Un Conte pour une nuit : Les chemins de la noce, le beau jeune homme et les filles (No1)

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Le conte est souvent un récit de faits « imaginaires » dans bien des cas. Il a parfois une portée morale, philosophique ou émotionnelle très instructive. Pour Gérard Meyer « ces récits abordent la question de la traversée de la vie. Comment parcourir heureusement ce chemin qui commence entre les mains des autres, et qui s’achève quand on vous emporte en terre pour aller rejoindre le grand village ». Autrement dit, le conte est un récit qui fait partie du patrimoine littéraire africain, dont le but est d’éduquer les jeunes faces aux aléas de la vie. Il permet aussi de renforcer la socialisation primaire d’un individu.

 Chaque dimanche, vous aurez droit à un conte. Dans ce numéro, nous avons choisi « les chemins de la noce ».

Conte :

Il y avait un jeune qui était très beau, et tout le monde l’aimait. Un jour, cinq filles revêtirent leurs plus beaux habits, car elles voulaient aller passer la nuit chez ce jeune homme ; il était si beau que tout le monde l’aimait. Il était riche aussi. Ces filles prirent leurs calebasses et se mirent en route.

Elles arrivèrent au bord d’un puits. Elles lavèrent bien proprement leurs calebasses et elles se lavèrent également les pieds. A ce moment, le jeune chez qui elles voulaient aller,  passa par là ; il revenait de la chasse avec ses chiens. Elles ne pensaient pas que c’était lui. Il trouva ces filles auprès du puits. Il dit à celle qui s’appelait Sanou :

« Donne-moi à boire !

-Oh là là ! dit-elle. Tu toucherais à ma calebasse ?  Jamais !  C’est le jeune homme chez qui nous partons- Il s’appelle  Kolidierè-qui touchera à cette calebasse pour y boire ! »

Il s’dressa alors à celle qui s’appelle Lambiri :

« Donne-moi à boire !

-je te fais la même réponse que Sanou, dit-elle :

C’est Kolidière qui boira à ma calebasse ! »

Il s’adressa à celle qui s’appelait Kaanakan. Elle donna la même réponse.  Il s’adressa  à celle qui s’appelait Diatana. Elle donna la même réponse. Finalement, il s’adressa à Fororon : celle-ci mit sa confiance en Dieu, elle puisa de l’eau et l’offrit au jeune homme. Elle alla encore une fois puiser de l’eau pour la donner à boire à ses chiens.

 Quand ils  furent désaltérés, le jeune homme se hâta de rentrer à la maison. Dès qu’il fut rentré chez lui, il fit sa toilette, revêtit ses beaux habits, arrangea bien son visage, et s’assit sur une belle chaise.

Peu de temps après, les filles arrivèrent devant sa porte. Elles se dirent : «  qui d’entre nous va entrer en première ? »  Sanou dit «  c’est moi qui vais entrer  la première » Elle s’approcha de la chaise, regarda le jeune homme en penchant sa tête  en avant, se cachait les  yeux tellement le jeune homme était beau. Elle se mit à chanter

ô Kolidière, ô Kolidière, je viens passer la nuit avec toi !

Le jeune homme répondit :

Toi, tu ne me connais pas, Sanou, tu as refusé de l’eau à mes chiens et à moi !

Sanou s’en alla en pleurant.

Toutes les autres trois filles subissent le même sort. Il ne restait plus que Fororon, celle qui avait donné de l’eau au jeune homme et à ses chiens. Quand elle voulut s’approcher, Sanou lui dit : « Il ne nous aime pas, nous, encore  moins toi ! Tu te fatigues pour ne rien, ce n’est pas même pas la peine que tu t’approches de la chaise ! » kaanakan répliqua : «  laisse là donc, qu’elle essaie comme nous ! » Sanou l’insulta en lui disant : « toi, tu es noirs comme du charbon, tais-toi ! » Fororon, finalement, dit : «  moi aussi je vais aller le voir » Elle s’arrêta là où les autres s’étaient arrêtées. Elle chanta

ô Kolidieré, ô kolidieré

Je viens passer la nuit avec toi

Le jeune homme répondit

Toi, tu me connais ;

Viens, viens : tu as donné de l’eau à mes chiens et à moi !

Les autres filles s’approchèrent du jeune homme et lui dirent : « moi je puiserai de l’eau pour toi, moi, je pilerai pour toi, moi, je te ferai la cuisine, je te porterai sur mon dos pour t’emmener au puits » le jeune homme les arrêta «  pas question ». la fille qui l’avait donné à boire devient finalement sa femme.

Conte du nord de la Guinée : Gérard Meyer

Leçon de Morale :

Ce récit valorise la fille qui ne s’est pas fiée aux apparences,  qui rendu service en offrant de l’eau à boire à un chasseur. Au contraire, ses camarades, en refusant de donner de l’eau, ont révélé toute leur méchanceté et leur orgueil. Elles échoueront dans leur quête, tandis que la première réussira. Ce récit rappelle qu’il ne faut pas se fier aux apparences, et surtout il ne faut pas   soi-même se prendre pour quelqu’un d’important

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