GUINEE: HISTOIRE DE LA VILLE DE BOKE

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Boké est une ville de Guinée sur les bords du Rio Nunez. C’est un chef-lieu de préfecture et capitale de la région.
Située sur la côte maritime de la Guinée, Boké s’étend sur une superficie de 334 km2. Elle est localisée dans la partie Nord-Ouest de la Guinée appelée Guinée maritime, et plus particulièrement en pays Baga. Les natifs qui ont construit Boké sont d’abord des Landoumas. Les Landoumas, dont la langue s’apparente aussi au Baga-Sitemu, se sont installés sur le plateau de Boké, s’étendant jusqu’en Guinée-Bissau au nord et s’approchant des plaines du rio Kapatchez au sud.
Le Rio Nunez, qui coule au cœur de la ville, prend sa source à Darelayah (Préfecture de Télimélé) et coule du Sud Ouest au Nord Est, puis monte vers le Nord, et redescend vers le Sud, jusqu’à Boké, après avoir fait une boucle assez prolongée. Il est alors appelé Tinguilinta. Il prend le nom de Nunez, un peu au-dessus de Boké (horrirah et Baralandé) et devient alors navigable.
La première aventure coloniale qui intéresse les rivières de la côte guinéenne est celle de Nuno Tristão en 1453. La tradition a permis de sauver de l’oubli ce Chevalier de l’infant du Portugal en donnant son nom à une rivière, le Rio Nunez (Tinguilita), que d’ailleurs il n’a pas dû atteindre. Ainsi, la côte guinéenne a longtemps suscité la convoitise des Français et des Portugais. Ce sont ces derniers qui ont tout d’abord envahi le pays.
Au début du xixe siècle, les Français redoublent d’effort pour conquérir le pays. La possession de Boké devient alors un enjeu stratégique. Après 1815, les efforts de pénétration française, dirigés en vain vers l’intérieur, se tournent vers la côte. Les colons français cherchent alors à installer des comptoirs sur le Rio Nunez qui a le double avantage d’être entouré de terres riches et d’ouvrir la route du Fouta-Djalon. En 1827, René Caillé inaugure son illustre voyage en partant de Kakandé, sur le Rio Nunez. Une stèle commémorative signale son passage à Boké. Depuis, ce voyage entre Boké – Tombouctou – Tanger inspirera de nombreux écrivains et voyageurs.
En 1839, une nouvelle mission d’information dresse un rapport suggestif attirant l’attention du commerce français sur ce pays prometteur. Construit sur le versant d’une colline, au point extrême du Rio-Nunez navigable et au confluent de ce fleuve avec le Batafon, Boké, jouissant d’un climat relativement salubre, était tout indiqué aux négociants européens comme station où les transactions devaient être avantageuses. Ce fut l’un des points de ravitaillement en caoutchouc de la colonie.
Le 19 janvier 1866, une attaque des troupes françaises aboutit à l’installation à Deboké (nom de la ville à l’époque) d’un poste. Trois jours plus tard un lieutenant de vaisseau français conclut avec le roi Landouma un traité qui place son pays sous la suzeraineté et le protectorat de la France. Ce document comporte des clauses analogues à celles du traité de protectorat passé avec les Nalous, signé le 28 novembre 1865. L’installation de la caserne (où est construit en 1878 un fortin, toujours debout aujourd’hui) et la signature des traités permettent aux négociants français de commercer en toute sécurité avec l’intérieur du pays et de lutter contre les Anglais et Portugais.
C’est le point de départ de la conquête économique et politique de la Guinée. L’occupation de ce point stratégique, puis l’installation d’autres comptoirs sur les rivières de la côte maritime, forment une chaîne de points d’appui d’où prennent corps les Cercles du Rio Nunez, du Rio Pongo, de Dubréka et de la Mellacorée. La mise sous tutelle de ces cercles reste cependant menacée tout au long de l’occupation par les rébellions des chefferies autochtones qui souhaitent retrouver la gestion de leurs territoires.
Cette ville a connu des héros comme Dinah Salifou Camara. C’est de là que les colons ont transporté le roi du Fouta Alpha Yaya Diallo pour l’emprisonner dans le fortin avant de l’embarquer pour Conakry. C’est également un lieu de passage pour Aimé Olivier de Sanderval lors de ses expéditions vers le Fouta-Djalon.
Plus récemment, en 1973, le futur Président Lansana Conté est nommé commandant de la région militaire de Boké afin d’aider le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), mouvement de guérilla indépendantiste, dans le pays voisin, la Guinée portugaise. Le Président Alpha Condé est né à Boké (1938) et a fait ses études dans cette ville jusqu’à son départ pour la France a 15 ans.
Sources:
Rossi G. (ed.), Bazzo D., Lauffer M., Moreau Noëlle, Fontana André, Sow M., Diallo I., Atlas infogéographique de la Guinée maritime, Conakry, IRD, 2001 p. (lire en ligne), p. 12
« Guinée: les raisons de la colère à Boké, centre de l’exploitation de la bauxite », sur rfi.fr, 28 avril 2017 (consulté le 24 juin 2017)
Quella-Villéger, Alain., « Boké, Kilomètre zéro. », Revue des Deux Mondes,‎ 2010, p. 21-29
Khalil Kaba



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