Manifester pour empercher le putsch ou croiser les bras et laisser le champ libre au pouvoir ? le Dilemme de l’opposition

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Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, tous les rassemblements d’une certaine ampleur sont interdits. Tous les lieux de rassemblement sont fermés à l’exception notable des marchés.

Sur le plan politique, l’une des conséquences de cette mesure est l’arrêt des réunions hebdomadaires des partis politiques et toutes les manifestations sur la voie publique. Ce qui n’est pas de nature à déplaire au Pouvoir qui obtient ainsi un répit et peut mettre en œuvre tout tranquillement son agenda. Ainsi, on a d’un côté le Pouvoir qui, pour obtenir ce qu’il veut n’a pas besoin de manifestations et pour qui cette situation de crise sanitaire mondiale est une occasion propice à la réalisation de ses objectifs et, de l’autre, l’Opposition qui ne peut rien obtenir sans se faire entendre par le moyen de la rue. Celle-ci se trouve donc face à un véritable dilemme : reprendre ses manifestations au risque d’être accusée de favoriser la propagation de la covid 19 ou croiser les bras en  laissant un champ libre au Pouvoir qui n’hésiterait pas un seul instant d’en tirer le maximum de profit politique.

Un acteur politique avait clairement pointé récemment et sans aucune preuve la responsabilité de l’opposition dans la propagation de cette maladie. Son argumentaire tenait au fait que les communes les plus affectées sont celles qui étaient le théâtre des manifestations de l’opposition.

De même, à l’annonce de la prochaine reprise de ses manifestations, le FNDC a fait l’objet de nombreuses critiques venant d’organisations de la société civile. Pendant ce temps, du côté du Pouvoir, il existe des signes qui laissent penser que le projet de troisième mandat n’est pas abandonné. D’ailleurs, a-t-il été question une seule fois de l’abandonner? En effet, la première étape du projet c’est-à-dire le changement de constitution ayant été franchie, il y a toutes les raisons de penser que la prochaine étape consistera à alimenter, à laisser se développer le débat sur le droit de l’actuel Président de la République de de présenter à la prochaine élection présidentielle en vertu de la « nouvelle constitution», à créer et à financer des mouvements de soutien en faveur de cette candidature etc. Il n’est donc pas exclu de voir dans les prochaines semaines surgir de nulle part des associations de jeunes et de femmes en vue de la réélection du Président de la République.

Au même moment, les opposants qui n’ont ni argent pour « acheter » des soutiens ni FDS pour mater d’éventuels récalcitrants, les possibles « empêcheurs d’obtenir un troisième mandat », semblent être totalement désarmés.

Que faire ?

Par Maître Mohamed Traoré  Avocat, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats



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