Quand nous sommes nommés en Guinée…… ? Par Ghaly Sow

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Oui, quand nous sommes nommés en Guinée, malheureusement, il faut le dire, deux catégories de personnes nous rendent visite et/ou nous appellent  dès les premières heures:

   1) Première catégorie : ce sont des personnes qui travaillent ou dont l’activité est liée à notre département. Elles t’offrent des cadeaux (maisons, argent, promesses fallacieuses etc..) comme quoi ils  veulent te féliciter, te rassurer de toute leur disponibilité (sacrés appel et disponibilité) à travailler avec toi.

   Ces attitudes trompeuses et ces cadeaux naturellement empoisonnés obligent le nouveau nommé de faire deux choses.

« …..Et si tu ne mords pas à l’hameçon, tu tentes de sanctionner tel ou tel fonctionnaire indélicat, des structures fantômes composées des personnes les plus malhonnêtes naissent et envahissent nuitamment ta résidence en vue d’une médiation ethnico-politique….. »

      a) Maintenir les personnes qui le font à leurs postes, ceci afin qu’ils continuent de voler, piller les ressources et de par-là, empêcher toute réforme allant dans le sens du développement. Et si tu ne mords pas à l’hameçon, tu tentes de sanctionner tel ou tel fonctionnaire indélicat, des structures fantômes composées des personnes les plus malhonnêtes naissent et envahissent nuitamment ta résidence en vue d’une médiation ethnico-politique. C’est là que tu entendras, ne fais pas ceci, ne fais pas cela, tu vas humilier le mandingue, tu vas honnir le Foutah, la Basse-Guinée ne mérite pas ça. Nous sommes tous de la Foret, on va laver le linge sale en famille…

Mon Dieu, Ne devrions-nous pas éduquer nos « cadres » afin qu’ils sachent faire la différence entre le bien public et le privé ? Pourquoi plaider pour un malhonnête ? Ne sommes-nous pas par-là même complice de sa malhonnêteté ?

      b) Pire corrompre le nommé pour qu’il soit sois complice  voir auteur de ces détournements.

  2) Deuxième catégorie : ce sont  tes parents,  amis et compagnons « de lutte, oui compagnon de lutte qui jusque hier ne s’enfichaient pas mal de ta situation » qui te rendent visite pour te saluer.  Pendant cette salutation, ils établissent deux listes :

« Trouver un boulot, qu’on soit méritant ou pas »

a) Une Première liste des personnes à aider (donc intégrer à la fonction publique, une société minière, un EPA…, sans concours ni appel d’offre juste par ta recommandation). L’objectif étant de les trouver  du boulot qu’ils soient méritant ou pas,

« Une feuille de route ethnico-familiale nait et remplace celle étatique…..Il est maudit »

b) Une seconde liste qui constitue les problèmes à résoudre.  De cette liste, une feuille de route ethnico-familiale nait et remplace celle étatique. Comme pour te dire : tu es maintenant dans les affaires, prends autant que tu veux pour résoudre nos problèmes, l’Etat se retrouve au second plan. Voilà comment nous poussons nos fils, frères… à détourner. Voilà malheureusement la réalité. Le pire c’est quand ils essaient d’être juste, à travailler loyalement. Contre toute attente,  on les colle l’étiquette: «Il est maudit»

« Après tout, c’est de s’asseoir bras croisés pour dire que ça ne travaille pas, que l’Etat ne fait rien, qu’il y a du vol. Oubliant que c’est lui-même qui en est la cause»

 Si au contraire  ils agissent en bon fils en détruisant tout sur son passage,  en ayant pas fait la différence entre le bien de l’Etat et le bien privé,  On l’applaudit. « Il est bénit ». Après tout, c’est de s’asseoir bras croisés pour dire que ça ne travaille pas, que l’Etat ne fait rien, qu’il y a du vol. Oubliant que c’est lui-même qui en est la cause.

Quelles techniques pour détourner l’argent de l’état ?

La pratique la plus courante étant donné que la famille pour ne pas dire l’ethnie a poussé son fils nommé à voler l’argent de l’état, c’est de passer par des marchés (rénovation, équipements des bureaux, séminaire de formation, mission de terrain, achat de véhicule….). Ces marchés, négocies à l’avance avec le soumissionnaire, sans appel d’offres sont font l’objet d’une surfacturation extravagante.

A y fourrer son nez de près, on se rend compte que le « bénéficiaire du contrat », devra verser par-ci par-là et sur toute la chaine de décaissement tel ou tel pourcentage  y compris ce qu’il doit retourner à celui qui lui a octroyé le marché. A terme, il ne lui reste que 1 à 10% du marché.

Impossible de rendre justice ?

    Cependant,  celui  qui essaiera de rendre justice, est aimé et acclamé jusqu’à ce qu’il commence à interpeller des gens contre qui il soupçonne de détournement. Il est décrié. Chacun s’érige en avocat pour détendre celui qui le protège.  Qui vole dans ce cas ? Qui détourne? Qui détruit mesdames et messieurs ?

Quez voulons-nous ?

Ghaly Sow, Consultant Formateur HSSE



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