La mort comme une délivrance: coup de gueule de Rafiou Bah

1421

 Depuis 2011, le pouvoir d’Alpha Condé a tué plus de 300 personnes en Guinée. Aucune enquête sérieuse n’a été diligentée afin de situer les responsabilités dans ces tueries. Du coup, dans la plus grande indifférence des Guinéens dans leur majorité, il a pris le plaisir d’ôter la vie des innocent.e.s citoyen.ne.s sans défense. Or, il est de son devoir de les protéger. Malheureusement, au lieu de les protéger, il les tue à chaque fois qu’ils/elles manifestent leur ras-le-bol vis-à-vis de son pouvoir. Ainsi, la mort des citoyen.ne.s notamment de l’Axe devient une chose banale et normale.

Des familles sont endeuillées. Des époux ont été arrachés à leurs épouses et enfants. Des épouses ont été arrachées à leurs époux. Des enfants à la fleur de l’âge, ont été arrachés à leurs parents. Un enfant unique a été arraché à ses parents. Des personnes âgées ont été frappées et humiliées. Une femme a servi de bouclier humain à des policiers. Des biens ont été saccagés et incendiés.

Et pire, d’aucuns qui sont proches du pouvoir et de son parti, ont estimé que ce n’était pas assez en termes de bilan macabre. À leurs yeux, il faut tuer plus de Peuls qu’ils appellent fièrement des « apatrides ».

En effet, il faut rappeler que la plupart de ces tueries ont eu lieues parce que des jeunes sont sortis manifester pour le respect des lois de la République et exiger le respect des principes démocratiques dont l’organisation d’élections libres et transparentes. Voilà ce pourquoi, ils ont été tués.

Alors, compte tenu du rapport existant entre ces tueries et ces élections, les responsables de la CENI, et en première ligne, son ancien président Me Salif Kébé est moralement coresponsables de ces tueries. Quand une case brûle, on se doit de chercher l’origine du feu qui a engendré l’incendie.

En effet, il convient de rappeler que l’ancien président de la CENI fut celui qui avait indiqué que son institution était prête, et par conséquent, celui qui avait fait organiser la mascarade électorale dans un contexte politique tendu et surtout, dans une situation sanitaire préoccupante.

Par ailleurs, il a été emporté par la maladie qu’il avait minimisée. Ainsi, des proches des victimes de ce régime de sont réjouis de sa disparition tragique. Mais cela exaspère certains proches de Salif Kébé. Étonnant ! Mais c’est leur droit. Cependant, le bon sens voudrait qu’ils condamnent les tueries dont Kébé est l’un des responsables indirects au lieu de venir jouer aux « entrepreneurs de la morale »

C’est qui est plus étonnant c’est quand je lis et écoute çà et là qu’il était « un bon citoyen », « un homme d’une grande probité morale » et qu’ « il était une grande perte pour la Guinée »? Je ne sais pas si c’est moi qui ne connais pas le sens des mots : bon citoyen, probité morale, ou que c’est moi qui n’ai pas une ambition pour la Guinée ou si ce sont eux qui les emploient.

À mon sens, un bon citoyen est celui qui respecte les lois. Un bon citoyen est celui qui s’acquitte de ses devoirs et exiger le respect de ses droits. Un homme d’une grande probité morale ne fait pas recenser des mineurs dans un fichier électoral. Un homme d’une grande probité morale ne viole pas les lois de son pays en vue de satisfaire une bande de dirigeants irresponsables et corrompus. Un homme d’une grande probité morale ne privilégie pas l’argent au détriment du respect de la loi.

Il faut savoir que la mort d’un oppresseur et d’un injuste est une délivrance que le Divin accorde à ses créatures qui ont tant souffert de ces derniers. Elle delivre également d’un malade de la souffrance.

Dans le premier cas, celles et ceux qui étaient victimes de cet oppresseur et/ou de cet injuste, s’éclatent de joie et expriment un ouf de soulagement. Ils remercient leur Seigneur. Dans le second cas, le malade qui avait tant souffert, se sentira soulagé si toutefois, il avait préparé son devenir, c’est-à-dire qu’il avait fait des bonnes actions pour l’Au-delà. Ainsi, il vivra dans des délices à partir de sa tombe. Et s’il n’avait pas fait des bonnes œuvres, il vivra le contraire aussi. Quoiqu’il en soit, les proches de ce malade se sentiront soulagés même s’ils sont tristes d’avoir perdu un des leurs.

Alors, à ces gens qui font des louanges à l’égard de Salif Kébé, sachez que ceux qui se réjouissent de sa mort, trouvent dans cette mort certes tragique pour ses proches, une sorte de délivrance et de soulagement. Et surtout, la prochaine fois, ne soyez pas indifférent, n’optez pas pour le silence quand certain.e.s de vos concitoyen.ne.s sont tué.e.s injustement. Indignez-vous contre toutes les formes d’injustice même si l’auteur de celles-ci est votre propre père et votre propre mère !

Quand vous prouvez à votre prochain que sa douleur est la vôtre, il vous rendra l’ascenseur.



Guinée Nondi, tout ce qui est information de qualité est notre