Le Rap d’aujourd’hui « Comme un air de renoncement à soi, une forme de colonisation sans fouet ni matraque » Une Chronique de Khare Man

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Je dis souvent que le rappeur guinéen d’avant était un guinéen avant d’être rappeur. Profondément enracinés
Il chantait le plus souvent en langue nationale alors qu’il avait un niveau et parfois même des diplômes supérieurs ( il n’y avait aucun groupe qui ne parlait pas deux langues au moins).
Il s’habillait souvent en guinéen.
Il reprenait les grands classiques de la musique Guinéenne. Il chantait Yankadi ( Bill de Sam ), Doundoumba ( kill point), bakouti ( LegDef)… Malgré le moyen d’expression venu d’Amérique, il avait le souci de la médiation. Faire du rap une musique Guinéenne qui s’adressait à toute la Guinée, pas qu’à un public d’avertis ou de connaisseurs. Le rap était destiné à valoriser ce que nous sommes.
La société l’écoutait parce qu’il écoutait les problèmes de la société. Le rap parlait le langage de la société .
Mais aujourd’hui, les jeunes veulent ramener l’Amérique ou la banlieue parisienne en Guinée. Le rap s’isole du reste de la société pour l’entre-soi. Il ne s’ouvre plus au reste de la société.
On peut en dire exactement la même chose des tenants d’une certaine pratique de l’islam . Nos grands-parents avaient trouvé l’équilibre entre le culte et la culture.
Être musulman sans jamais remettre en cause ce que nous sommes, notre identité, notre culture … Rester soi-même, parce que la diversité est Divine.
Mais aujourd’hui, ils ont tellement compris le message qu’ils sont devenus une menace pour eux-mêmes. Une menace pour ce qu’ils sont. Ils sont même devenus intolérants à ce que nous sommes. Des africains, des Guinéens.
Paresseux spirituels ils reproduisent tout ce qu’ils voient dans d’autres cultures sans le moindre discernement … Renonçant du coup à eux-mêmes… une forme de colonisation sans fouet ni matraque.
N’nallah ☝️
Khare Man



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