Enquête Fria : -SEINTA, Une société fantôme qui exploite les travailleurs de l’usine

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 A la reprise des activités de l’usine en 2018, les travailleurs de Fria découvrent la société SEINTA, une société de gardiennage selon nos premières enquêtes, et qui désormais a la charge d’assurer l’intérim entre RUSAL et les travailleurs. Ce fut le début d’un calvaire indescriptible.

Lisez un extrait de notre enquête de terrain

L’enquête de  terrain a révélé que les conditions de travail depuis la reprise des activités sont déplorables. Des salaires très bas, des avantages quasi-inexistants. Pas de bulletins de salaires, pas de revendications,  pas d’indemnités de transports, pas de prise en charge médicale, pas de congés payés ni autres primes liées par exemple à la pénibilité du travail.  Ces faits sont illustratifs  du calvaire que traversent les salariés de Kimbo depuis la reprise. Ici, les conditions de travail ou d’exploitation dirais-je, sont extrêmement difficiles. Ce qui laisse penser que l’on vit dans une sorte de « jungle industrielle » où les travailleurs sont devenus de proies faciles pour leurs employeurs (RUSAL et SEINTA). Autrement dit, le gangstérisme économique mise en place par les sociétés de RUSAL et SEINTA plonge les travailleurs  de l’Usine ainsi que toute la ville de Kimbo dans une dépendance perpétuelle et indescriptible.

Interrogé par notre rédaction, ce cadre de l’usine témoigne.  » Mon ami depuis l’ouverture de l’usine et le passage du président qui avait menacé de mettre en prison tout travailleur qui revendiquerait, nous sommes dévoués la proie des Russes. Comme si cela ne suffisait pas, on nous envoie la société SEINTA pour assurer l’intérim. Aujourd’hui, on est très mal payé. Depuis la reprise, on travaille plus pour gagner deux moins par  rapport à nos salaires d’avant la fermeture. Par exemple moi, je gagnais comme salaire de base  4 millions fort avant la crise, et je travaillais 5 jours-/7.  Aujourd’hui, je suis payé aux taux horaires de 11.252GNF et je travaille 8 heures /jour  et 6 jours par semaines. On nous paie chaque quinzaine ce qui fait 1080.192 GNF chaque deux semaines et  donc je gagne 2.160.384 GNF chaque mois. Imaginer cela pour un père de famille, mais tu es obligé d’accepter ou bien tu prends la porte. Ce qui est aussi déplorable, nos contrats sont mensuels alors que nous étions en CDI avec RUSSAL. Aujourd’hui, on est obligé de signer avec SEINTA chaque, et depuis la reprise, on a presque signé une trentaine contrats. C’est du jamais vu en termes de code de travail  » déplore ce  travailleur qui a requis l’anonymat.

Ces faits sont révélateurs d’une situation chaotique sans précèdent et qui laisse les travailleurs sans défense face une multinationale puissante et de la méchanceté de certains cadres guinéens qui ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes. Le système d’exploitation mise en place la société SEINTA, permet de gagner des milliards de GNF sur le dos des travailleurs.

Pendant l’enquête de terrain, nous n’avons pas  pu interroger les représentants de SEINTA  afin de déterminer la nature du contrat entre RUSSAL et SEINTA et surtout la rémunération brute par taux horaires. Toutefois, nous avons essayé de faire plusieurs simulations pour déterminer l’ampleur de la magouille

En partant de l’hypothèse selon laquelle la société SEINTA gagnerait 200.000 sur chaque travailleur, cela signifie qu’elle gagnerait plus de 3 milliards sur le dos des 1500 salariés chaque année. Et si le gain est de 300.000, la société SEINTA empochera plus 5 milliards/An sans pourtant fournir assez d’efforts.

Pourtant, sur les bases de nos recherches, SEINTA est une société fantôme qui n’existe que sur le papier.  Aucun travailleur n’était capable d’identifié la société SEINTA durant notre enquête.  Elle ne dispose aucun siège à Fria ni à Conakry. Le seul renseignement est l’agrément de la société qui figure sur le contrat de travail.  Toutefois, nous avons remarqué que sur ce contrat, il n’existe ni adresse, ni boite postale, ni siège, ni numéro de téléphone, ni adresse mail.  Bref SEINTA  est introuvable sur le territoire national, pourtant une société qui exploite plus de 1000 salariés.

 Pire encore, avant notre enquête, nos confrères de Guinée News avaient fait le même constat. Dans une enquête publiée le 19 Février 2019 Louis Célestin disait : « Malheureusement, SEINTA est introuvable en République de Guinée. Il n’y a aucune trace dans les registres de l’APIP ni à la chambre de commerce de Guinée. Nos recherches du siège de cette SEINTA ou un de ses représentants se sont également avérées infructueuses. Seulement on nous a laissé entendre que le responsable payeur ne pointe le nez à l’usine qu’après deux semaines. Sieur Kegni Sylla, c’est son nom, une fois à Fria, se presse de quitter l’usine sur la pointe des pieds après la paie » avait-il dénoncé

Ces faits démontrent le laxisme avec lequel certaines situations  de grandes importances sont traitées dans notre pays. C’est pourquoi, tous les travailleurs demandent le départ de la société SEINTA et veulent retrouver leurs anciens statuts de RUSSAL. C’est pourquoi, ils interpellent tous les nouvelles autorités à régler au plus vite cet imbroglio socio-économique.

Durant l’enquête de terrain, tous les enquêtés ont affirmé que les anciens dignitaires du régime Alpha étaient derrière la société SEINTA même si l’information reste à vérifier. Toutefois, ce qui est clair, cette société fantôme a longtemps bénéficié des largesses du pouvoir pendant les 3 ans depuis la reprise des activités. Bref, elle a bénéficié de la complicité des hauts cadres de l’état pour coloniser les travailleurs de l’usine.

A qui appartient la Société SEINTA ?  Pourquoi elle joue le rôle d’intermédiaire à Fria ? Pourquoi cette société est-elle introuvable sur le territoire Guinée ?  Comment RUSSAL a pris le contrôle de cette usine ? Sont autant de questions que nous tenterons de répondre dans nos prochaines enquêtes sur Fria.

Extrait enquête réalisée par Sonny Kandimba Camara

Voici un exemple du contrat de travail de SEINTA



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