Le couple Touré reconnu coupable d’esclavagisme  aux Etats-unis: un fait qui mérite d’être questionné en interne (Guinée)

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Selon un compte  rendu du journal de Dallas Star Télégram dans le procès du couple Touré, pendant huit heures, les 8 membres du jury ont délibéré.  Lors de cette délibération, ils sont parvenus sur les conclusions selon lesquelles, Mr et Mme Touré ont été reconnus « coupables d’esclavagisme pour avoir utilisé une femme guinéenne comme esclave pendant près de 16 ans ». Le couple serait aussi coupable «  de complot en vue d’héberger une étrangère en situation illégale ». Selon les médias locaux, ils (Mr et Mme Touré) risqueraient jusqu’à 20 ans de prison. Il a été aussi décidé par les jurys que les biens du couple soient saisis.

Cette sentence a suscité de vives réactions au sein de l’opinion nationale guinéenne, en ce sens que l’un des coupables, n’est autre que le fils de l’ancien président Ahmed Sekou Touré.

Dans  la plupart des commentaires lus sur les réseaux sociaux,  les  anti-Sekou, pensent que le couple mérite cette sanction dans la mesure où leur papa  était un dictateur pendant son règne. Tandis que les pros-Sékou organisent des manifestations devant l’ambassade des Etats-Unis en Guinée pour la libération du couple.

Au-delà de cette guerre médiatique entre les deux camps, il serait très important de questionner cette pratique en interne, en ce sens que les faits, sont monnaies dans la société guinéenne. La plupart des élites sociales, économiques ou politiques ont dans leurs familles des domestiques appelées « khouridi » en Soussou qui font les travaux domestiques en longueur de journée sans aucun cadre légal.

Pour un internaute  Abdoul Salamy Sylla « Il serait aberrant de traiter l’affaire Mohamed Touré (fils de Sékou Touré) et son épouse, Denise Florence Cross sous le prisme politique. Nous assistons à travers cette affaire au procès d’un phénomène courant en Guinée: celui de « Khouroudi » [NDLR: enfant à éduquer en langue Soussou]. Il s’agit de la jeune fille qu’on confie à un couple afin d’assurer son éducation. Ces jeunes filles sont dans un certain nombre de cas, réduites aux tâches ménagères, elles subissent toutes sortes de sévices et sont rarement scolarisées. En plus du fait qu’il n’existe aucune disposition légale permettant de les protéger, leurs tuteurs sont plutôt considérés par la société comme des bienfaiteurs œuvrant dans leur encadrement. Mohamed Touré et Denise Florence Cross ont vécu une grande partie de leurs vies dans une telle société. Les faits qui leur sont reprochés ne sont pas répréhensibles en Guinée. Cependant, comme le disait Pascal: « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Dans les sociétés occidentales, la non scolarisation d’un(e) enfant en âge d’être scolarisé et la soumission d’une personne à des corvées sont constitutives d’infractions pénales pouvant entraîner de lourdes peines de prison à leurs auteurs. À cela s’ajoute le délit d’aide à l’entrée et au séjour d’une personne en situation irrégulière qui leur est également reproché.

Comme le dit cet internaute, ce phénomène mérite d’être questionner dans notre société afin de trouver un cadre légal à cette pratique qui de plus en plus brise la vie de milliers de jeunes filles. Analyser cette affaire en interne et au-delà de cette sentence, c’est une façon de rendre justice à des plusieurs filles guinéennes se trouvant dans pareille situation.

Il est à noter que les avocats de la défense ont déclaré que le verdict serait porté en appel.



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