De la Guinée à Tours, Alkhassane Kaké Makanéra court vers son destin ?

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Arrivé en France l’été dernier, Alkhassane Kaké Makanéra, jeune Guinéen de l’A3 Tours, s’affirme comme un grand espoir du demi-fond. Un parcours hors du commun.

Mardi soir, sa séance d’entraînement se termine dans la froideur du stade de Grandmont, à Tours, mais Alkhassane Kaké Makanéra en réclame encore. Malgré des chronos à faire pâlir de très bons seniors, le garçon n’est pas rassasié ! Son entraîneur Rachid Hamdaoui doit même faire preuve de pédagogie pour freiner sa fougue. À quelques jours des championnats régionaux de cross, ce week-end à Châteauroux, Alkhassane Kaké Makanéra continue de tracer sa route.

Un chemin qui n’a sans doute pas toujours été rose. Au point de fuir son pays, la Guinée-Conakry, il y a neuf mois à l’âge de 15 ans. Après trois mois passés au Maroc, le jeune homme arrive à Tours par hasard l’été dernier : « Je voulais rester en Espagne, mais je ne comprenais pas la langue et puis la Tour Eiffel me faisait rêver, alors j’ai poursuivi jusqu’en France. Mon bus avait comme terminus Tours, voilà comment je suis arrivé ici », explique-t-il. Il passe une nuit en bord de Loire, puis est orienté vers les services du Conseil départemental.

Alors que les démarches administratives suivent leur cours, Alkhassane Kaké Makanéra court au lac de la Bergeonnerie pour tuer le temps : « J’ai toujours aimé courir. En Guinée, j’allais en courant à l’école située à environ 5 km, alors j’ai continué ici. Au lac, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a conseillé d’aller dans un club. » Il repère le stade de Grandmont depuis le bus qui le mène à l’hôpital Trousseau pour un examen médical. Le soir même, il se présente aux responsables de l’A3T, encouragé en cela par les services du Conseil départemental.

Mo Farah est « une idole » pour lui

Pris en main par Tristan Pérignon et Rachid Hamdaoui, les entraîneurs des jeunes demi-fondeurs du club tourangeau, Alkhassane Kaké Makanéra fait ses débuts en compétition officielle en octobre en remportant aisément le 5 km de La Ville-aux-Dames. Depuis, il n’a connu que la première place. Il y a onze jours, il a survolé la course des cadets des championnats départementaux de cross. Entre-temps, il s’était imposé dans cette même catégorie au cross d’Allonnes et au cross de la Chapelle-sur-Erdre, deux épreuves de référence.

« En plus d’une grande force de caractère, il est doté d’une grande qualité de pied et d’une très bonne vitesse terminale », analyse Rachid Hamdaoui. Le coach insiste sur l’intégration sociale, avant tout, de son protégé : « La priorité est qu’il bénéficie d’une formation, l’athlétisme n’est qu’un plus. » Pourtant, son potentiel est immense et il possède déjà le niveau des meilleurs cadets français. « J’aime le cross et la piste. Ce qui compte pour moi c’est le chrono, je veux faire de très gros chrono sur 1.500 m et 3.000 m », indique Alkhassane, très déterminé.

Avant d’aborder les échéances où la concurrence sera plus dense, il devrait de nouveau célébrer sa victoire dimanche à la manière de Mo Farah, le Britannique quadruple champion olympique sur 5.000 et 10.000 m, en formant un cœur avec ses bras. « C’est mon idole, je regarde souvent des vidéos de lui », glisse-t-il comme pour s’inspirer d’un destin qui a aussi vu Mo Farah fuir son pays, la Somalie, avant de connaître la gloire.

Source : www.lanouvellerepublique.fr



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