« Seul l’éthique, et le respect de la loi donneront à la justice ses lettres de noblesses » Halimatou Camara
Simone de Beauvoir disait « on ne nait pas femme, on le devient » autrement dit, la différence entre l’homme et la femme n’est que biologique. Donc « l’inégalité homme et femme est culturellement construite, et non naturelle ». Cela voudrait dire que Tout ce que l’homme peut faire, la femme aussi est capable d’accomplir. Halimatou a compris très tôt cette citation et tente de la traduire dans les faits afin d’accomplir ses rêves.
Née à Conakry il y a une trentaine d’année, Halimatou Camara après de brillantes études à l’école primaire de Nongo, puis au collège et Lycée Koffi Annan, décrocha le Bac avec brio en 2004. Elle fut orientée en Philosophie à l’université de Kankan. Après certaines démarches administratives, elle fut acceptée à l’université Cheick Anta Diop de Dakara à la faculté de Droit. Ainsi, c’était l’occasion pour elle d’accomplir son rêve d’enfant : devenir avocate.
Elle obtient en 2011 une maitrise en droit privé, option judiciaire. En plus de son brillant parcours académique, Halimatou Camara fut une figure associative dans les différentes associations des guinéens de Sénégal. De 2009 à 2010, elle fut successivement présidente des étudiants guinéens de l’UCAD et présidente des élèves, étudiants et stagiaires guinéens au Sénégal.
Le 30 Novembre 2012 Halimatou Camara a prêté serment à l’issue d’un concours de certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Aujourd’hui, elle exerce son métier avec brio. Elle est la seule femme membre du collectif des avocats qui défendent les membres du FNDC victimes d’injustices ou autres arrestations arbitraires. Dans les tribunaux, elle ne laisse aucun cadeau aux juges et aux procureurs qu’elle croise sur son chemin. Elle balaie tout avec des arguments solides et convaincants. Ses interventions dans les tribunaux sont de véritables régales en matière judiciaire. Ses plaidoyers forcent l’admiration de ses collègues et public.
En Guinée, le métier d’avocat a été considéré pendant trop longtemps comme une activité masculine, un terrain de « l’entre-soi masculin ». Aujourd’hui, une dizaine de femmes dont Halimatou Camara de par leur persévérance, leur qualité et surtout leur professionnalisme tentent de briser ce plafond de verre et d’ouvrir la voie à d’autres femmes
C’est au regard de ce parcours brillant et surtout de son activisme envers les plus démunis que notre rédaction a choisi Halimatou Camara comme personnalité Guinéenne du mois : Elle est une fierté pour la femme guinéenne et surtout pour sa profession.
Nous sommes allés à sa rencontre
Guinée Nondi : Bonjour Halimatou Camara
Halimatou Camara : Bonjour Guinée Nondi
Nous allons aller droit au but, Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce métier?
Il y’a plusieurs facteurs qui m’ont motivés à exercer la profession d’avocat. J’ai toujours été très hostile aux injustices de ce monde. Je suis également la petite fille d’une personne qui est restée dans les geôles du régime de Sékou Touré. J’ai donc très naturellement une fibre de défenseur et d’activiste des droits humains.
Aujourd’hui, vous êtes la seule femme membre du collectif des avocats qui défendent les membres du FNDC, pourquoi ce choix ?
Je l’ai décidé car il ne pouvait en être autrement. En tant qu’avocate, je ne pouvais cautionner des arrestations que j’estime arbitraires. Pour moi il est inconcevable qu’en ce 21 ème siècle que des personnes puissent être interpellées parce qu’elles ont choisies de défendre la constitution de leur pays afin d’éviter une énième présidence à vie à leur pays. Donc c’est tout naturellement que je me retrouve dans ce collectif pour défendre la justice et combattre l’injustice
Vous êtes aujourd’hui une référence en Guinée en ce sens que vous exercez un métier où il y a beaucoup d’hommes. Comment vous vous sentez dans ce travail, et comment parvenez-vous à relever ce défi ?
La vie est et demeure un challenge à relever pour tous les êtres humains. Je me sens très en phase avec mes principes. C’est par le mérite et le travail que je me suis retrouvée dans cette profession. J’ai toujours été une avocate dans l’âme et j’y suis à ma juste place. En tant que femme je suis fière de mon parcours dans ce milieu très masculin.
Quel regard portez-vous sur la justice guinéenne dans sa globalité ?
La justice guinéenne a depuis plusieurs années engagée des réformes notamment la révision de plusieurs textes de lois, on ne peut que saluer certaines de ses réformes.
Cependant la justice n’a pas de prix, elle a un coût. Ne dis-t-on pas que la justice est la colonne de l’État ? Si nous voulons un État fort et sérieux il nous faut un système judiciaire fiable. Aujourd’hui quel est le budget alloué à ce secteur, moins d’1% du budget national
Il faut une formation sérieuse pour tous les acteurs intervenants sur la chaine pénale. Si nous voulons un service public judiciaire à la hauteur il va falloir y investir des moyens. Seul l’éthique, et le respect de la loi donneront à la justice ses lettres de noblesses.
Quel est votre mot de la fin ?
Je vous remercie de la considération que vous avez accordée à ma modeste personne et surtout le bon travail de toute l’équipe. Nous sommes aussi fiers de vous
Merci pour cet entretien
C’est moi qui vous remercie
réalisé par Sonny Camara et Hanny Diallo