 1968. Cette situation changea d’orientation politique, aussitôt après la mort du responsable suprême de la Révolution le 26 mars 1984 et la prise du pouvoir par l’armée le 3 avril de la même année. À partir des assises sur l’éducation a mois de juillet 1984, les langues nationales n’auront alors qu’une valeur identitaire et symbolique dans les textes officiels. Pourtant, malgré la politique prônée par le régime guinéen en faveur des langues nationales les constitutions de 1958 et de 1982, sous le régime de Sékou Touré, contenaient pas de textes de lois précisant la politique linguistique d l’État. C’est la loi promulguée en 1990 qui corrige le vide juridique ce domaine en déterminant le statut respectif du français et des langue locales dans l’énoncé suivant :
« La langue officielle est le français. L’État assure la promotion des cultures et des langues du peuple de Guinée ». La prise en compte de l’histoire politique de la Guinée et l’analyse de réformes éducatives mises en application depuis l’indépendance à nos jours est un élément essentiel si l’on veut mettre en place une politique éducative viable visant à remédier les problèmes de l’école.
Aujourd’hui, l’espoir renaît avec le développement et la vulgarisation du Nko, du haali pular pour ne citer que celles ci. La refondation de l’État qu’ambitionne le CNRD doit tenir compte de ce paramètre qui, ma foi, pourrait apporter des changements qualitatifs dans le système éducatif guinéen.
Khalil KABA



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