2 octobre 1958 – 2 octobre 2018 : Cette journée doit être une journée de réconciliation, de pardon, dixit Mohamed Mounir Camara

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En prélude des 60 ans d’indépendance de la Guinée, un témoin du 2 octobre 1958 a accordé un entretien à notre rédaction, au cour du quel Mohammed Mounir Camara a expliqué l’importance de cette indépendance avant d’inviter les Guinéens au pardon et à la réconciliation.

Après votre sortie médiatique le 25 août dernier, certains disaient que le 1er régime et son président (Ahmed Sékou Touré) ne méritent aucune reconnaissance nationale que répondez-vous à ceux-ci ?

C’est une affirmation grave. Il y’a dans l’évolution d’une nation des repères à ne pas trainer dans la boue. La république de Guinée reste et demeure une fierté pour le continent Africain, c’est le pays qui a ouvert les flammes de l’indépendance à l’Afrique en 1958. Ceux qui veulent trainer les dates historiques dans la boue n’ont pas de repère historique. Nulle n’a le droit de jeter l’infamie sur une nation. Dieu est avec la Guinée, nos ancêtres avaient béni ce pays, la Guinée n’a jamais accepté la colonisation. Nos parents se sont opposés farouchement aux blancs. Des villages ont été bombardés par les colons. Je me souviens du bombardement du village de Katounou(Boké), un village qui était prospère. Des jeunes filles qui quittaient le marigot les calebasses sur la tête ont été faussées par les balles des colons, elles sont mortes à la fleur de l’âge. Donc l’indépendance était une nécessité pour la Guinée et pour toute L’Afrique.

Selon vous pourquoi certains ne reconnaissent pas la valeur de Sékou Touré et ses compagnons ?

Bon ! Il y’a des choses que personne ne peut expliquer. Ahmed Sékou Touré et ses compagnons méritent notre reconnaissance et notre respect républicain. Beaucoup de gens résument le 28 septembre, Ahmed Sékou Touré, et le 2 octobre, au Camp Boiro. Nous profitons de votre micro pour inviter les guinéens au pardon, à la réconciliation. Nos ancêtres, nos parents qui ont affronté à nu les balles des colons méritent notre respect éternel.

Certains penseurs et observateurs disent que Sékou Touré était un bon Africain mais un mauvais Guinéen, car on ne peut pas être pauvre et en même temps être libre, ça vous dit quoi ?

Ce sont des termes philosophiques, la pauvreté n’est pas seulement matériel, elle est aussi spirituelle. L’indépendance guinéenne n’a pas été une indépendance Peul, Soussou, Malinké, Kissi, Toma et autres, c’est l’indépendance du peuple de Guinée. L’hymne national de notre pays est plus Africain que Guinéen, avez-vous constaté ? Oui, c’est parce-que la Guinée était la tête de pool de l’indépendance en 1958. C’est comme le fils aîné d’une famille, la Guinée est la fille aînée de l’Afrique. Elle a eu la charge d’éduquer les autres pays, qui aujourd’hui ont oublié notre bien fait vis-à-vis de leurs nations, comme Angola qui chasse les Guinéens, pendant qu’ils y’a des soldats Guinéens enterrés en Angola. Ceux qui veulent transgresser l’histoire de la Guinée répondront devant Dieu à leur disparition. Nous devons être fières de nos ancêtres qui ont ouvert leurs poitrines aux balles des colons. La Guinée a connue 60 ans de colonisation et dans quelques jours, nous allons fêter les 60 ans de l’indépendance de la Guinée. C’est une date mémorial que nous allons fêter dans l’unité, dans l’honneur et dans la dignité. Nous nous adressons à la génération d’aujourd’hui, à nos enfants, à nos petits enfants d’être fiers de l’histoire de notre pays. Ceux qui nous ont colonisés c’est eux qui nous ont déformés, affamés et incriminés. Ceux qui parlent de Ahmed Sékou Touré et ses compagnons en terme de Camp Boiro portent un œil qui ne voit que d’un seul côté. Le Guinéen doit être partisan de la nation, il doit cesser d’être militant des partis politiques pour être citoyen. J’invite le peuple de Guinée à faire la journée du 2 octobre prochain, une journée de rédemption de la nation, une journée de réconciliation, une journée de pardon et une journée de l’unité nationale, parce-que la Guinée a eu son indépendance grâce à l’unité de ses fils et filles.

A noter que, Mohammed Mounir Camara est le commandeur de l’ordre national du mérite et le conseiller politique du premier ministre, chargé du dialogue social et le renforcement de l’état de droit.



Journaliste, Correspondant à Conakry