Lutte contre les maladies infectieuses: les 14 milliards de dollars atteints

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À la conférence de refinancement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, les donateurs publics et privés se sont engagés à apporter 14 milliards de dollars, a annoncé jeudi à Lyon le président français Emmanuel Macron. C’est le montant que les organisateurs avaient fixé pour espérer éradiquer ces trois maladies à l’horizon 2030.

Emmanuel Macron a prévenu ce jeudi matin, personne ne part de Lyon tant que cette somme n’est pas atteinte. Cela faisait déjà deux heures que tout le monde aurait dû partir, preuve que les négociations étaient serrées.

Les donateurs se sont engagés à donner 14 milliards de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Très exactement, le seuil est légèrement dépassé à 14,02 milliards de dollars (12,72 milliards d’euros), selon Peter Sands, directeur exécutif du fonds.

Emmanuel Macron a précisé que la France, qui s’est engagée jeudi matin à hauteur de 1,5 milliard d’euros, contribuerait à hauteur de 60 millions complémentaires, ainsi que le milliardaire américain Bill Gates. « Donc je peux vous dire aujourd’hui raisonnablement qu’on atteindra les 14 milliards, on y est ! », a-t-il lancé sous les applaudissements.

La France maintient son rang de deuxième contributeur historique du Fonds mondial avec une augmentation de 20% par rapport au montant d’il y a trois ans. C’était le minimum acceptable, un chiffre qui déçoit les associations, parce qu’elles comptaient sur la France pour frapper un grand coup.

Cette conférence de financement est cruciale, car l’objectif final est ambitieux, mettre fin aux trois épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme d’ici 2030. Les associations demandaient donc plus de la part de la France pour éviter justement de se retrouver avec des tractations de dernières minutes.

Du côté des autres donateurs, les États-Unis restent toujours en  tête de très loin, ils vont donner 4,6 milliards de dollars. Le milliardaire américain Bill Gates a accru sa participation de 20% par rapport à ce qu’il avait donné il y a trois ans. Le Royaume-Uni presque 1,8 milliard.

Il y a également de nombreux nouveaux États donateurs, et l’Afrique n’est pas en reste : 12 millions de la part du Nigeria, 10 de l’Afrique du Sud, 6 de la RDC, 1,5 million de la Côte d’Ivoire, 1 million provenant du Burkina Faso du Niger et du Togo ou encore 500 000 dollars en provenance du Mali. Sur la période 2017-2019, les États africains ont perçu 70% de l’argent distribué par le Fonds mondial. Ils ont donc renvoyé l’ascenseur lors de cette conférence de reconstitution du fonds. Une vingtaine de pays du continent a mis la main à la poche : montant total 60 millions le double de la dernière fois.

La traduction certainement pour ces États d’une reconnaissance de l’importance de la santé dans les objectifs de développement. C’est en tout cas l’analyse que tire Peter Sands. Le patron du Fonds mondial qui rappelle l’aspect « catalyseur » de son organisation : chaque dollar qu’elle dépense en rapporte 19, principalement parce qu’elle investit pour développer des structures pérennes. De son côté, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, insiste sur l’importance du Fonds mondial pour la santé au Sahel, en raison des défis auxquels la région est confrontée.

Le terrorisme et le crime organisé au Sahel induisent des dépenses de sécurité qui ont un effet d’éviction sur les secteurs sociaux de base, notamment sur celui de la santé […] Nous consacrons 10% de nos ressources budgétaires à la santé, c’est un effort extrêmement important.

C’est d’ailleurs ce que le fonds va s’attacher à réaliser dans les trois prochaines années. Il dispose donc désormais de 14 milliards de dollars pour le faire. Plusieurs objectifs ambitieux sont fixés : diviser par deux la mortalité liée aux trois épidémies et réduire drastiquement le nombre de nouvelles contaminations – cela passera notamment par un effort marqué en matière de prévention à l’égard des femmes et des jeunes filles en Afrique sub-saharienne. Elles ont aujourd’hui deux fois plus de risque d’être contaminée par le VIH que les hommes.



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