Personnalité guinéenne du Mois : Ibrahima Sanoh l’auteur de l’ouvrage « Le Destin Fabuleux de Fanta Sékou Keïta »

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Des guinéens compétents, on les retrouve dans tous les domaines de la vie. De par leurs talents,  ils font bouger les choses. Ibrahima Sanoh est dans cette catégorie. C’est pourquoi il a été choisi par notre rédaction comme personnalité guinéenne du Mois.

Qui est Ibrahima sanoh ?

Né à Guéckédou il y a de cela 31 ans, Sanoh après avoir obtenu son baccalauréat avec Brio (mention Bien) en sciences mathématiques, s’est envolé pour le Maroc où il obtient un Master à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) de  Settat, Gestion Financière et Comptable en 2015. Après plusieurs expériences en banque, dans des cabinets en montages financiers et de l’évaluation des entreprises, Ibrahima Sanoh décide de rentrer au pays pour servir la nation.

Il a enseigné pendant trois ans (2016-2019) en Stratégie d’Entreprise et Politique Générale, Evaluation des entreprises,  Gestion financière internationale,  fusions-acquisition,  Gestion du portefeuille et  d’Entrepreneuriat à (Institut Supérieur de Commerce  et d’Administration des Entreprises de Guinée, ISCAEG-Guinée. Il a aussi participé à la rédaction de plusieurs rapports  et autres documents d’utilités publiques. Il est actuellement consultant des questions économiques  à la Radio FIM FM.

En plus de ces parcours brillants, Ibrahima Sanoh a mené plusieurs combats pour la Justice et se réclame comme un citoyen engagé contre l’injustice dans sa toute les formes. Il est aussi un excellent écrivain, il est l’auteur de plusieurs publications. Son dernier Livre « Le destin fabuleux de Fanka Sékou Kéita », est un véritable « chef d’œuvre » littéraire.

Le livre parle non seulement de la vie d’un guérisseur et devin résidant dans un village de Siguiri, mais aussi « des aspects relatifs à la culture mandingue ».

C’est au regard de toutes ces contributions que nous  avons choisi Ibrahima Sanoh comme personnalité guinéenne du Mois. Nous sommes allés à sa rencontre pour un entretien.

Bonjour Monsieur Sanoh

Bonjour Guinée Nondi

Guinée Nondi : Vous avez été choisi par notre rédaction comme personnalité guinéenne du mois au regard de  l’ensemble de vos œuvres, quel est le sentiment qui vous anime ?

Ibrahima Sanoh : C’est avec assez de surprises que j’ai appris cette  nouvelle.  Je crois qu’il est des Guinéens dont les actes ont plus d’éclats et qui sont plus méritoires.  Mais comment pourrais-je refuser un honneur ? 

Alors, je reçois cette désignation comme un encouragement et une invite à plus de rigueur et de sérieux  dans  mes engagements civiques. Merci pour l’estime que vous me portez.

 En plus d’être un bon gestionnaire, il me semble aussi que vous êtes activiste de la société civile,  si tel est le cas, vos revendications portent sur quoi, vous militez dans quel domaine ?

Je ne suis pas un activiste. Je ne suis pas de la société civile, je n’y ai aucune plateforme.  Mon engagement est citoyen et artistique.  Je ne milite pas dans un domaine particulier.  J’aime la liberté, je me dresse alors contre tout ce qui l’entrave. Je suis attaché à la justice, je déteste l’injustice.  Je déteste la violence et les institutions qui la créent.

La Guinée traverse une crise sociopolitique depuis plusieurs mois maintenant, en tant qu’observateur avisé  de cette situation, selon vous, quelles  sont les solutions  de sortie de crise ?

     Dans le contexte actuel, je ne crois pas au dialogue. L’exécutif guinéen n’en veut pas. Il  s’est imposé aux Guinéens par la force,  la fraude à la Constitution du 7 mai 2010.  Il ne donne aucune impression de désirer l’apaisement.  Alpha Condé doit libérer ses adversaires politiques.  C’est lui la menace à la stabilité et à la paix.

Dans votre parcours, il y a une publication faite en 2018 qui nous intrigue «  La  réconciliation nationale  par la lutte contre la corruption : 41 propositions concrètes  » de quoi s’agit-il ? Expliquez-nous concrètement.

 En août 2018, j’ai entrepris une marche du camp kèmè Bourama de Kindia à la place des martyrs de Conakry pour la mémoire, contre la corruption et l’alternance en 2020.    Avant cette marche, j’avais écrit un essai sur la réconciliation nationale et avait pris plusieurs positions en tant que citoyen sur plusieurs sujets de la vie nationale.  Par cette marche, j’ai voulu attirer l’attention de l’exécutif guinéen et par-delà les Guinéens sur l’absence de politiques mémorielles dans notre pays été ses conséquences.  Comme  je n’aime pas le populisme, j’ai entrepris la rédaction de deux papiers sur la réconciliation nationale et la lutte contre la corruption. Ces papiers visaient à  éviter que ma marche soit réduite aux mots.  Malheureusement, le symbole de la marche fut galvaudé, on m’a réduit aux muscles.

 La marche visait la paix et la paix : c’est le passé, le présent et l’avenir.  La corruption empêche l’effectivité des politiques de développement et crée des inégalités après avoir aggravé la pauvreté.  Cette injustice devait être combattue. Elle doit encore l’être plus qu’elle grandit chaque jour. Alors, il fallait proposer une réflexion et esquisser des solutions. C’est ce que j’ai fait.  

Dans ce papier, j’ai  fait l’état des lieux de la corruption avec des chiffres et une documentation variée. J’ai mentionné dans ce document que Bolloré avait financé la campagne présidentielle du Président Condé et celui de Faure au Togo et que ces  faits de corruption étaient très graves.   On ne l’a pas lu. Dans le document, j’avais aussi  évoqué les causes et conséquences de la corruption en Guinée et puis j’ai fait une proposition de 41 mesures en vue de lutter efficacement contre la corruption en Guinée : ces mesures portent sur la stratégie nationale de lutte contre la corruption, l’architecture des institutions devant la combattre, les incohérentes et insuffisantes dans les législations en vigueur et comme les corriger, les  audits, les réformes à mener, etc.

Comme Alpha Condé n’a pas entendu mon appel  de ne pas être candidat à un autre mandat illégal, alors, le 2 janvier  2019,  j’ai créé le tout premier mouvement pour l’alternance en 2020. Je l’ai quitté après les résultats de la présidentielle de 2020  après avoir constaté que l’alternance était compromise.

En lisant  votre parcours, l’on se rend compte  que vous êtes écrivain, parlez-nous de votre dernier livre, et dites-nous quelles sont les raisons qui vous ont poussées  à embrasser le métier ?

J’écris par passion. Suis-je un écrivain parce que j’ai publié des livres ?  J’en doute fort.

 A mon avis oui,

 Vous avez quand même écris des livres ?

Oui, Je suis un  passionné des lettres. Mon écriture est celle de l’urgence. Elle traite des questions ponctuelles jugées urgentes. 

 Mon dernier livre traite de la vie d’un guérisseur et devin résidant dans un village de Siguiri. Il a passé  dix-neuf avec les fauves dans une caverne pour  fuir la méchanceté des hommes et les moqueries de ses camarades d’âge. Il soigne gratuitement les maladies graves avec une mixture d’eau et de feuilles de toutes sortes.  J’ai écrit sur lui pour  lui rendre hommage pour le bien qu’il fait aux autres sans rien exiger en retour, aussi pour permettre aux Guinéens et Africains de le connaître et de pouvoir accéder à ses services qui sont gratuits. De nombreuses personnes sont souvent confrontées aux  maladies graves et manquent de moyens pour se soigner ou ne sont pas satisfaites des résultats dans les hôpitaux, elles pourraient venir à lui à la condition qu’elles aient des informations sur ce qu’il fait et la personne qu’il est. Dans cet ouvrage, je traite aussi des aspects relatifs à la culture mandingue. 

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

L’avenir, qu’est-ce que c’est ?  Je ne saurais rien dire. Je me fourvoie dans ce pays sans repères morales où Alpha Condé a tout détruit.  Je vis le temps présent. J’écris d’autres ouvrages sur l’éducation, les questions mémorielles. J’enseigne et je recueille des récits sur la tradition orale dans les villages de la Haute-Guinée.

Quel est votre dernier mort ?

Merci pour l’estime, merci à toute l’équipe de Guinée Nondi



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