Guinée : le président du MPDG, Siaka Barry dit tout sur la transition du CNRD

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La République de Guinée traverse une période transitoire depuis plus d’un an. Siaka Barry, président du Mouvement Populaire Démocratique de Guinée (MPDG), ancien ministre de la culture, a fait une lecture sur la gestion du CNRD au pouvoir depuis le 21 décembre 2021. C’était au cours d’une interview accordée à notre rédaction, ce Mercredi 22 février 2023 à Lambangni dans la commune de Ratoma.

D’entrée, l’ancien ministre de la culture sous Alpha Condé revient de ce qu’il a dit dès la prise du pouvoir par le CNRD.  

« D’abord,  nous la souhaitons comme étant la dernière, que notre pays aura à connaître. Nous l’avons dit à l’entame de la transition actuelle,  s’il est vrai qu’une transition est un passage entre deux états d’anormalité. Donc, ce sont les anormalités qui conduisent généralement aux transitions. nous souhaitons que toutes ces anormalités qui ont jusque-là empêché notre démocratie d’atteindre sa vitesse de croisière soient derrière nous, et que nous allions maintenant sur les bases très vertueuses, afin que notre pays puisse vivre enfin, une démocratie durable dans un Etat de droit, où les droits des uns et des autres seront garantis et respectés ».

Poursuivant, il a souligné que la transition actuelle, est une transition qui donne beaucoup d’espoirs certes, mais aussi qui est source de beaucoup d’appréhensions.  « Moi, c’est  ce regard mitigé que  j’ai sur la conduite de la transition actuelle.

Beaucoup d’espoirs, en ce sens que, nous avons des nouvelles  autorités qui sont en train de mener le processus sur deux fronts, qui ne sont pas antinomiques.  Un front dans la continuité et le développement, la continuité des services sociaux de base, front que nous saluons, bien que certains croient que ce n’est pas l’apanage d’une transition, et un front effectivement dans le sens du retour de l’ordre constitutionnel ».

Pour le président du MPDG,  ces deux fronts qui sont menés par le pouvoir actuel, nécessite la franche participation et sincère de tous les guinéens et leur adhésion.  « Mais très malheureusement, dit-il, c’est à ce niveau que la machine se grippe. 

Quand on parle de participation et adhésion, on parle d’inclusion, or notre transition actuelle pêche à ce niveau. Elle n’est pas suffisamment inclusive à mes yeux, en tant que leader politique.  Je ne suis pas en train de pointer la responsabilité d’une entité quelconque ni d’une personnalité quelconque. Mais, je pense que la transition actuelle gagnerait à être beaucoup plus inclusive tout en prenant en compte toutes les voix discordantes en les regroupant et en tirant de nos dichotomies. Une certaine symphonie qui pourra nous permettre de renouer avec l’ordre constitutionnel, tel n’est pas encore le cas.  Les autorités sont en train d’employer à ramener tout le monde autour de la table par une démarche inclusive. Je salue les autorités du CNRD dans ce sens, et leur bonne volonté, mais, je dis au CNRD qu’il sera jugé par les actes. L’un de ses actes majeurs qu’il faut  poser aujourd’hui, c’est de continuer à rassurer tous les protagonistes, notamment,  les acteurs politiques et les acteurs sociaux.  De les faire venir au tour de la table quel que soit le prix à payer, même s’il faut se défaire de tous les égos. Nous tous, nous en avons, mais ce sont eux qui sont à la mallette, qu’ils sachent que ce sont eux, qui sont le plus jugés à l’issue de cette transition ».  

Entretien réalisé par Sonny Camara, Diaraye Diallo et Aboubacar M’mah Camara



Toronto, Ontario, Canada