Tribune : J’accuse l’Etat d’avoir abandonné son rôle régalien, par Alexandre Bérété

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Au peuple de Guinée !

Permettez-moi chers compatriotes d’exprimer cette colère et ce mal qui me rongent de l’intérieur. À l’appel de la patrie, le doute n’est plus permis.

J’accuse comme il y a exactement 121 ans Emile Zola écrivait son célèbre texte dans le journal L’Aurore pour dénoncer la condamnation d’un innocent, le capitaine Dreyfus, voué aux supplices de l’injustice humaine.

A mon tour d’accuser aujourd’hui ceux qui mettent aux pas l’unité nationale, et ceux-là qui sabordent le tissu social et les libertés individuelles dans notre pays.

J’accuse l’Etat d’avoir abandonné son rôle régalien qui est d’assurer la sécurité à tous les citoyens guinéens où qu’ils soient sur le territoire de la république. Les institutions étatiques se caractérisent avant tout par l’exercice de fonctions dites régaliennes. À l’intérieur, ces fonctions concernent l’édiction des normes (législation, réglementation) et la sanction de ceux qui les méconnaissent (justice, police).

Etonnement est de constater que notre Etat a failli à cette obligation juridique. Depuis 2011, à chaque exercice de la liberté de manifester, il faut déplorer la mort d’un guinéen. Si l’Etat n’a pas pu protéger la vie, n’a pas réussi à sauvegarder l’intégrité physique d’un citoyen, il a l’obligation juridique et même morale de déterminer les circonstances de son décès et d’en punir le/les responsables. Depuis 2011, que de vies innocentes sacrifiées, que de personnes arrachées à l’affection de leurs familles, que de larmes versées, que de sangs coulés dans le pays. Et pour finalement n’avoir aucun coupable par la justice de l’Etat. Quelle faillite !

Peu importe les circonstances de la mort d’un citoyen, l’Etat en tant que détenteur de la violence physique légitime pour reprendre Max Weber, et détenteur de l’autorité de juger de ce qui est bien ou mal, cette autorité qui implique de l’Etat toute la lumière nécessaire afin d’apaiser la douleur des familles et de leur permettre de faire le deuil de leurs proches. Il est malheureusement écrit, notre pays est désormais condamné à enregistrer des pertes en vies humaines à l’occasion de chaque manifestation sans que cela n’en émeuve l’Etat. Cela est intolérable, c’est de l’irresponsabilité pure et simple. Et c’est la perte inexorable d’une des valeurs qui constituent les fondements d’un Etat : la justice. Sur le plan de la justice aujourd’hui, la Guinée est un Etat failli.

J’accuse cette classe politique populiste, démagogique et électoraliste qui provoque des chaos à chaque action qu’elle entreprenne dans le pays.

Si les uns ont vu en à la politique, notamment les théoriciens comme Aristote, comme le meilleur moyen de résoudre les problèmes collectifs et de satisfaire l’intérêt général par la mise en place des services sociaux de base tels que (ex : l’éducation, la santé, la culture…). Cet idéal noble est aujourd’hui dévoyé par des hommes en quête de renaissance qu’ils n’ont jamais trouvée à l’aune de leurs propres initiatives personnelles.

J’accuse cette opposition irresponsable qui ne regarde que ce qui peut lui être bénéfique politiquement. Si le rôle d’une opposition est de préparer les citoyens à une éducation politique citoyenne, et de proposer une alternative crédible à la gouvernance, plus généralement en Afrique et singulièrement en Guinée, l’opposition se caractérise par sa lâcheté, la recherche de moyens subversifs et par la manipulation des masses à des causes qu’elle n’avoue jamais saines.

Dans la commission d’un crime quelconque, il y a plusieurs responsabilités. D’abord, la responsabilité des exécutants, c’est-à-dire ceux qui commettent le crime. Ensuite, la responsabilité de ceux par qui ces crimes ont été commis. Cette responsabilité interroge le rôle des commanditaires et des bénéficiaires de la commission dudit crime.

Depuis 2011 à nos, il y a eu des centaines de victimes lors des manifestations politiques dans notre pays. L’opposition qui appelle souvent à ces manifestations, ne s’est retirée un seul instant pour remettre en cause sa stratégie politique. Elle préfère au contraire banaliser les morts, et comptabiliser les victimes comme de vulgaires butins de guerre. Tout homme politique responsable, quand la vie d’un citoyen pour qui, tu prônes la défense, est ôté dans des circonstances qui restent à déterminer, la responsabilité morale voudrait que l’on renonce à la stratégie ayant conduit au drame jusqu’à ce que toute la lumière soit faite. C’est tout le contraire chez nous, plus il y a de morts dans les manifestations politiques plus la force de contestation de notre opposition est décuplée. A un moment donné, il faut savoir se ressaisir et tirer les bonnes leçons de ses propres actions. Hélas ! La banalisation de la vie humaine devient le fonds de commerce des politiques guinéens sur lequel spéculer pour soutirer le maximum d’avantages possibles. Le comble de la bêtise politique. J’accuse ces pseudos leaders comme les responsables de ces morts dans le pays. Vous avez entre vos mains et sur vos consciences le sang de centaines de guinéens, et l’histoire le retiendra.

Dans le contexte de la transformation digitale et l’éclosion des médias sociaux, j’accuse une partie de la diaspora guinéenne d’alimenter les crises dans notre pays. La diaspora constitue toujours une force non négligeable pour un pays. La diaspora africaine doit être une mine d’or. Elle constitue la meilleure ressource stratégique et inépuisable pour un pays.

En Guinée, dans les contextes de crises et de tensions politiques, certains membres de la diaspora guinéenne ont malheureusement fait le choix d’être des pyromanes et des instigateurs de nombreux troubles dans le pays. Il faut qu’on se le dise, beaucoup de guinéens de la diaspora à la recherche d’une certaine sympathie ou animés par des ambitions de pouvoirs, préfèrent manipuler de jeunes gens pauvres en les distribuant des billets d’argent pour les pousser à créer du désordre dans le pays. Et qu’est-ce qu’ils font après ça ? eh ben ils viennent s’ériger en pompier de service en bombant le torse d’avoir réussi à éteindre l’incendie alors qu’en réalité ils sont les instigateurs de ce même incendie.

Les jeunes qui sont morts dans ces manifestations sont aussi vos morts. Ils n’apportent rien au pays mais ils sont les premiers à dénigrer le pays à la moindre occasion. Ils sont à la tête de toutes les campagnes de désintoxication dans le seul but de se faire une place au soleil. Cette stratégie sordide, antipatriotique est comprise par d’autres guinéens éclairés, le verdict de l’histoire vous concernant, sera implacable.

Et j’accuse enfin cette jeunesse oisive qui veut tout avoir sans fournir le moindre effort. Ils sont prêts à passer toute leur journée à raconter des conneries sur les réseaux sociaux au lieu de consacrer ce temps à leur formation et à leur avenir. Parfois, le bonheur c’est savoir apprécier ce que l’on a pour chercher ce que l’on n’a pas. En ne faisant rien de sa vie, on devient malléable à souhait par le pouvoir de l’argent.

Il est temps que tu te réveilles jeunesse de Guinée. Il est temps de se rendre à l’évidence, de comprendre que les politiques ne tu t’utilises comme bouclier que pour atteindre leurs objectifs. Ces objectifs, une fois atteints, tu seras jeté comme un vulgaire torchon, comme sde vulgaires chenapans. Il est temps de prendre conscience, il est temps de se réveiller avant que ce ne soit trop tard…

En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me ferais des ennemis, je l’assume car il est temps de distribuer les quatre vérités. Comme Emile Zola à son temps, c’est volontaire.

Je n’ai qu’un seul désir aujourd’hui, celui de voir la jeunesse guinéenne enfin réveiller, et un seul rêve celui d’une Guinée réconciliée avec elle-même et qui fait face à son histoire. Qu’on ose donc me répondre !

Guinéennement votre !

Par Alexandre Naïny BERETE, étudiant guinéen en France

Source Mosaïque Guinée



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