LETTRE OUVERTE À MONSIEUR LE PRÉSIDENT ALPHA CONDÉ : « IL N’EST JAMAIS TROP TARD POUR BIEN FAIRE »

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Monsieur le président, Si c’est seulement maintenant que je vous adresse ces mots depuis le début des manifestations contre le projet de nouvelle constitution et de votre éventuel troisième mandat c’est par ce que je devais m’assurer de ne pas être l’un de ces charlatans qui prétendent lire dans l’esprit des autres et prédire ce qu’ils vont dire ou faire dans l’avenir. Je devais m’assurer de ne pas être le porte-flambeau des revanchards qui ne cherchent qu’à assouvir leur vengeance. Je devais m’assurer d’abord que les intentions qui vous sont prêtées soient réellement les vôtres. Je devais m’assurer, d’abord’ que c’est le peuple de Guinée, fier de sa glorieuse histoire et jaloux de sa liberté, de son unité et de ses acquis en matière de démocratie dont l’alternance pacifique et légale au pouvoir est l’un des symboles essentiels qui réclame son respect et le respect de sa constitution.

Monsieur le président, je ne vous crois pas naturellement mauvais. Dieu n’en a créé aucun qui le soit. Une modification constitutionnelle n’est pas forcément mauvaise, mais pourquoi est-ce que c’est seulement à quelques mois de votre deuxième et dernier mandat que vous vous rendez compte de cette nécessité ?

Pourquoi voulez-vous, Monsieur le président, d’un troisième mandat coûte que coûte ? Pourquoi voulez-vous vous accrocher, mordicus, à cette ʺcorvéeʺ ?

Pourquoi donc la préoccupation du peuple de Guinée, votre peuple, ne vous fait, apparemment, ni chaud ni froid ?

Pourquoi est-ce que ces enfants qui tombent sous les balles de ceux qui devraient les protéger, ces femmes qui meurent en accouchant à la maison par ce qu’elles n’ont pas pu accéder aux hôpitaux à cause de ces manifestations ne vous font pas reculer ?

Pourquoi ne pensez-vous pas aux nombres d’heures, de jours et de mois de cours que perdent les futurs cadres de notre pays à cause de cette pagaille qui y règne.

Ne savez-vous pas qu’un seul jour de grève fait perdre des milliards à l’économie de la Guinée ?

Combien de guinéens, après des années de dur labeur, perdent tous leurs biens et se retrouvent les mains vides obligés de reprendre leur vie à zéro à cause de ces manifestations ?

Monsieur le président, le peuple de Guinée est certain de deux choses :

« Une opposition qui ne mise que sur la défaite du pouvoir en place est un virus pire qu’Ebola ou le Corona » et que « Un pouvoir qui n’écoute pas son peuple est un démon qui fait énormément de ravages mais qui finira, sans aucun doute, par périr. »

Monsieur le président le peuple de Guinée a tellement subi à cause de vous et de votre bande de l’opposition qu’il ne souhaite, aujourd’hui, que trouver un endroit où seul l’ange de la mort pourra vous retrouver le jour-j et de vous y amener vous et votre horde d’opposants.

Ne soyez pas, Monsieur le président, pour le peuple de Guinée cet enfant dont la mère regrette de n’avoir pas avorté !

Ne soyez pas le fouet par lequel les ennemis de la Guinée la châtient !

N’acceptez pas d’être cet unique fils qui permet au diable de perpétuer sa progéniture !

Monsieur le président « un homme qui se gouverne lui-même est plus grand que ceux qui gouvernent le monde entier ! » Pourquoi acceptez-vous d’être pris en otage par ces fous de gloire et de pouvoir sans mérite ?

Pourquoi préférez-vous la satisfaction de la cupidité de quelques personnes au détriment du bonheur de votre peuple ?

Pourquoi acceptez-vous d’être le rempart de ces véreux qui profitent juste de votre nom et de votre statut pour assurer leurs places au dépend des plus méritants ?

Monsieur le président votre statut ne vous permet pas d’avoir de vrais amis. Des profiteurs, ça vous en avez pleinement autour de vous et vous le savez très bien.

Vos seuls vrais amis, aujourd’hui sont mes doigts qui vous écrivent ces vérités et celui/celle qui vous les fera lire. Toutes ces hydres que vous engraissez n’attendent que la première occasion pour vous dévorer. Tous ces faux griots qui font semblant de chanter votre gloire vous tourneront le dos le jour où ils se rendront compte que votre cause est perdue et vous le savez mieux que quiconque. Tous ceux qui vous conseillent de défier votre peuple ne sont pour vous que ce que Haman fut pour le Pharaon. Profitez de la sagesse de votre âge et des fruits de vos expériences. Ne faites pas anéantir des années de combat juste pour le plaisir de quelques ingrats caméléons sans vergogne !

Rendez le peuple de Guinée fier de lui en abandonnant tous ces projets controversés de nouvelle constitution et de troisième mandat il vous pardonnera les erreurs et forfaitures commises au cours de vos deux mandats par vous-même ou en votre nom car ce peuple est très clément et compatissant. J’ai vu des guinéens se fondre en larmes au passage de l’hélicoptère qui ramenait la dépouille du président Lansana Conté chez lui et mes yeux, à moi, rougirent et j’eus le cœur serré par ce que cela me rappela que tout finit par finir.

Monsieur le président vous dites être le Mandela de la Guinée. Alors voici le discours que Nelson Mandela aurait tenu au peuple de Guinée en ce moment s’il était à votre place, occupait les fonctions qui sont les vôtres. Prononcez ce discours publiquement avant qu’il ne soit trop tard, vous deviendrez un véritable Mandela aux yeux des guinéens et du monde entier ! Refusez de prononcer ce discours, vous serez l’Hitler de la Guinée aux yeux des guinéens et du monde entier pour toujours !

Discours

« Mes chers compatriotes, guinéens et guinéennes. Après toute une vie de luttes acharnées que j’ai menées pour que règnent la liberté, la démocratie et la cohésion sociale en Guinée vous m’avez en fin investi des charges les plus exigeantes en 2010 et de cette date à nos jours j’ai fait ce que j’ai pu avec les moyens que vous avez mis à ma disposition pour vous rendre heureux et fiers. Au cours de ces deux mandats, j’avoue avoir fait beaucoup d’erreurs personnellement et beaucoup de forfaitures ont été commises en mon nom. Parmi ces erreurs figurent la proposition de la modification constitutionnelle, dont je reste convaincu de l’utilité mais que j’aurai dû laisser sur la table de mon successeur puis ma volonté de continuer à vous servir au-delà des limites fixées par la constitution actuelle.

Chers compatriotes, votre farouche opposition à ces deux propositions et votre détermination à défendre la légalité, la démocratie et la justice n’ont fait que me rendre fier d’être l’un des vôtres. Vous m’avez montré l’énormité de l’égarement et de la profondeur des erreurs dans lesquelles j’étais.

Mes très chers compatriotes, je prends aujourd’hui l’engagement solennel devant Dieu, devant vous et devant l’histoire de vous rendre l’honneur, le respect et la grandeur que vous m’avez accordés. Je retire immédiatement ma proposition de nouvelle constitution et vous promets de me retirer du pouvoir le 31 Décembre 2020. Cette décision n’est motivée ni par la peur des menaces en l’air des hypocrites qui se croient les gendarmes du monde ni pour consoler une opposition pleurnicheuse. Cette décision est motivée par ma volonté d’essuyer les larmes des guinéens endeuillés par la perte tragique des leurs. De mettre fin aux cris de faim des enfants dont les parents n’arrivent plus à travailler normalement pour les nourrir à cause de ces manifestations. De mettre fin au souci des parents dont les enfants ne vont plus

à l’école. D’empêcher qu’une seule femme de plus ne meurt en accouchant à la maison par ce qu’elle n’a pas pu aller à l’hôpital. De permettre à ces courageux et valeureux guinéens de vaquer librement et en toute sécurité à leurs occupation. De redorer l’image de la Guinée et des guinéens tant au niveau national qu’international. …. Bref, de rendre mon peuple heureux et fier de soi.

Peuple de Guinée, je sais que ta blessure est encore béante. Je sais que les larmes brûlent encore tes joues. Je sais que ta douleur et ta déception sont encore si profonde. Mais je sais aussi que tu es assez fort et assez sage pour te maîtriser et pardonner au moment de ta colère. Je suis ton fils que tu as honoré et grandi et qui t’a blessé dans ta dignité par égarement. Je te présente mes sincères excuses. Ton pardon est plus grand que mes erreurs.

Permets-moi de passer ces dix (10) mois qui restent de mon dernier mandat à réparer mes erreurs, à te redonner confiance et à retisser les liens d’unité et de fraternité entre toutes tes filles et tous tes fils. »

IL N’EST JAMAIS TROP TARD POUR BIEN FAIRE !

QUE DIEU BÉNISSE, GUIDE ET PROTÈGE LES GUINÉENS !

Mamadou Hassimiou Diallo depuis Nouakchott,

Tél : +222 27 31 01 58 E-mail : hassmiou3092017@gmail.com À



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