J’ai été cireur de chaussures : J’ai exercé ce métier parce que ma mère me disait « Soit comme un fils peulh ; il se bat pour vivre dignement et mériter sa vie. »

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J’aime le vendeur de torches, le cireur de chaussures, le vendeur de moutons, etc. J’ai été cireur de chaussures à Kissidougou devant la cour de mon grand-père maternel au quartier TP. Il était un notable et à l’abri du besoin. J’ai exercé ce métier parce que ma mère me disait  « Soit comme un fils peulh ; il se bat pour vivre dignement et mériter sa vie. »

J’ai été berger, parce que nous avions assez de moutons et chèvres ; mon père voulait que nous nous occupions d’eux. Nous les sortions de leur maison au mur borgne, les attachions aux piquets.

J’ai vendu des sachets et des gadgets au marché de Guéckédou. Mes parents avaient de quoi nous nourrir. Je n’ai pas eu une enfance morose .Mes parents m’ont appris à me battre et ne rien mendier : ni faveur, ni argent, ni amour. Ils veillaient à ce que nous ayons les enfants peulhs pour émules.  »Ils étudient avec ferveur et ont une éducation exemplaire  », nous disaient-ils. L’éducation peulh était un référentiel pour mes parents :la pudeur, la patience , la persévérance, la crainte révérencielle , le courage , l’amour du travail .

J’aime le cireur de chaussures. Il sort le matin avec un objectif : cirer le maximum de chaussures et faire autant d’argent. C’est un gagne-petit. Il sait épargner. Il sait réfréner ses passions, il sait faire la part de l’urgent et de l’important. Il n’a pas l’obsession de se faire valider. Il remercie le ciel pour ce qu’il gagne et cultive la gratitude. Il n’est pas sans ambitions, seulement il est patient. Il sait que les grandes choses s’accomplissent avec le temps, alors il persévère. Des anciens cireurs devenus grands commerçants, contributeurs à l’économie nationale, nous en avons tant et plus dans ce pays. Ceux qui n’ont pas leurs parcours enviables et élogieux et qui, à un âge tardif, veulent faire fortune grâce aux décrets présidentiels devraient se garder de plaindre leur manque d’instruction qui n’a été en rien un handicap à leur réussite. Les plus instruits de ce pays ne sont pas parmi les plus justes, la plupart n’a pas créé d’entreprises de succès, mais pioche dans les caisses de l’État. Comment peut-on envier leurs instructions qui n’a pas une utilité sociale apparente

J’aime ceux qui vivent de la sueur de leurs faces, j’ai un grand respect pour eux. Être un vendeur de montres, de torches, du bétail, du lait, n’est pas un métier qui déchoit. Le travail ennoblit et ceux qui exercent leur métier avec honnêteté doivent s’enorgueillir de leurs œuvres. Ceux qui plaignent le vendeur de bétail se trouvent un complexe de supériorité qui cache non pas leur haine, mais leur obsession. Le peulh les fascine, obsède et hante. C’est comme s’ils disaient à Dieu : Pourquoi ne m’avez-vous pas faire naître peulh ?

Soyez fiers de qui vous êtes, vous n’avez pas à vous excuser d’être des héritiers d’une culture millénaire aux valeurs fécondantes et qui enrichit notre diversité nationale.

Une inspiration de Sanoh Ibrahima



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