Personnalité guinéenne de l’année catégorie « AGENT PUBLIC » Kemoko Dioubaté Chef service officier de l’état Civil « délégué de Matoto »

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L’administration est considérée comme un ensemble d’activité qui « matérialise l’exercice des pouvoirs publics ». Autrement dit, toute organisation incarnant une collectivité publique. En Guinée, l’opinion n’a pas forcément une bonne image de la fonction publique qui est souvent gangrenée par la corruption. Malgré cela, certains fonctionnaires tirent leur épingle du jeu, et font honneur à la collectivité de par la qualité de leur service et surtout le respect des valeurs de la république. C’est dans cette catégorie que se trouve Kemoko Dioubaté le chef service de l’état Civil Délégué de la commune de Matoto.

Grace à la qualité du service rendu aux citoyens de Matoto et surtout les nombreuses réformes entreprises par cette jeune équipe, Kemoko Dioubaté a été choisi par notre rédaction comme personnalité guinéenne de l’année dans la catégorie agent public. Autrement comme meilleur officier de l’état civil en Guinée

Qui est Kemoko Dioubaté ?

Il est actuellement le chef service officier de l’état civil délégué de la commune de Matoto.  Kemoko Dioubaté est diplômé en Lettres modernes à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Sonfonia. Après ses études supérieures, Kemoko a débarqué à l’état civil de Matoto et gravi tous les échelons pour devenir aujourd’hui le chef de ce service si important au niveau de la collectivité. De par son ouverture d’esprit, son charisme et surtout sa rigueur dans le travail ont fait que les différents maires lui ont confié les clés de ce service très délicat et strategique

Aujourd’hui, de par les reformes entreprises par son équipe, la Commune de Matoto a le meilleur service d’état Civil de la capitale. Le travail est professionnalisé et tout est informatisé de la naissance au mariage sans oublier les actes de décès ou autres déclarations liées à l’état civil.

Notre rédaction est allée à la rencontre de cet agent qui fait honneur à sa fonction

Guinée Nondi : Bonjour Monsieur Dioubaté

Kemoko Dioubaté : Bonjour Guinée Nondi

 POUR COMMENCER, VOUS AVEZ ETE CHOISI PAR NOTRE REDACTION COMME PERSONNALITE GUINEENNE DE L’ANNEE DANS LA CATEGORIE AGENT PUBLIC, QUEL EST VOTRE MESSAGE PAR RAPPORT A CE CHOIX ?

Je suis très content. Je suis animé d’un sentiment de fierté car tout ce que tu fais tu es observé. Les observations peuvent venir de l’intérieur tout comme de l’extérieur. Je suis  surpris par la distinction d’une part,  mais de l’autre part aussi par rapport aux réformes que je suis en train d’engager, ici je ne suis pas surpris. Je sais juste qu’il faut prendre à cœur ceque l’on fait. Si on travaille bien, tôt ou tard le travail bien fait sera récompensé. C’est un sentiment de joie. D’ailleurs je dédie ce prix à toute mon équipe, car sans elle, on ne peut arriver à ce résultat.

EN QUOI CONSISTE VOTRE TRAVAIL ICI?

 Le maire est l’officier de l’état civil, en termes juridique, il délègue son pouvoir à un agent compétent qui sera le chef service pour pouvoir jouer pleinement son rôle à l’état civil en signant les actes. Je suis celui qui signe tous les actes. Que ça soit la naissance, le mariage, et le décès.

QUELLES SONT LES RÉFORMES ENGAGÉES A LA COMMUNE DE MATOTO POUR RÉVOLUTIONNER L’ÉTAT CIVIL ?

Je suis à la commune depuis 2010, j’ai été comptable et 2 ans après je suis devenu assistant gestionnaire auprès du chef service, ensuite le défunt maire Mohamed Koumandian Keita m’a désigné pour célébrer les mariages. C’est en 2018 que Dieu m’a donné les destinées de  ce service. Quand je prenais service, il y’avait des choses à changer, il y’avait beaucoup de chose à faire afin de révolutionner le service.

Par ailleurs, Je vous informe que l’état civil est le premier service public de l’état. Tout commence par l’état civil,  et tout fini par ici encore.  Donc il ne faut pas s’amuser avec l’état civil. L’enregistrement des naissances marque le départ pour tout homme. L’acte de naissance est le premier passeport pour l’enfant. Si l’enregistrement de la naissance passe à côté, c’est qu’il n’y a plus de fiabilité autour de la naissance d’un enfant et la personne va évoluer ainsi dans la fausseté.

La révolution c’est aussi abandonner le dactylo pour l’ordinateur, il fallait combattre les dactylos pour aller vers le numérique. Avec courage, nous avons essayé de rajeunir le service car avec les anciens, beaucoup de faux actes étaient délivrés.

Pour les naissances, le code de l’enfant dit que la déclaration doit se faire au plus tard les 06 mois précédents la naissance, dépassé ce delai, les parents doivent s’adresser à un tribunal pour avoir un jugement supplétif afin de le transcrire à l’état civil.

Par manque d’informations beaucoup de faux actes ont été délivrés par les anciens. Abandonner les dactylos n’a pas du tout été facile mais ce fut la première révolution du service.

Ensuite nous avons donné de la valeur à l’archive. Quand les gens se marient ils vont avec le volet déclarant, mais la souche elle,  reste ici, et si elle n’est pas bien protégée, ce n’est pas bien. Car en cas de litige et autre, on peut le retrouver facilement. Nous avons donc cherché un local et confié la gestion de l’archive à un contractuel de la commune. Aujourd’hui tout est informatisé et avec son appui l’ordre est mis.

Nous avons aussi rajeuni le personnel et cela nous a permis d’aller vite. Cela nous permet aussi d’être performant et efficaces dans le travail, et éviter aux gens de faire des allers-retours justes pour récupérer un acte.  Nous avons aussi misé sur la ponctualité. Ici au sein de notre service l’heure d’arrivée au boulot est fixée à 08h30. Si tu arrives 1 minute en retard tu retournes chez toi. 

Au niveau des mariages, nous avons fait des sensibilisations parce que les gens pensaient que quand tu fais le religieux ce papier-là peut te servir. Selon la loi, c’est le civil qui doit précéder le religieux mais le social a pris le dessus. Nous avons aussi révolutionné et décentraliser la célébration du mariage. Il est vraiment gênant de voir des gens faire la queue juste pour une signature. Nous avons formés des jeunes qui peuvent officiers les mariages et aussi selon le nombre de couples nous créons des centres pour que tout se passe rapidement.  C’est d’ailleurs ce qui pousse beaucoup à venir célébrer leur mariage à Matoto. Quand il y’a beaucoup de monde moi-même je célèbre les mariages.

Avant on demandait au mari de revenir récupérer l’acte de mariage mais maintenant le couple va avec son papier dûment signé par moi.

POUVEZ-VOUS NOUS DONNER QUELQUES STATISTIQUES DE CETTE ANNEE 2020 AU NIVEAU DE VOTRE SERVICE ?

Il y a eu durant l’année 2020, 23.142 actes réalisés par nos services dont : 7583 naissances, 207 cas de décès, 3220 mariages et 12.132 transcriptions.

VOTRE DERNIER MOT:

Je suis comblé de joie par cette distinction de Guinéenondi. Merci pour tout, merci à toute l’équipe.

Je vous informe aussi que Monsieur le maire a pris un acte pour envoyer des agents dans les structures de santé afin de récupérer les déclarations de naissance afin de les enregistrer à l’état civil. Les parents pensent qu’après la déclaration l’enfant est déjà enregistré non. La déclaration est différente de l’enregistrement. C’est la sage-femme qui déclare la naissance mais l’enregistrement revient à l’état civil.

Je demande aux parents d’enregistrer les enfants à l’état civil et aux différents couples désireux de se marier, de ne pas penser aux moyens ni aux nombres des accompagnants. La loi demande juste 4 personnes et la 5ème personne c’est l’officier d’état civil qui fait office de témoin. Au niveau des décès c’était 3 jours maintenant nous avons ramenés à 3 mois pour l’enregistrement des décès. Voilà pourquoi je dis que tout commence par l’état civil et tout finit par l’état civil je vous remercie

Entretien réalisé par Hanny Diallo



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