« Lorsqu’on enlève aux citoyens le droit de manifester, on étouffe toute velléité de contestation et de revendication » Dixit maitre Mohamed Traoré

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Dans tous les pays démocratiques, les manifestations de rue font partie des moyens d’expression des partis politiques et des citoyens de manière générale. Ce qui explique d’ailleurs la consécration par le constituant du droit de manifester. Mais en Guinée, le pouvoir a réussi le tour de force de présenter ce droit comme contraire à la paix et à la stabilité. Les manifestants qui exercent un droit fondamental sont perçus aujourd’hui comme de vulgaires malfrats, des délinquants que l’on peut arrêter et embastiller sans devoir rendre compte à qui que ce soit.

Lorsqu’on enlève aux citoyens le droit de manifester, on étouffe toute velléité de contestation et de revendication. Or, une démocratie sans possibilité de contestation ou de revendication n’en est pas une. Ce que certains qualifient ironiquement  » d’activisme dans la rue » en parlant des manifestations fait partie du jeu démocratique. C’est pourquoi, l’État, en plus de discréditer les manifestations, a opté pour une répression dans le sang de toute manifestation organisée par l’opposition ou des groupe de citoyens. Mais il ne s’est pas limité là. En plus, il a élaboré, comme stratégie de communication, le déni, la négation de sa responsabilité dans les morts d’hommes qui surviennent lors des manifestations.

Le combat que doivent mener aujourd’hui les démocrates est, d’une part, de contrecarrer cette communication tendancieuse et, d’autre part, d’entreprendre toutes les démarches nécessaires pour que des actions judiciaires soient engagées comme les auteurs de crimes pendant les manifestations.

En effet, il est inadmissible que la thèse  » de manifestants qui tirent les uns sur les autres » puissent se développer au sein de l’opinion dans le but d’occulter la responsabilité de l’État. Il est clair que dans le contexte actuel, on ne peut compter sur la justice interne. C’est pourquoi, il faut envisager la saisine de la justice internationale. Parallèlement aux actions judiciaires devant les juridictions internationales, il faut réfléchir sur un mécanisme permettant d’inquiéter dans les pays où ils séjournent souvent, les acteurs de la répression. Il faut qu’en se promenant dans ces pays, ils aient la peur au ventre. Il ne s’agit pas de s’en prendre à eux physiquement ou aux membres de leurs familles, mais d’user de moyens légaux pour qu’ils soient placés devant leur responsabilité dans ces pays.

Tout régime qui n’hésite pas à tuer des citoyens, devient  » fort ». Il est donc indispensable pour la survie de la démocratie, que les hommes et femmes qui agissent au nom de l’État notamment dans le maintien ou le rétablissement de l’ordre sachent que tout n’est pas permis. Même dans une guerre contre des troupes ennemies, tout n’est pas permis à plus forte raison dans une opération de maintien d’ordre. Et pour que cela soit intégré, ceux qui se rendent coupables d’exactions sur des citoyens doivent à tout prix répondre de leurs actes. C’est ce qui permet de garantir la non répétition de ces actes.



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