Procédure de destitution : Donald Trump fragilisé par de nouvelles révélations

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Deux enquêtes d’opinion montrent une nette progression au cours des derniers jours du pourcentage de personnes interrogées favorables à un « impeachment » du président.

Aux Etats-Unis, la seconde semaine de la bataille de la destitution s’est ouverte, lundi 30 septembre, comme la première : avec une succession de révélations.

Le Wall Street Journal a ainsi assuré que le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, était aux côtés de Donald Trump, le 25 juillet, lors d’une conversation téléphonique au cours de laquelle le président américain avait demandé à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, d’enquêter sur le fils de l’un de ses rivaux politiques, l’ancien vice-président démocrate Joe Biden. Hunter Biden a siégé au conseil d’administration d’une entreprise gazière privée, de 2014 à 2019.

Interrogé à propos de cet échange téléphonique controversé qui est à l’origine de la procédure ouverte par les démocrates de la Chambre des représentants, le 24 septembre, Mike Pompeo avait laissé entendre quelques jours plutôt n’en rien savoir. Le département d’Etat n’a fait aucun commentaire lundi.

Utilisation des moyens de l’Etat fédéral à des fins politiques

Le Washington Post a affirmé de son côté que l’attorney général des Etats-Unis (ministre de la justice), William Barr, a organisé des réunions à l’étranger avec des responsables de services de renseignement d’autres pays dans le cadre d’une enquête visant les investigations de la police fédérale (FBI) et de la CIA en 2016. Elles ont porté sur les interférences prêtées à la Russie pendant la présidentielle.

William Barr avait estimé, en avril, que la campagne de Donald Trump avait été « espionnée » à l’époque, une accusation portée sans la moindre preuve par le président lui-même deux ans plus tôt. La démarche de l’attorney général, confirmée par ses services lundi, pourrait constituer une nouvelle utilisation des moyens de l’Etat fédéral à des fins politiques, après la conversation du 25 juillet.

Le New York Times a renchéri lundi en indiquant que Donald Trump aurait aussi sollicité le premier ministre de l’Australie, Scott Morrison, pour enquêter à propos d’un signalement transmis par un diplomate australien au FBI qui avait déclenché cette enquête « russe ». Ce diplomate avait estimé, sur la foi des confidences d’un consultant brièvement membre de l’équipe de campagne du candidat républicain, que la Russie était prête à partager avec lui des informations compromettantes relatives à son adversaire démocrate, Hillary Clinton.

Donald Trump a régulièrement demandé une enquête sur les investigations conduites par le procureur spécial, Robert Mueller, à propos de ces interférences. Il assure contre toute évidence avoir été la victime d’une « machination ».

Alors que l’avocat du président, Rudy Giuliani, très impliqué dans l’affaire ukrainienne, a été sommé par la Chambre des représentants de lui livrer les documents relatifs à ses efforts pour que des enquêtes soient ouvertes contre Hunter Biden, Donald Trump s’est montré vindicatif et menaçant, lundi. Il s’est ainsi demandé sur son compte Twitter si le président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, le démocrate Adam Schiff, qu’il exècre publiquement, ne devait pas être « arrêté pour trahison ».

L’avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani, a été sommé par la Chambre des représentants de livrer les documents sur l’affaire ukrainienne.

L’avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani, a été sommé par la Chambre des représentants de livrer les documents sur l’affaire ukrainienne. EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP

« Nous essayons de découvrir un dénonciateur »

Le président des Etats-Unis s’est aussi emporté contre le lanceur d’alerte à l’origine de toute l’affaire. « Nous essayons de découvrir un dénonciateur », a assuré Donald Trump alors que l’avocat de cette personne, Andrew Bakaj, a rappelé qu’elle a selon la loi « droit à l’anonymat ». « Elle ne doit pas être l’objet de représailles, ce serait une violation du droit fédéral », a-t-il ajouté.

Le lanceur d’alerte a reçu le soutien de l’inspecteur général de la direction du renseignement national, Michael Atkinson, nommé en 2018 par Donald Trump. En réponse aux critiques du camp républicain, selon lesquelles le signalement du lanceur d’alerte reposerait sur des informations dont la fiabilité serait sujette à caution, Michael Atkinson, qui l’avait jugé crédible lorsqu’il l’avait reçu, a répété qu’il répond aux critères en vigueur.

L’énervement de Donald Trump n’a pu qu’être accentué par la publication de deux enquêtes d’opinion, qui montrent une nette progression au cours des derniers jours du pourcentage de personnes interrogées favorables à la procédure de destitution. Un nombre égal de sondés (47 %) la soutiennent ou s’y opposent, selon la Quinnipiac University alors que les adversaires de la destitution étaient nettement majoritaires le 25 septembre (57 % contre 37 % d’avis opposés).

Une enquête de CNN le confirme. Pour la première fois, une majorité relative de personnes interrogées (47 % contre 45 % qui sont d’un avis opposé) estiment que Donald Trump devrait être mis en accusation et qu’il devrait quitter ses fonctions. La chaîne avait posé la même question pour la dernière fois en mai. Ces deux sondages font état de fluctuations qui correspondent aux révélations publiées ces derniers jours, toutes défavorables au président.

Source le Monde



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