Conakry: Cellou Dalein Diallo a dit sa part de vérité dans l’affaire Air Guinée

1478

Selon certains observateurs, le président de l’union des forces démocratiques de guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, est impliqué dans la vente d’Air Guinée. Pour faire taire les rumeurs avant le jugement du dossier par la CRIEF, le concerné a brisé le silence. Il l’a fait savoir lors de l’assemblée générale de son parti politique tenue hier samedi 05 février 2022 à Conakry.  

D’entrée, Cellou Dalein Diallo a déploré le fait qu’à l’approche de chaque élection présidentielle, que son nom soit cité dans ‘’ l’affaire Air Guinée’’. « Air Guinée, je vous explique comment ça s’est passé. Vous savez, à l’avènement du CMRN, les partenaires de développement notamment les institutions de Breton Wood ont demandé de privatiser toutes les entreprises publiques. On a commencé en 1988 pour Air Guinée. La compagnie avait 3 avions neufs : un Boeing 707, un 727 et un 737. Ils ont dit qu’il faut revendre les avions et fermer Air Guinée ou la privatiser. 

En 88, j’étais un simple fonctionnaire à la banque centrale mais j’ai suivi le processus. Ils ont revendu les 2 avions : le 707, et le 727. Ils ont dit qu’il faut laisser le 737 pour les voyages du président ; on n’a pas achevé la privatisation. Donc, l’avion était resté là avec 500 personnes qui devaient être payées, qui travaillent pour la compagnie. C’était à la fois l’avion présidentiel (le président voyageait beaucoup à l’époque) et lorsqu’il n’est pas là, il n’y avait pas de transport ». 

Selon lui, les déficits se sont accumulés, les subventions ont augmenté. « Le fond et la banque sont revenus à la charge pour dire qu’il faut liquider Air Guinée et laisser l’avion au président ou chercher une compagnie partenaire de taille moyenne. Ça, ça a été accepté, le dossier a été préparé et soumis au conseil des ministres qui a approuvé la privatisation d’Air Guinée.

Le ministre des finances a demandé une assistance technique à la banque mondiale parce que c’est lui (le ministre des finances) qui est chargé des privatisations, c’est lui en charge du portefeuille de l’État. La banque mondiale lui a envoyé une société qui s’appelle ‘’Aéro-synergie’’, puisque j’étais ministre des transports. L’expert était là en train de rédiger le cahier de charge et le dossier d’appel d’offres lorsque le président Conté a décidé qu’il ne fallait plus vendre (parce que les 2 premiers avions ont été vendus au Nigeria). Il a dit non, cet avion là il faut le vendre à Mamadou Sylla. 

Je ne parlais pas avec Mamadou Sylla, à l’époque ; il y avait une animosité extraordinaire entre nous. Le président m’a appelé et m’a dit ‘’vous êtes en train de vendre mon avion ?’’ J’ai dit oui M. Le Président le conseil des ministres a décidé et la banque mondiale a envoyé l’expert. Actuellement, il est en train de rédiger le cahier de charge’’. Il dit : non, il faut arrêter. Est-ce que c’est la banque qui a acheté l’avion ?  J’ai dit non, mais on a décidé au conseil des ministres. Il dit : moi, je suis pour la vente mais, vendez aux guinéens parce que les deux autres…je ne dis pas de lui donner mais il faut lui vendre ». Je dis président, ce n’est pas moi qui suis chargé de la privatisation. Il y a un ministère chargé de la privatisation, c’est le ministre de l’économie et des finances au sein duquel il y a une unité de privatisation et à l’époque dirigé par Ibrahima Camara.

Dès que je sors, je dis, Cheick tu risques d’avoir des problèmes avec la banque et au fond parce que tu leur as demandé un expert, ils l’ont envoyé et il est en train de finir son travail, le président veut remettre Air Guinée à Mamadou Sylla. Lève-tôt sinon il va le faire et tu auras un problème de crédibilité avec le fond et la banque. Il a essayé, le président était catégorique (il ne faut pas oublier, c’est son avion de commandement). Il a décidé qu’il fallait vendre à Mamadou Sylla. A partir de là, c’est le rôle du ministre des finances.

Le président a pris un décret pour liquider Air Guinée et demander de vendre les actifs destinés à Mamadou Sylla. Dans le décret, c’était mentionné : ‘’le ministre de l’économie et le ministre des transports sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’application du présent décret’’. Ce décret existe. Alors, en matière de transport, c’est le ministère des transports qui gère les droits de trafic du pays. C’est-à-dire que seul le ministère du transport peut autoriser un instrument, une compagnie de faire la liaison avec le Sénégal, la sierra-Léone ou avec la France. Ça, c’est une compétence exclusive du ministère des transports.

Après, ils ont négocié là-bas, ils ont fixé un prix, il a payé, je ne sais pas combien. On m’a dit qu’il avait payé 4 millions de dollars. 4 millions de dollars pour un Boeing qui avait 20 ans, c’était raisonnable… Et, il a payé combien ? Ça, c’est le rôle du ministère des finances et du trésor. Nous, on n’a pas envoyé de commission dans la liquidation. Mais, je pense que l’opération a été relativement bien menée. Je ne sais pas qu’est-ce qu’on a fait des paiements ou s’il y a eu paiement(..). 

Maintenant, la convention qui comportait les dispositions relatives au transfert des droits de trafic d’Air Guinée à Air Guinée express, cette convention, je l’ai signée. Il y a eu beaucoup de problèmes entre moi et le président pour ça parce qu’il pensait que je m’opposerais parce que j’étais en conflit ouvert avec Mamadou Sylla, c’était connu de tous. Je dis non, c’est parce que des engagements étaient pris. Je voulais juste vous rassurer, ils sont là mes collaborateurs : la manière dont on a travaillé, c’était héroïque dans le contexte ».

Aboubacar M’mah Camara



Guinée Nondi, tout ce qui est information de qualité est notre