Tribune : La société guinéenne doit changer son regard sur la femme « la femme n’est pas un objet » Par Sonny Camara

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La Guinée est un pays marqué par un système patriarcal poussé qui place l’homme tout en haut de la pyramide et la femme tout en bas. Donc une société qui traite la femme comme un être inferieur et qui doit obéir à certaines normes sociales préétablies. Autrement dit, une société marquée par l’entre-soi-masculin à tous les niveaux et qui tente par tous les moyens de protéger ce privilège, qui pourtant, ne correspond pas au contrat social qui balise le fonctionnement de notre pays.

Or, Simeone De Beauvoir disait dans le deuxième sexe «  on ne nait pas femme, on le devient », autrement dit, la femme est une construction sociale. A travers cette phrase, l’auteure voudrait démontrer que la différence entre homme et femme se situe seulement au niveau biologique. Pour elle, les rôles assignés aux hommes et aux femmes sont le reflet de leur milieu socioculturel.

Bethler  dans son ouvrage Trouble dans le genre va encore plus loin pour démonter que la sexualité ou le genre ne sont pas déterminés exclusivement par le sexe biologique (mâle ou femelle), mais plutôt cela constitue un construit social qui dépend du milieu socioculturel et de l’histoire de vie. Pour elle, la performativité du genre n’est pas un acte unique, mais une répétition et un rituel qui produit des effets à travers un processus de naturalisation.

 Ces théories tentent de démontrer que l’inégalité entre les deux (homme et femme) est culturellement construite et non naturelle, donc n’est pas innée. Pour elles, c’est la construction des individualités qui impose les façons de faire différent des uns et des autres, des rôles différents et genrés. Autrement dit, tout ce que l’homme peut faire, la femme aussi peut le faire. Les activités des uns et des autres sont seulement des actes de construction qui dépendent du milieu dans lequel on vit.

Mais en Guinée le regard de la société sur la femme est tout autre, c’est pourquoi elle est toujours désignée comme étant la première coupable par rapport à certains faits. Cette façon d’indexer la femme comme étant la principale responsable de certains maux est presque devenue une norme sociale.

Quand un enfant rate sa vie, la femme au foyer est la principale indexée comme la responsable de l’échec au sein famille.

Quand une femme est violée, elle est traitée dans bien des cas comme une prostituée ou encore une fille de « basses mœurs ».  

Dans un couple sans enfant, la femme est souvent indexée par la belle-famille comme étant la principale cause.

Un homme alcoolique ou fumeur est toléré par la société tandis qu’une femme fumeuse ou alcoolique est considérée comme une trainée ou encore une fille de basse éducation.

Ces considérations sont le reflet de la société guinéenne sur les deux sexes.  Tous les mauvais actes du premier (homme) peuvent être tolérés par la société comme (le viol, la polygamie, l’infidélité, l’alcoolisme, le banditisme, le vol…), tandis que la femme est soumise à des règles qui la maintiennent dans un système de dépendance et d’acceptation. Elle doit porter en elle certains fardeaux sans pourtant autant donner son avis.

Au moment où le viol  et la violence faite aux femmes sont devenus monnaies courantes dans notre société, il serait temps d’avoir un autre regard sur la femme, de ne pas la considérer comme un objet sexuel ni un être inférieur, mais plutôt un être humain ayant des droits. Comme le stipule la constitution « tous les hommes naissent égaux en droit et en devoir ». Autrement dit, la femme n’est pas un être inferieur à l’homme mais plutôt un compagnon de ce dernier dans l’accomplissement des projets de vie dans une société qui se veut respectueuse et juste.

Il serait donc temps de briser ce plafond de verre qui constitue un véritable obstacle à l’émancipation de la femme. La parité dans une société est gage du bannissement des préjugés et des stéréotypes. Ce que l’homme peut, la femme aussi peut le faire. « L’existence humaine n’est qu’un jeu ambivalent entre la transcendance et l’immanence »

Sonny Camara politologue



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