Filière ananas en Guinée: Fatoumata Cissoko et le pari réussi de la transformation

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Dans le monde, environ 80% des ananas produits sont absorbés par le marché de la transformation, un secteur encore balbutiant en Guinée, mais dont le développement pourrait résoudre une partie du problème des pertes post-récoltes. Rencontre avec une jeune entrepreneuse qui s’est lancée dans la transformation de mangues et d’ananas.

Lorsque Fatoumata Cissoko lance en 2013 les établissements « Fatou et Kadija », un atelier de séchage de fruits, elle n’a que 250 dollars en poche et sa détermination. « À la fin de mes études, je suis venue à la plantation pour aider ma mère, et la première chose que j’ai remarquée, est qu’elle perdait beaucoup de produits », se souvient-elle.

Des pertes qui pouvaient atteindre 20 % de la production, selon elle, « parce qu’on n’a pas développé de système de conservation, que le marché local, à lui seul ne peut absorber toute la production, en enfin parce qu’à l’export, avec cette période crise, ce n’est pas très facile. »

Les étapes de la transformation de l’ananas

Fatoumata Cissoko nous explique le procédé de transformation des ananas qu’elle a mis au point. « Après la récolte, nous faisons un tri, après le tri, ils passent au lavage. Après nous épluchons et découpons en fines tranches », montre-t-elle.

Des tranches ni trop épaisses, ni trop fines, pour ne pas se casser. L’ananas est ensuite placé dans le séchoir électrique, un don de la Banque mondiale. « Les valves reçoivent de l’air et cela chauffe le séchoir. Comme nous sommes en Guinée et que l’électricité n’est pas très stable, nous sommes en train de mettre en place une installation solaire », indique Fatoumata Cissoko.

L’installation ressemble à une grande serre. La température intérieure avoisine les soixante degrés avec une délicieuse odeur de gâteau à l’ananas qui vous met l’eau à la bouche. « Cette installation reçoit 300 kilos d’ananas frais par jour. Pendant que le séchoir électrique a une capacité de deux à trois tonnes. Alors lui, c’est pour des petites quantités, mais c’est l’idéal pour des petits producteurs qui veulent juste sécher l’excédent de production », dit-elle.

Un chiffre d’affaires annuel de 15 000 à 20 000 euros

Sur un système d’étagères, les tranches d’ananas réparties sur des clefs seront prêtes en 2 jours, sans rien perdre de leur valeur nutritionnelle. Ils peuvent ainsi se conserver plus d’un an sans additif ni conservateur. « Les fruits séchés sont très prisés en Occident, et la demande est forte aussi au niveau de l’Afrique du Nord. Comme notre Baronne est de bonne qualité, cela fait que les gens sont tentés de consommer l’ananas séché », assure Fatoumata Cissoko.

La boîte de 100 grammes et vendue l’équivalent de 2,5 dollars dans les stations-service, boutiques et supermarchés. Un prix très élevé pour le marché guinéen. Mais Fatoumata Cissoko assure qu’elle dégage un chiffre d’affaires annuel de 15 à 20 000 euros et fait travailler une vingtaine de personnes dans ce secteur en pleine expansion. Une usine de jus de fruits vient même de s’installer dans la zone.

Avec RFI



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