Depuis la sortie musclée d’Elhadj Sékhouna Soumah à la suite des évènements survenus hier à son domicile à Tanènè, beaucoup de gens rappellent, comme pour le discréditer, son intervention lors de l’inauguration du Barrage de Kaleta. Dans cette intervention, il appelait toute la Guinée à soutenir le Président Alpha Condé. Selon ses détracteurs, il ne serait pas cohérent. Autrement dit, il ne peut appeler à soutenir le Président de la République il y a quelques années et se dresser aujourd’hui contre son projet de troisième mandat. Un tel raisonnement est tout simplement superficiel.
En effet, il peut bien soutenir le Président de la République et le féliciter pour ce qu’il a eu à faire en termes de réalisation tout en s’opposant à un projet de présidence à vie. Dans tous les cas, pour ce qui est de son opposition au projet de troisième mandat, il est resté, contre vents et marées, constant, inflexible. Sur cette question, il n’a varié à aucun moment malgré les sollicitations, les intimidations et même parfois les humiliations.
C’est le lieu de dire que tous ceux qui militent contre ce projet ne sont pas forcément contre le Président de la République mais contre ce qu’ils considèrent comme un recul de la démocratie dans notre pays. Le sang versé par des centaines de Guinéens pour obtenir ce qui peut être considéré aujourd’hui comme acquis démocratiques ne doit pas être vain. L’idéal de démocratie de nombreux citoyens guinéens transcende les considérations partisanes.
Ils sont nombreux aujourd’hui ces Guinéens qui ont soutenu le Président de la République et dont le divorce d’avec lui s’explique par ce projet de troisième mandat. Présenter donc Elhadj Sékhouna Soumah comme une personne incohérente équivaudrait à penser que quand on soutient un dirigeant politique on doit obligatoirement soutenir tout ce qu’il entreprend même lorsque cela n’est pas profitable au pays. C’est une conception pour le moins rétrograde. La patrie doit être placée au-dessus des partis.
