Mariage forcé et précoce : On se trompe de cible,les vrais responsables sont des hommes

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Mariage précoce et de mariage forcé, sont aujourd’hui deux fléaux qui gangrènent notre société. Et  ces pratiques sont devenues monnaies courantes. Quant à leurs origines, les avis sont partagés, certains les attribuent à la religion, d’autres à la tradition. Sans vouloir trancher sur ce débat, nous allons ici démontrer comment les hommes sont-ils les principaux responsables de ces pratiques.

On se trompe de cible 

Il y a beaucoup d’acteurs qui agissent pour lutter contre ces fléaux et bien d’autres pratiques de ce genre à éradiquer dans notre société. Certes, ils sont à féliciter mais lorsqu’on voit ce qui se passe, on se rend compte qu’il y a beaucoup de chemin à parcourir.

Le constat qu’on peut faire d’entrée, est que l’ensemble des actions qui sont menées par ceux qui agissent pour lutter contre le mariage forcé et le mariage précoce sont des actions orientées vers les filles. Ils veulent sensibiliser les filles, ils veulent émanciper les filles. Pour moi, c’est là qu’il y a un problème, c’est là qu’on se trompe de cible.

Au contraire, il faut sensibiliser les hommes, il faut émanciper les hommes. L’existence et la perpétuation du mariage précoce et forcé relève quasi uniquement de la responsabilité des hommes.  Ce sont eux les responsables. Pas des filles qu’on essaye de sensibiliser.

Dans l’histoire des mariages forcés et précoces, les filles sont des victimes. Même les mots utilisés le disent. Quand on parle de « mariage forcé », c’est-à-dire qu’une personne a été forcée et malheureusement c’est souvent la fille, donc elle est impuissante face à ce qu’elle traverse. Quand on prend le « mariage précoce » aussi c’est-à-dire que la fille n’a pas la maturité nécessaire ou l’âge requis pour comprendre ce qui se passe et décider par elle-même.

Des petites responsabilités partagées

Donc lorsqu’on regarde le poids de ceux qui poussent les filles vers les mariages forcés et précoces, on se rend compte que la responsabilité des filles qui subissent cela est quasiment nulle, elles ne l’ont pas cherché et souvent ne peuvent rien faire pour l’éviter. Leur responsabilité et leur capacité à éviter cette fatalité qui leur tombe dessus sont quasiment nulles. Sensibiliser les filles qui sont des victimes et les émanciper pour cela, c’est comme aller au tribunal et gronder les victimes et laisser les responsables. Si on veut attribuer des responsabilités imaginées, les filles n’auront que 2%.

Après on a la responsabilité de ceux qui donnent les filles et ceux qui célèbrent ce type de mariage. C’est là qu’on retrouve les parents mais surtout les tuteurs parce que ce sont rarement les parents directs des filles qui les mènent dans des mariages forcés et précoces. On retrouve ici la grande responsabilité des autorités religieuses qui célèbrent les mariages et qui doivent arrêter ce genre de pratique. Nous retrouvons, dans une moindre mesure, la petite responsabilité des autorités civiles parce que, pour ce type de mariage, notamment le mariage précoce, il n’y a pas de signature à la mairie, donc l’Etat n’est pas au courant et ne pourrait être tenu pour responsable à part entière. A ces acteurs, on pourrait  attribuer 18% de responsabilité. 

Les vrais responsables : les hommes

Après ces petites parts de responsabilité, on a la grosse responsabilité qui revient aux hommes. Donc comme je disais, l’existence même et la perpétuation de ce type de mariage relèvent quasi uniquement de la responsabilité des hommes qui épousent des mineures et qui épousent de force des femmes qui ne leur ont pas avoué leur amour ni leur volonté de se marier avec eux.  On pourrait leur apporter 80% de responsabilité. 

Ça parait assez improbable pour les gens qui considèrent que le mariage réunit deux personnes qui s’entraident, évoluent ensemble et surtout qui s’aiment, mais les mariages précoce et forcé sont une réalité, malheureusement. Je pense donc que si on arrive à sensibiliser les hommes, à les émanciper de cette pratique, on pourra facilement éradiquer ces fléaux.

Une analyse de Mohamed lamine Diawara



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