Mort tragique de Roger Bamba : le récit glaçant de sa femme sur les circonstances du décès « Il avait le ventre ballonné, tout son corps lui faisait mal »

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L’on s’est réveillé hier avec la terrible nouvelle du décès d’un militant de l’UFDG dans des circonstances tragiques. Roger Bamba qui est enfermé à la maison centrale depuis plusieurs mois a rendu l’amé à l’hôpital Ignace Deen quelques heures après son admission. Sa femme Christine Bamba très dévastée s’est confiée au micro des journalistes pour raconter les circonstances de la mort de son mari

Lisez son récit

« Il est sorti ici le matin en me disant qu’il partait au travail. Lorsqu’il est arrivé à l’assemblée il m’a dit que je suis arrivé au bureau mais il y’a des militaires qui m’ont envoyés une convocation, j’ai dit pourquoi. Il m’a répondu qu’il ignorait le motif pour le moment. Je me suis déplacé pour venir à l’endroit où il était mais je n’ai pas eu accès à lui. Je n’ai pas pu le voir. 2 à 3 jours après son interpellation, j’ai appris en écoutant les grandes gueules qu’il avait été transféré à la maison centrale avec deux autres personnes.

Chaque fois que je venais pour le voir je n’avais pas accès, pourtant je ne travaille pas. J’ai quitté N’Nzérékoré et je ne connais personne à Conakry. C’est lui qui représente tout pour moi. Je vis avec l’appui des parents qui envoient des choses du village. A la maison centrale comme j’insistais, je pleurais pour voir mon mari on m’a dit d’aller à la justice pour prendre un papier la  bas. Pendant 4 mois je suis restée sans nouvelles de lui, je ne pouvais pas le voir et je n’ai pas communiqué avec lui. Je ne savais pas comment il était, s’il mange, s’il était maltraité.

Je suis allée un jour à la justice de Dixinn, 07 h m’a trouvé la bas. Au tribunal de Dixinn j’ai passé toute la journée et lorsque j’ai eu accès au procureur, ce dernier m’a dit qu’il ne pouvait pas m’aider, qu’il n’était pas autorisé à le faire. Je me suis couchée à terre pour pleurer. J’ai dit si vous me voyez, vous voyez l’amour qu’il  y’a entre l’homme et la femme, le bébé que j’ai est resté plus de 05 mois sans voir son père. Vous ignorez ce que je traverse actuellement avec la conjoncture du pays. Tout est dur dans le pays et pourtant c’est mon mari qui s’occupe de tout. Avec l’appui d’autres personnes il m’a délivré le papier. Sur le papier c’est Mardi et jeudi que je devais le voir.

Le lendemain je suis parti à la maison centrale et j’ai pu le voir. Quand je l’ai vu j’ai dit Roger qu’est-ce ce qui t’envoi ici? Qu’est-ce qu’on t’a dit? Il m’a dit qu’on lui a dit qu’il a échangé avec un jeune des messages et c’est ce dernier qui a porté plainte contre lui. Mais depuis qu’il est venu il n’a pas vu le jeune. Ce jour je me suis vu avec Ousmane Gaoul, les chérif Bah et Foniké Mangue. Ils étaient dans la cour en train de se coiffer. Je n’ai pas pu retenir mes larmes. Je partais labas souvent. Maintenant c’est hier qu’un numéro inconnu m’a appelé  à  17h. Il m’a dit que c’est Mme Bamba. J’ai dit oui il m’a dit que mon mari est arrivé à ignace deen et il est malade. J’ai pris une moto pour venir et quand on venait à l’hôpital tellement j’avais le corps chaud et je suis même tombé avec le motard. Arrivé à ignace deen il était tellement gardé et la garde pénitentiaire ne me pas laissé le temps de voir mon propre mari. Quand je l’ai vu, je lui ai demandé depuis quand il est tombé malade? Son ventre était ballonné, quand tu le vois tu ne peux même pas savoir que c’est un être humain. Je lui ai dit Mardi je t’ai vu tu étais en bonne santé. Qu’est-ce ce que tu as mangé? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait? Dis-moi stp. Il m’a dit c’est hier que j’ai senti des maux de cœur et de reins. C’est mes reins et mon dos qui me font mal. Il m’a dit va au laboratoire pour prendre des papiers. Je suis allée prendre. Et quand le médecin est venu il m’a dit qu’il n’a pas de sang, moi je n’ai pas de moyens je suis diplômée sans-emploi et mes parents sont au village. J’ai appelé la femme de Dalein, j’ai dit Hadja mon mari est malade, il est abandonné ici et les corps habillés ne veulent pas que je le vois et on me dit qu’il n’a pas de sang. Elle me dit ok je vais envoyer un jeune et vous allez acheter le sang. Nous sommes allés on a acheté le sang. Quand on est venu à ignace deen quand tu vois son corps tu vas te dire que c’est quelqu’un qui utilise le produit. Tout son corps est devenu jaune et son ventre ballonné. Il m’a dit pourquoi tu n’as pas envoyé l’enfant. Je lui ai répondu que l’état dans lequel tu m’as appelé je ne pouvais pas mettre l’enfant sur le dos et venir avec. Je lui ai demandé qu’est-ce qu’il avait mangé. Il ne m’a dit rien. Il dit que c’est son ventre qui le fait mal. Tard la nuit j’ai appelé l’infirmier, ce dernier m’a dit que le sang est coagulé et qu’il va le réchauffer avant de le placer pour mon mari. Quelque temps après Roger m’a regardé, il m’a dit de partir lui payer de la glace car ce n’est plus son dos et ses reins qui lui font mal mais son corps. Il me dit mets la glace sur mon corps, il faut masser ma tête. Je lui ai demandé de me dire ce qu’il avait mangé.

Le militaire qui était là-bas m’a dit qu’il avait faim. Je lui ai dit que j’étais seule et sur les insistances je les ai donné 20 mille. Quand je veux rentrer les médecins me disent de sortir car ils doivent le visiter. Je suis resté dehors et il a crié fort vient. Je te dis de venir. Je suis venu. Il dit que c’est son corps qui lui fait mal. Son ventre était ballonné et si tu le vois tu dis qu’il traine la maladie depuis 1 semaine. Il a rendu l’âme à 00h » a-t-elle déclaré avant d’ajouter

« Et je m’en remets a la volonté de Dieu.  Si seulement Dieu est là,  s’il est là pour les pauvres je veux qu’il me rende justice. Je sais qu’il y’a eu beaucoup de morts sans justice, je sais aussi que mon mari n’aura pas de justice sur cette terre mais dans l’au-delà il aura la justice. Il était le seul espoir de sa famille, il laisse 3 enfants derrière lui, il était notre soutien. Je ne sais pas ce que je vais devenir, je n’ai personne et je n’ai aucun soutien. Je suis navrée de la mort de mon mari et je réclame justice. »



Journaliste, Correspondante à Conakry