Habitat : le regard d’un spécialiste sur la construction des bâtiments et chaussées à Conakry

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Haba Cécé Michel, ingénieur bâtiments donne son point de vue sur la construction des bâtiments à Conakry, dans un entretien qu’il a accordé à notre site d’information.

Etant spécialiste quel regard portez-vous sur la construction des bâtiments à Conakry ?

Le handicap de la construction des bâtiments à Conakry date depuis très longtemps, depuis la première république, la quasi-totalité des quartiers sont très mal lotis, les habitants ont occupé les lieux avant le lotissement, on remarque ça à Matam, à Coleah, à Madina, Bonfi ces quartiers sont mal lotis depuis le début. Quand on s’intéresse un peu à l’image de Conakry sur le plan de construction, on voit que c’est une mauvaise image à regarder, elle ne donne pas beau à voir.

Selon vous quelles sont les causes de ces constructions anarchiques ?

Le lotissement et la manière de construire sont les causes principales, quand on regarde les bordures des routes, notamment l’autoroute Fidel Castro, la route le prince, on voit des taudis, des maisons pavillonnaires, des hangars qui appartiennent aux marchands, il faut que l’Etat prenne ses dispositions pour mettre fin aux constructions archaïques en bordure des routes, parce que quand un étranger vient il regarde d’abord les bordures des routes.
Il est inscrit par la direction de l’habitat que tous les bâtiments qu’on construit au bord de la route doivent être R+4, mais cela n’est pas respecté en Guinée, le grand problème des Guinéens, beaucoup ne consultent pas les spécialistes avant de construire.

Qu’est ce qu’il faut pour remédier à tout cela ?

La direction de l’habitat est là, elle a tous les plans de lotissement de tous les quartiers, mais le problème est que même si on lotis un quartier après quelques années , les voiries tertiaires qui accèdent aux différents lots et parcelles ne sont pas entretenues par l’Etat, y a des voiries où l’accès n’est plus possible et une fois que ces voiries ne sont pas utilisées, les gens achètent ces lieux pour construire, ils bloquent la route complètement, on remarque cela à Cobayah, beaucoup de voiries sont achetées par des particuliers, c’est ce qui modifie le plan de lotissement déjà établit, ça c’est un grand problème.
Il faut que l’Etat prenne ses dispositions pour corriger cela, entretenir les voiries tertiaires ; pendant la saison pluvieuse l’accès est difficile voire impossible. Il faut que le plan de lotissement établi soit suivi et respecté à tout moment, pour ne pas que des personnes mal intentionnées arrivent à vendre ces parties réservées pour l’accès dans les concessions.
Ce sont des problèmes qu’on doit résoudre, il y a des concessions à Conakry où il y a même pas de l’accès, il faut marcher pour y accéder, avec la voiture tu ne peux pas c’est le cas de Coleah. Il faut que l’Etat fait face aux logements sociaux pour aider les citoyens qui n’ont pas les moyens pour construire des jolies maisons, des logements pour toutes les catégories sociales , c’est dire la cité des médecins, des journalistes, des maçons, des militaires, des chauffeurs ainsi de suite et les revendre à un prix abordable avec des règlements, on achète pas pour revendre, mais pour loger ,normalement c’est la banque d’habitat qui s’occupe de cela mais elle n’existe pas ici.

Comment lutter contre la construction des marchés à Conakry ?

C’est un problème séculaire, les lieux choisis pour construire des marchés date de 30 ans ou 50 ans, donc si certains de ces lieux ne sont pas commodes à un lieu donné on peut le déplacer ailleurs, c’est pourquoi l’Etat doit avoir des zones réservées partout. Je vais dire à l’Etat de prendre toutes ses responsabilités pour construire des routes, des bâtiments, des ponts en suivant la procédure, d’assurer le suivi de ces infrastructures c’est-à-dire entretenir les édifices publiques, il ne faut pas attendre qu’il y ait catastrophe sur ces routes et bâtiments pour intervenir, la population aussi doit être exemplaire parce que le développement d’un pays passe forcément par le changement de mentalités.

Merci beaucoup pour cet entretien !
C’est moi qui remercie !



Journaliste, Correspondant à Conakry