Ibrahima Kassory Fofana : Deux vidéos différentes, deux démagogies différentes

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 Le champ politique guinéen est marqué par une ambivalence politique ou les leaders politiques changent d’équipe à chaque mercato politique. Ce phénomène constitue un véritable goulot d’étranglement de notre démocratie. Ce fut le cas de l’actuel premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.

Lors de la première participation du GPT à une manifestation politique, une marche qui avait lieu entre l’aéroport   et le palais du peuple, Ibrahima Kassory se félicitait de la réussite de l’évènement et surtout dénonçait en 2013 la gouvernance d’Alpha Condé :

« jeunesse guinéenne owé, opposition guinéenne owé, je suis fier de la jeunesse de Conakry, je suis fier de la jeunesse des 5 communes. La caravane que nous avons conduite de l’aéroport au palais, est une caravane respectable et respectée… cette marche, cette marche au-delà d’une marche, a des allures d’insurrection civile. Le peuple de Guinée exige la transparence dans les élections, le peuple de Guinée exige la démocratie  et la pratique  de ses règles. Le peuple de guinée dit résolument non au système  de gouvernance actuelle fondé sur l’exclusion. Nous disons non à l’ethnocentrisme comme politique de gouvernement… »

Plus loin, il ajoute : « le vent du changement a commencé… votre marche est l’appel aux autorités de comprendre qu’ils ne peuvent pas ballonner la volonté d’un peuple. La soif pour la démocratie, est une soif partagée par tous les peuples épris de paix et de justice dans ce monde. La Guinée est une partie de ce monde. Nous souhaitons que cet appel soit entendu par les autorités ».

Quelques années plus tard, le même Kassory Fofana sera nommé ministre d’état chargé du partenariat public privé, puis premier ministre. Pour ce faire, il fallait dissoudre son parti le GPT sans tenir compte de l’avis de sa base électorale. Et le discours de l’ancien opposant a changé de forme. Hier, lui qui dénonçait le gouvernement de ballonner la démocratie, est entrain aujourd’hui de soutenir des actes allant dans le sens du recul démocratique en Guinée : le changement de constitution, la restriction des libertés fondamentales et des arrestations arbitraires des opposants au troisième mandat.

« En tant que citoyen, je paraphrase Zegbelemou qui est un professeur, un constitutionnaliste de taille en disant que  qu’on ne peut pas défendre la constitution en la violant. Et le débat  en cours donne l’impression que les uns et les autres violent la constitution déjà. La constitution garantie la libre opinion… il y’en a qui disent qu’il ne faut pas la toucher, c’est une bible. Je n’en connais pas de mon expérience d’intellectuel en dehors des USA, même dans ce cas, la constitution de 1787 a connu une vingtaine d’amendements. Si non la constitution change au rythme des mutations socialesen tant que citoyen je dis oui, en tant que gouvernant je dis oui, doublement oui »

Cette position de Kassory  Fofana est monnaie courante dans le paysage politique et dans bien des cas, on retrouve des leaders politiques qui changent de conviction comme ils changent de vestes. Un phénomène qui entrave considérablement l’enracinement de la démocratie  dans notre pays



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