(ENQUÊTE): L’usage du préservatif est-il le meilleur moyen de lutter contre le sida ? Acte I

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Le préservatif masculin est une fine gaine en latex épaisse de quelques microns qui couvre le pénis en érection et ne laisse pas passer les liquides corporels. Il est souvent utilisé comme moyen de contraception dans les rapports sexuels. Faute de vaccins, il serait considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs moyens de lutte contre les MST SIDA.

A l’approche de la journée mondiale de la lutte contre le sida, notre rédaction s’est intéressée à ce sujet afin de tenter de répondre à la question suivante : Le préservatif est-il le meilleur moyen de lutter contre le sida ?

En effet, nous sommes partis d’un constat observé au sein de la population guinéenne à l’usage des préservatifs dans les rapports sexuels, qui révèle que peu de consommateurs sexuels guinéens utilisent le préservatif de façon régulière.  Nous avons voulu étudier cette donnée générale du comportement sexuel à l’échelle d’une population, en l’occurrence la place du préservatif dans les rapports sexuels des guinéens de « 19-45 » ans. L’objectif principal de l’étude est de  répondre à la question principale ainsi posée. C’est pourquoi nous avons mené une enquête afin de recueillir l’avis des consommateurs sexuels sur le sujet. Lors de l’enquête, nous n’avons pas tenu des logiques statistiques, c’est-à-dire, nous n’avons pas établi un échantillon représentatif, c’est pourquoi, nous sommes concentrés sur un quartier populaire de Conakry.

 Dans l’enquête, Nous nous intéresses aux raisons qui poussent à l’usage du préservatif, geste pas aussi banal que cela, au vu d’un ensemble de représentations et d’ambiguïtés qui, on le verra, peuvent être associées à cette pratiques dans la parole même des enquêtés.

S’il est vrai que certains nous ont répondu facilement, force était de constater que comme le dit Stéphanie Mulot « les déclarations d’usage du préservatif dans les enquêtes aux Antilles, comme souvent ailleurs, ne nous renseigne pas sur la régularité ou sur la systématicité de cet usage ni sur le type de relations dans lesquelles il est ou non utilisé ». Ce qui revient à dire que la pratique sexuelle n’est pas un fait facile à appréhender en ce sens qu’elle n’est pas observable au sens strict. Mais s’il est difficile voire impossible de l’observer directement, c’est qu’il s’agit d’un acte relevant de l’intimité. Cela signifie que si l’on doit faire une étude sur ce phénomène, on doit donc se référer dans la plupart des cas à des données recueillies grâce aux déclarations individuelles des enquêtés.

Sur la base des enquêtes, les enquêtés restent divisés en deux groupes. D’un côté, ceux qui prônent l’efficacité à 100% du préservatif, et de l’autre ceux qui estiment qu’il n’est pas fiable à 100%.

Pour le premier groupe, le préservatif reste le meilleur moyen et le plus efficace dans la lutte contre les MST et VIH. Pour eux, à partir du moment où cette maladie reste sans vaccin, sans remède, le préservatif apparait donc comme la solution la plus fiable. Ils estiment que, s’il y a aujourd’hui une promotion massive autour de cet outil de protection, c’est parce qu’il reste le meilleur moyen de protection du sida à notre disposition. C’est pourquoi il est devenu aujourd’hui une sorte d’arme fatale dans les esprits tout comme dans les discours des institutions sanitaires internationales et des ONG en matière de lutte contre ce fléau.

Pour le deuxième groupe, le préservatif n’est pas fiable à 100%, donc on ne peut pas le considérer comme étant le meilleur moyen de lutte contre le sida. Selon leurs déclarations, la meilleure façon de lutter contre les MST et VIH est d’associer plusieurs méthodes à la fois : préservatif et tests réguliers, fidélité réciproque, l’abstinence.

Somme toute,  au-delà des réponses à notre question, plusieurs profils d’usagers/non usagers du préservatif se dégagent de cette enquête au sein de l’échantillon. On peut distinguer, d’un côté, ceux qui reposent l’usage du préservatif sur un ensemble d’informations et de connaissances accumulées sur les risques associés au non usage : risques de contamination aux MST/VIH, risque de fécondation non désirée, etc. Ce profil renvoie à un autre : celui du consommateur sexuel multipartenaire, qui ne renonce pas à sa libido dynamique mais s’attèle à l’exercer en se maintenant en vie. La plupart des usagers du préservatif sont dans ce cas de figure.

Le premier profil d’enquêté est donc celui de l’usager rationnel du préservatif, consommateur sexuel multipartenaires qui sait ce qu’il risque s’il ne s’en sert pas. D’un autre côté, les non-usages proclamés par ceux qui reposent leur rejet du préservatif sur un discours moral et normatif : interdits religieux qui prônent  l’abstinence  avant le mariage et la fidélité après celui-ci.  Le discours développé par cette catégorie d’enquêté est celui d’un ordre moral qui exclut le préservatif par l’observation des règles : l’acteur –l’enquêté se plie aux logiques institutionnelles qui le dépassent, mais qui constituent le ciment de sa socialisation.et le dernier groupe se focalise sur certains faits de la société comme : l’amour, la confiance ou le doute. Ces différents profils ont donné des réponses différentes par rapport à leurs positions.

Les extraits nous permettent d’illustrer que les enquêtés sont divisés sur cette question. Mais il est important de signaler que la lutte contre les MST et VIH est avant tout un problème personnel, chaque individu a sa façon de lutter contre ce fléau.



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