Chronique de la transition, N° 13​: Répétition générale

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D’une certaine manière, on peut dire que la transition rentre tout doucement dans une zone de turbulence dont les secousses rappellent la réalité de l’exercice du pouvoir à une junte en quête d’inspiration pour se relancer dans l’opinion.

L’absence du Premier ministre « pour contrôle médical » en Italie semble avoir été intégrée par les guinéens comme étant le signe d’un départ définitif soigneusement négocié entre l’intéressé et le CNRD. Les rumeurs d’un retour imminent du Premier ministre se font pourtant entendre çà et là.

Le sort du Premier ministre, Mohamed Béavogui, ne changera pas grand-chose à la réalité de la transition. Il faut reconnaître qu’il n’a pas marqué les esprits par son indépendance ou encore par sa grande proximité avec le peuple.

Cela dit, l’une des premières secousses de la semaine est apparue avec l’arrestation de Monsieur Abdoulaye Sow, secrétaire général de la FESABAG (principal syndicat du secteur financier guinéen) pour outrage à magistrat. 

L’arrestation du leader syndicaliste eut pour effet le déclenchement d’une grève générale des banques dès le 14 juillet. Mouvement qui s’est traduit par une contraction de l’activité économique du pays. Finalement, l’incompréhension et l’agacement d’une bonne partie de l’opinion, à la fois face à l’inertie des autorités et au mépris des banques pour leurs clients, ont suffi à un dénouement heureux le 22 juillet avec la libération du Sieur Sow.

L’arrestation d’Abdoulaye Sow avait été justifiée par les propos du syndicaliste consécutifs à la condamnation de deux établissements financiers, Ecobank et Afriland First Bank, dans des litiges les opposant à des hommes d’affaires locaux. Le leader syndicaliste avait estimé que les jugements intervenus étaient le fait de magistrats véreux. 

Les autorités de la transition semblent néanmoins avoir désamorcé la crise en s’investissant activement pour une solution négociée dont on ignore encore l’issue définitive. Quant à la FESABAG, son image semble avoir pris un coup aux yeux de l’opinion, victime directe de ce débrayage.

Par contre, une information semble avoir été occultée par la proclamation des résultats catastrophiques du Baccalauréat. En effet, le lundi 18 juillet 2022, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour Dakar dans le cadre d’une rencontre sous-régionale des acteurs de la société civile, Foniké Menguè a été empêché par la police de l’Air de prendre son vol. Cette restriction faite au coordinateur national du Front pour la Défense de la Constitution (FNDC), sans aucune motivation officielle, a fait resurgir le souvenir des pratiques liberticides des années Alpha Condé où le droit de voyager de certains citoyens dépendait de l’humeur du locataire de Sékhoutoureya. Une façon de faire du Alpha Condé sans Alpha Condé en renouant avec des pratiques d’un autre âge dénoncées hier par le Colonel Mamadi Doumbouya lors de son allocution de prise de pouvoir.

L’épisode de l’interpellation musclée du même Foniké Menguè en compagnie de deux autres de ses camarades, début juillet 2022, lors d’une conférence de presse au siège du mouvement, montre à suffisance qu’un bras de fer est en train de naître entre le CNRD et le FNDC. Visiblement, l’histoire d’amour impossible entre le FNDC et le pouvoir du 5 septembre ne fait que commencer. Les T-shirts rouges étant déterminés à faire plier une junte qui a tout de même échoué à obtenir l’autodissolution de l’encombrant FNDC.

Le mardi 19 juillet 2022, l’ancien président du Benin, Thomas Yayi Boni, émissaire de la CEDEAO et médiateur de la crise guinéenne, arrivait à Conakry dans le cadre de sa mission devant faire aboutir le dialogue inter-guinéen. Même si rien n’a encore filtré des entretiens de Yayi Boni avec les autorités de la transition, on ne peut se faire d’illusion quant à une avancée notable des pourparlers en cours, ce d’autant plus que le médiateur n’a, durant son séjour, nullement rencontré les acteurs politiques et ceux de la société civile.

Si la photo de Yayi Boni avec « Grand P » a fait dire à certains observateurs que les autorités de la transition ont accordé tellement peu d’importance à la médiation de l’émissaire de la CEDEAO, qu’ils se sont faits représenter par la « mascotte du pays ». L’histoire retiendra que l’accueil réservé à l’ancien président béninois n’a pas été des plus chaleureux.

Le lendemain, le 20 juillet 2022, Monsieur Umaro Sissoco Emballo, président de la Guinée-Bissau et nouveau président de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, ainsi que Monsieur Omar Aliou Touré, président de la commission de ladite Institution, ont fait le déplacement à Conakry. 

Contrairement à Thomas Yayi Boni, reçu à son arrivée par des personnalités de second plan, c’est le président de la transition lui-même, accompagné de son Premier ministre par intérim, du ministre secrétaire général à la présidence, du chef d’état-major de la gendarmerie nationale et de c



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