Personnalité guinéenne de l’année, catégorie « Société Civile », Maître Mohamed Traoré avocat

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2020 a été une année difficile pour la Guinée. En plus de la pandémie qui a touché le pays, la Guinée a connu une année trouble due aux différentes crises liées au changement constitutionnel et la problématique du troisième mandat.

Dans cette guerre, si certains ont utilisé la « violence légitime » pour tuer et réprimer les opposants, d’autres ont utilisé leur plume pour convaincre, pour dénoncer et enseigner. C’est dans cette seconde catégorie que se trouve Maitre Mohamed Traoré avocat au barreau de Guinée, qui a été l’un des principaux Remparts juridiques contre le changement constitutionnel et le troisième mandat.

Dès la fin de l’année 2019, sentant les prémisses du coup d’état constitutionnel, maître Traoré a fait de sa plume une véritable défense des acquis démocratiques  dans notre pays. En 2020, en plus d’être un grand défenseur des droits des opposants dans les différents tribunaux au compte du FNDC,  la plume de maître Mohamed Traoré a été un véritable cauchemar pour les partisans du changement constitutionnel et du troisième mandat

Qui est Maître Mohamed Traoré ?

Sortant de la Faculté de droit et des sciences économiques de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, option droit privé, maître Mohamed Traoré a été major de sa promotion à l’examen de sortie en 1994. Il est aujourd’hui avocat au Barreau de Guinée. Il a été aussi  membre de plusieurs Conseils de l’Ordre des Avocats avant de devenir Bâtonnier de l’Ordre des Avocats pendant quatre ans. Maitre Mohamed Traoré a été membre du Conseil National de Transition, parlement de transition.

Parallèlement à ses activités en tant qu’avocat, il enseigne depuis plus de quinze ans à l’Université Gamal Abdel Nasser d’abord et à l’Université de Sonfonia. Il dispense des cours en « Institutions juridictionnelles, procédure civile, droit du travail et de la sécurité sociale ». De l’avis de plusieurs étudiants de ces institutions, maître Traoré est l’un des meilleurs enseignements. La simplicité avec laquelle il enseigne et surtout la maitrise de ses cours, font de lui le chouchou des amphithéâtres.

Aujourd’hui, de par ses écrits, il est devenu le plus grand pourvoyeur de papiers de presse pour les sites en Ligne en Guinée. Les sites ont publiés des centaines d’articles écrits par Maître Mohamed Traoré. Ces écrits sont consommés comme de petits pains par les lecteurs. Il est aussi admiré même par ses propres adversaires qui reconnaissent en lui une force tranquille sans faille dans le débat juridique sur les différentes problématiques liées à la constitution.

Durant toute l’année, il a su élever à travers ses publications le niveau du débat juridique sur le changement de constitution et le troisième mandat. Il était aussi sur le terrain lors des différentes manifestations organisées par le FNDC. Bref sa plume a été lors des derniers mois, la voix des sans voix, une forteresse juridique pour non seulement défendre les libertés fondamentales, mais aussi et surtout les acquis démocratiques chèrement acquis par les guinéens.

C’est eu égard à cette grande contribution dans le débat public guinéen sur ces problématiques que maître Mohamed Traoré a été choisi par notre rédaction comme personnalité guinéen de l’année 2020 dans la catégorie société civile.

Voici deux des articles de Maitre Traoré les plus lus sur notre Site

1- Manifestation Pacifique : Les Guinéens Ne Devraient Plus Accepter Que Le Pouvoir Confisque Un De Leurs Droits Ou Une De Leurs Libertés

By Guinée Nondi

Oct 23, 2019, 08:21 00

La marche pacifique du jeudi 24 octobre n’est pas interdite. Ce n’est une simple question de terminologie que de faire une distinction entre  » la marche n’est pas interdite » et  » la marche est autorisée «. Cela étant précisé, cette marche présente deux enjeux pour ceux qui sont opposés au projet de changement de constitution et qui se connaissent dans les valeurs et principes que défend le FNDC.

Le premier enjeu est celui de la mobilisation. Les Guinéens qui se disent favorable au principe de l’alternance doivent abandonner les claviers de leurs smartphones et ordinateurs pour descendre dans la rue et exprimer leurs opinions. La bataille ne se fait pas seulement derrière un ordinateur. Le camp d’en face doit comprendre, à travers l’importance de la mobilisation, que les adversaires de la présidence à vie ne sont pas minoritaires comme il le prétend.

Le deuxième enjeu est celui de la sécurisation de la marche. Il faudrait que les Guinéens qui n’y croient pas se convainquent une fois pour toute qu’une manifestation sur la voie publique peut se dérouler sans violence. Il s’agira de faire la preuve qu’une manifestation sur la voie publique ne doit plus jamais créer une psychose. C’est la seule manière d’enlever tout argument à ceux qui criminalisent de mauvaise foi l’exercice d’un droit constitutionnel, celui de manifester (article 10 de la Constitution).

Les organisateurs de la marche doivent pour cela prendre des mesures de sécurité exceptionnelles pour éviter en particulier l’infiltration de fauteurs de troubles au sein des manifestants. Il n’est pas exclu en effet que des individus mal intentionnés se mêlent aux manifestants pour créer des incidents dans le seul but de salir ces derniers.

Mais quoi qu’il en soit, les Guinéens ne devraient plus accepter que le Pouvoir confisque ou restreigne un de leurs droits ou une de leurs libertés si ce n’est dans l’intérêt général.

La marche pacifique du jeudi 24 octobre n’est pas un cadeau offert par le Pouvoir. C’est un droit. Et c’est le fruit des manifestations du 14 octobre qui ont été réprimées dans le sang. Il faudrait intégrer dans les revendications la mise en liberté sans condition des leaders du FNDC injustement condamnés et emprisonnés.

Maître Mohamed Traoré ancien bâtonnier de l’ordre des avocats

2- RÉFÉRENDUM DU 22 MARS: L’ESCROQUERIE POLITIQUE DU SIÈCLE (Par Maître Traoré)

By Guinée Nondi

Juin 14, 2020, 09:05 00

Quelle différence existe-il réellement entre une constitution non soumise au référendum (2010) et une constitution substituée à celle soumise au référendum (2020) ?

Si la première est illégitime, la seconde l’est indiscutablement. Leur point commun est le défaut de légitimité. Par conséquent, on n’aurait pas dû tuer plus de cent personnes sous le prétexte de doter la Guinée d’une constitution qui serait l’émanation des Guinéens.

Parlant de la Constitution de 2010, elle avait au moins l’avantage d’être le fruit d’un très large consensus contrairement à celle que l’on veut imposer aux Guinéens par la complicité de la Cour constitutionnelle, et qui est née d’une forfaiture sans précédent dans l’histoire constitutionnelle de l’Afrique et du monde.

Mais contrairement à ce que pensent certains, le débat sur cette question est loin d’être clos.

En effet, la Cour constitutionnelle déclare que la Constitution de la République de Guinée est celle qui est publiée au Journal Officiel du mois d’avril 2020. Or, ce texte n’est pas celui qui a été soumis au référendum du 22 mars 2020 et qui est censé, officiellement, avoir été adopté par une « large majorité » de Guinéens selon le résultat publié par la Commission Électorale Nationale Indépendante. D’ailleurs, la haute juridiction a évité de façon délibérée la question de la concordance entre le texte approuvé le 22 mars et celui publié au Journal Officiel. Elle savait en effet qu’en se livrant à cette petite vérification, elle se serait aperçue sans peine de l’écart entre les deux textes.

En tout état de cause, la Cour constitutionnelle, tout comme les autres institutions de la République, n’est pas au-dessus du peuple souverain de Guinée. C’est plutôt le peuple qui est au-dessus d’elle. Elle ne peut donc imposer à celui-ci une loi fondamentale qui ne reflète pas sa volonté.

Si le Pouvoir a pris l’initiative de consulter le peuple en vue de lui demander de voter pour ou contre un texte, il doit veiller en même temps à ce que le résultat de cette consultation soit absolument prise en compte. C’est une obligation fondamentale pour lui. Travestir cette volonté serait ni plus ni moins une forfaiture, un crime de haute trahison.



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