L’assassinat programmé de l’école guinéenne : L’autopsie de Bah Rafiou

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Depuis plus d’une décennie maintenant, l’école guinéenne est gravement malade. Elle est presque, à l’agonie !

En effet, cette maladie dont souffre l’école guinéenne – et qui risque de l’emporter – s’apparente à un assassinat programmé par nos gouvernants.

Dans notre pays, la performance de l’école est le dernier des soucis de nos gouvernants. Alors que l’éducation fait partie des fonctions régaliennes d’un État responsable et soucieux de l’épanouissement intellectuel de ses citoyens.

Mais pourquoi, nos gouvernants n’y pensent pas à améliorer le système éducatif de notre pays ? La raison est la suivante : nos gouvernants étant conscients que c’est uniquement par le biais de l’école que leurs héritiers peuvent assurer une continuation de la gestion de notre pays, ils assassinent le système éducatif national en refusant toute réforme. Pendant ce temps, leurs héritiers étudient à l’étranger : aux USA, en Europe, etc. Ainsi, il est évident que face à des jeunes gens qui ont ou avaient la volonté de participer au développement de notre pays, mais qui – malheureusement, n’ont ou n’avaient pas pu effectuer pleinement des études de qualité – ce sont naturellement, les héritiers de nos gouvernants qui assureront la relève.

Par ailleurs, la programmation de l’assassinat de l’école guinéenne, suit un processus qu’on peut observer à plusieurs niveaux :

Primo, on peut l’évaluer sous l’angle du budget alloué à l’éducation nationale de notre pays.

Secundo, l’insuffisance du dispositif institutionnel (lois, ressources humaines, et moyens techniques et financiers) pour la sensibilisation voire la coercition sur la scolarisation des enfants. L’école obligatoire est de 6 ans (de 7 à 12 ans) selon l’UNESCO !

Tertio, il y a le manque cruel d’infrastructures scolaires et l’état piteux de celles qui existent. À ce jour, il y a au sein de la République, des enfants qui apprennent dans des hangars.

Quatuor, le traitement misérable des éducateurs (enseignants). Le salaire des enseignants ne leur permet de joindre les deux bouts en mangeant à leur faim.

Quinto, la non évaluation périodique des programmes scolaires pour des fins d’adaptation aux besoins de l’économie.

Alors, pour comprendre ce processus, il suffit d’analyser la réforme de l’enseignement supérieur avec l’instauration du système LMD (licence, master, doctorat).

Précédemment, à part les études de médecine, le parcours universitaire était de quatre (4) années. Ainsi, les étudiants faisaient 4 ans d’études supérieures pour obtenir le diplôme de maîtrise (l’équivalent d’un master 1). Si toutefois, ils n’échouaient pas. Mais depuis l’instauration du système LMD qui est – un réel échec d’ailleurs – désormais le parcours universitaire gratuit, est de 3 ans ! C’est-à-dire que les étudiants ne peuvent pas continuer leurs études gratuitement après l’obtention de la licence. Donc, le principe de l’école gratuite pour tous est bafouée. Les étudiants sont catégorisés.

Cependant, ce ne sont pas les parents de tous les étudiants qui peuvent assurer la poursuite des études de leurs enfants en payant les frais d’inscription pour des masters qui coûtent excessivement chers (à des coûts de millions). Du coup, un grand nombre d’étudiants abandonnent leurs études après l’obtention de la licence malgré la volonté dont ils sont animés.

Par ailleurs, pour décrocher un emploi que ce soit dans l’administration publique et/ou dans le privé, il est demandé aux candidats d’être au minimum, titulaires d’un diplôme de maîtrise. Du coup, ils ne trouveront du travail avec une licence non professionnelle. Ainsi, ne pouvant pas poursuivre leurs études pour obtenir un master – et ne pouvant trouver du travail avec la licence obtenue – ces jeunes se retrouvent de facto au chômage. Alors, voyant leur avenir compromis et hypothéqué, bon nombre d’entre eux, prennent le chemin périlleux de l’exil en traversant le désert et la Méditerranée, avec tous les risques que cela comporte dans le but de construire un avenir meilleur.

Bizarrement, tout ce processus est mis en œuvre dans le regard indifférent et/ou complice des parents d’élèves et des étudiants. Et quand des mouvements sociaux naissent pour revendiquer des droits et/ou pour exiger l’amélioration des conditions de vie des citoyens, d’aucuns pensent naïvement que ces acteurs-là luttent pour des fins personnelles. C’est vrai que c’est le cas pour certains, mais est-ce motif valable pour rester dans l’indifférence et dans la résignation ? Non. Chacun à sa manière, doit agir pour accompagner les mouvements sociaux dans l’intérêt de tous et du pays !

« Tant vaut l’école, tant vaut la nation ! »

« Tant l’école, tant vaut l’encadreur ! »



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