Le chercheur Saïkou BALDE nous dit tout sur son nouvel ouvrage, la transition et les élections à venir ( INTERVIEW)

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Après la parution de son second ouvrage, le chercheur, politologue et directeur du CERF-GUINEE Saïkou Oumar Baldé s’est confié à notre rédaction. Au cours de l’entretien, monsieur Baldé a touché du doigt plusieurs thématiques. Il a d’abord parlé de son nouvel ouvrage intitulé » Dictionnaire des partis politiques en république de Guinée » un ouvrage qui répertorie non seulement l’ensemble des partis politiques depuis 1991, mais aussi qui retrace leur historicité et les choix idéologiques. Il a ensuite abordé la problématique de la transition en cours en Guinée et surtout le type d’institution électorale pour le pays.
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Guinée Nondi: Bonjour Monsieur Baldé
Saïkou BALDE: Bonjour Monsieur Camara, bonjour Guinée Nondi
1-Vous venez de sortir votre ouvrage intitulé « dictionnaire des partis politiques en République de Guinée », de quoi parlez-vous dans ce livre, quelles sont les grandes thématiques abordées dans ce nouvel ouvrage ?


Le « Dictionnaire des partis politiques en République de Guinée » est un ouvrage qui répertorie l’ensemble des partis politiques en République de Guinée. Depuis 1991, la Guinée a opté pour le multipartisme et cette avancée majeure a permis de garantir, en théorie, la liberté et l’égalité politique. Cependant, nous assistons depuis plusieurs décennies à une multiplication incontrôlée de partis dans le pays. Ce dictionnaire se veut donc comme un outil au service des chercheurs, étudiants, observateurs électoraux, acteurs politiques et citoyens. Il aborde environ 200 partis politiques avec un vaste panorama du pluralisme partisan. Cette première édition permet de comprendre (dans certains cas) l’historicité, les choix idéologiques, les offres politiques, les trajectoires des leaders et parfois les transformations ou disparitions des partis politiques.

Juste avant la sortie de cet ouvrage, vous avez coordonné avec d’autres chercheurs une autre étude qui a abouti à la publication d’un livre, quels étaient les grands sujets traités dans ce livre ?


Effectivement, le 28 février dernier, nous avons publié un ouvrage intitulé « Quelles perspectives pour les processus électoraux en République de Guinée ? », ouvrage que j’ai dirigé avec Mathieu Mérino qui est chercheur associé à la Fondation pour la Recherche stratégique (FRS), paru chez les éditions du Panthéon. Cet ouvrage est l’aboutissement d’un projet lancé en février 2022. Il regroupe des articles de chercheurs, les résultats d’une étude sur les processus électoraux en Guinée et les conclusions d’un colloque organisé à Conakry en mai 2022. L’ouvrage expose à travers ces différents travaux les principales questions inhérentes à l’organisation des prochaines élections de sortie de transition en Guinée avec un ensemble de recommandations.

Vous êtes politologue, quel regard portez-vous sur la transition en cours en Guinée ?


Si l’on s’en tient au discours du 5 septembre 2021 du Colonel Doumbouya, on s’aperçoit qu’il y a eu des avancées, mais le chemin est encore très long et la transition reste fragile. Il n’y a pas de visibilité sur le suivi du calendrier de la transition (avec très peu de communication de la part des autorités de la transition) et la situation sur les droits de l’homme reste encore un grand défi pour les autorités de la transition. Il appartient aux autorités de tout mettre en œuvre pour promouvoir le dialogue entre tous les acteurs politiques et sociaux du pays pour permettre à la Guinée de sortir de cette période d’exception. Cette première rencontre qui se tient d’ailleurs aujourd’hui entre le gouvernement, les forces vives et les autorités religieuses est à encourager.

Vous êtes spécialiste des questions électorales, et la finalité de toute transition est l’organisation des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel. Selon vous, il faut quel type d’institution électorale pour la Guinée ?
Dans un article que j’ai publié en 2019 à la FRS après l’adoption de la loi organique L/2018/044/AN du 5 juillet 2018, article intitulé Administration électorale en Guinée : une réforme impossible ? Je reviens sur la politisation et l’instrumentalisation de l’administration électorale guinéenne avant de proposer un modèle d’administration électorale pour la Guinée. Une proposition qui est appuyée par les récents travaux publiés dans l’ouvrage « Quelles perspectives pour les processus électoraux en République de Guinée ». Une vraie réforme de l’institution électorale passe nécessairement par la création d’une commission technique avec le rejet de toute configuration politique de l’organe central et de ses démembrements, limitant la responsabilité des partis politiques au rôle d’observateurs. La réussite de la gestion des élections au Ghana pourrait être ici une source d’inspiration pour la Guinée si elle entend réellement se réformer.
La Commission électorale, au Ghana, dispose d’une totale indépendance grâce à sa composition apolitique et à son autonomie administrative. Ses membres sont choisis pour leur intégrité et leur maîtrise de la conduite des élections. Le Ghana a choisi un modèle d’experts non partisans qui est aujourd’hui le modèle le plus abouti en Afrique de l’Ouest.
Il faut donc un modèle d’administration technique et complètement apolitique dont les membres sont choisis sur la base de leurs compétences, intégrités et connaissances des processus électoraux et non sur la base d’une affiliation à des entités politiques.

Quel est votre dernier mot ?


Je saisis cette occasion que vous me tendez pour inviter les chercheurs guinéens à continuer la production et réfléchir sur notre société. Qui sommes-nous ? Que voulons-nous ? où allons-nous ? Comment devons-nous y aller ? Si vous regardez l’étendue du terrain de recherche qui est encore inexploré, vous vous rendez compte de la masse énorme de travail qui attend les chercheurs. Une situation qui explique certaines difficultés que nous avons dans beaucoup de domaines.
Entretien réalisé par Sonny Camara



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