Le conseil supérieur de la Diaspora Forestière attire l’attention des autorités sur l’imminence de nouvelles violences à N’Zérékoré

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Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) tient à attirer l’attention nationale et internationale quant à l’imminence d’une nouvelle violence dans la ville de N’Zérékoré et ses banlieues.

Pour rappel, les évènements survenus à N’Zérékoré, après le double scrutin du 22 mars 2020, y ont laissé un traumatisme psychologique évident. En effet, les témoignages de citoyens  et les rapports d’organisations de la société civile l’ont prouvé à suffisance : massacre et inhumation de corps dans une fosse commune, dégâts matériels énormes…

Pire, le Gouvernement s’y est livré à des exactions visant spécifiquement une frange ethno-régionale. Par exemple, des 42 déportés à la prison civile de Kankan 99% sont des autochtones de la Guinée Forestière. Les patronymes de ces détenus en font évidemment foi.

Pendant que le CSDF console les familles endeuillées, des sources concordantes rapportent la présence suspecte d’étrangers dans les quartiers de N’Zérékoré, comme Kwuitè-ya-poulou et Dorota. Ces personnes, non-identifiées, tiendraient secrètement des réunions nocturnes….

A ces rencontres, qui donnent lieu à s’inquiéter, s’ajoute la présence injustifiée de « Donzos » et d’anciens rebelles de l’ULIMO dans la région. Cet état de fait n’est pas propice à la quiétude dans cette cité, bien au contraire. De mémoires récentes, on sait que les unes et les autres de ces milices ont participé aux engagements qui ont ébranlé N’Zérékoré. C’est pourquoi, le CSDF craint que ces rencontres d’étrangers douteux ne soient les signes avant-coureurs d’une autre vague de violence à N’Zérékoré, comme cela a été le cas en 2013 et, récemment, en mars 2020.

Toutefois, il est à noter qu’il n’y a pas d’antagonisme structurel  entre les autochtones et les allogènes de N’Zérékoré. Pour preuve, ces communautés ont vécu ensemble dans une bonne convivialité pendant des décennies. Les récents affrontements sembleraient donc être orchestrés et entretenus par des politiques qui ont leurs mobiles. A ces manipulations sournoises s’ajoute l’approche souvent biaisée des autorités administratives quant à la  gestion des conflits intercommunautaires.

Par exemple, il y a une maxime juridique qui dit que « tout accusé est présumé innocent jusqu’à l’établissement  de charges ». Sur la base de cette logique, il parait évident que les déportés de N’Zérékoré, qui l’ont été sans procédure judiciaire, seraient en fait des innocents. Ce comportement biscornu  confirme l’esprit de partialité de l’autorité dans la gestion de ce dossier.

C’est pourquoi, l’organisation condamne le silence du Premier Magistrat du pays lors des incidents meurtriers survenus à N’Zérékoré et le transfert d’une quarantaine d’autochtones dans la prison de Kankan. Toutefois, le CSDF salue l’esprit de responsabilité d’Etat du Gouvernement, qui demande que les auteurs des bavures policières survenues à  Coyah et Dubréka soient identifiés, et probablement punis.

Il faut retenir que l’acharnement du régime contre les Guinéens, dont notamment ceux de la Guinée Forestière, risque d’induire une instabilité multidimensionnelle dans notre pays. Les conséquences seront imprévisibles et couteuses pour les Guinéens de tout bord politique.

Pour rappel, l’histoire de l’Afrique contemporaine établit que les pouvoirs politiques, qui se sont acharnés contre des ethnies ou des régions, ont souvent créé le chaos dans leur Etats : La répression des Tutsis par le régime Hutus, au Rwanda, aurait été l’un des facteurs ayant causé la mort du Président Juvénal Habyarimana ; en outre, elle a causé le plus grand génocide en Afrique postcoloniale, avec plus de 800.000 Rwandais tués. Les exactions perpétrées par le Président Samuel Doe, du Liberia, contre les Gios ont entrainé sa fin et celle de son régime ; elles ont aussi catalysé la longue guerre civile qui a couté la vie à plus de 300.000 libériens. La répression des Dinguas par le régime de Khartoum, au Soudan, a été l’un des catalyseurs de la sécession  du Sud-Soudan et, par ricochet, de la déchéance d’Omar al-Bashir…

Partant, le CSDF, qui est soucieux de la paix en Guinée, voudrait demander au Gouvernement Guinéen de faire montre de respect et de justice politiques vis-à-vis des peuples du Sud-Guinée. C’est donc dans cette optique que l’organisation l’enjoint à prendre proactivement les dispositions pour parer aux conflits qui se prépareraient à N’Zérékoré. Retenons qu’un affrontement civil, est comme un feu de brousse ; on peut définir la date de son amorce ; mais il est impossible de prédire quand il prendra fin et qu’elle serait son ampleur.

Washington, le 17 mai 2020

Dr. Antoine Akoï Sovogui

Président du CSDF



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