Guinée : L’interdiction de la commercialisation de la Chicha serait-elle une bonne décision ?

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Selon une décision prise conjointement par les ministres de la sécurité, du commerce et du budget, « Il est interdit à compter du 4 janvier 2021 et jusqu’à nouvel ordre, l’importation, la distribution et la commercialisation de la Chicha sur toute l’étendue du territoire ».

Cette interdiction serait-elle une bonne décision ? Au regard du danger de ce phénomène sur la santé des consommateurs, son interdiction serait salutaire.

Il y a deux ans, dans une publication du 14 Septembre 2018, notre rédaction attirait l’attention de ses lecteurs sur les dangers de la chicha.

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Tirer la chicha est devenu un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années en Guinée et principalement à Conakry, les bars à chicha se sont multipliés en dépit du danger lié à  cette consommation.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « de par le monde, plus de cent millions de personnes fument la chicha. Probablement sans imaginer qu’une session de narguilé équivaut à quarante cigarettes ».

Par ailleurs,   les travaux du professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l’hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, «  révèlent qu’un fumeur de chicha inhale à peu près 750 ml de fumée à chaque bouffée, soit l’équivalent d’une cigarette entière. De plus, contrairement à ce que pensent la majorité des jeunes fumeurs de narguilé (souvent non-fumeurs par ailleurs), l’eau ne filtre pas les particules de goudron. Son rôle serait beaucoup plus sournois puisqu’elle refroidit la fumée et permet une inhalation plus longue, plus profonde et donc plus nocive. Autre particularité de la chicha : la combustion au charbon. Ce mode de combustion, moins complet, génère une entrée massive de monoxyde de carbone (CO, gaz toxique) et de goudron dans les poumons. De tous les modes de consommation du tabac, la chicha est celui qui produit le taux de CO le plus élevé. Un narguilé produit un taux de CO équivalent à la consommation d’un à deux paquets de cigarettes. Dans les cafés-narguilé, le taux de monoxyde de carbone en suspension dans l’air ambiant dépasse largement le niveau d’alerte. »

Selon la même étude, Un consommateur de chicha serait plus exposé aux dangers qu’un fumeur de cigarette, en ce sens qu’un consommateur «  inhale 125 fois plus de fumée au cours d’une session chicha que lorsqu’il fume une cigarette, mais aussi 25 fois plus de goudron et dix fois plus de monoxyde de carbone ».

Les faits décrits plus haut mettent en relief les dangers liés à la consommation de la chicha et  à ce rythme-là, ses conséquences  deviendront un véritable problème de santé publique dans notre pays. Pour mesurer l’ampleur du phénomène, notre rédaction a tendu son micro, à certains consommateurs de la chicha rencontrés dans les bars de nuit de Conakry.

Aicha 19 ans ( kaloum) « oui, j’ai appris que la chicha est plus dangereuse que la cigarette, mais moi j’aime bien tirer la chicha, à part faire l’amour, c’est la chose que j’aime de plus ».

Maurice 27 ans(Dixinn) «  j’ai découvert la chicha il y a deux ans, mais depuis je ne me sépare jamais. J’ai même acheté tout le matériel et l’ai apporté à la maison, donc tous les weekends, on fait des tours entre amis ». A noter que les plus  grands consommateurs en Guinée seraient  des personnes âgées  de 18-30 ans, et particulièrement des filles.

Pourtant, selon une publication du site Guinée Matin  du 19 Janvier 2017,  la vente et la consommation de la chicha seraient interdites en Guinée par les autorités compétentes. Alors pourquoi la pratique persiste ? En attendant, la chicha continue de faire des dégâts sur la santé des jeunes guinéens.

L’on a se rend compte que l’état n’est pas à sa première interdiction pour la chicha. Cette fois-ci, les décisions seront-elles respectées ? Rien n’est moins sur



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