Le Covid-19 au cœur de l’anthropologie médicale en Guinée : Une analyse de Sayon Dambélé

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 L’une des décisions du Chef d’Etat hier lors de son allocution sur la pandémie du Corona virus concerne, entre autres, la fermeture des lieux de culte (mosquées et églises) en Guinée pendant 14 jours. Sur un plan sanitaire, évidemment qu’on comprend cette mesure qui tend à éviter des rassemblements de personnes dans un contexte incertain de risque de contamination; néanmoins le risque d’une résistance sociale n’est pas à exclure. Il y a là une tension entre deux valeurs qui peuvent achopper : le rationnel et le religieux.

C’est un défi pour nos sociétés, encore peu sécularisées, de privilégier quelquefois le rationnel au religieux voire au culturel (dans le sens profane du terme) dans un but d’intérêt général. Nous avons vu lors de l’épisode d’Ebola, des formes de résistance parfois violentes aux autorités. Me vient en tête par exemple, la gestion des sépultures où des corps des défunts ont été soustraits aux familles pour des mesures de santé publique.

La gouvernance sanitaire, parce que c’est cela dont il s’agit, requiert de la pédagogie. Expliquer clairement les risques réels encourus en cas de contournement de certaines règles. Préciser le caractère conjoncturel des mesures. Insister sur leur efficacité éprouvée ailleurs, notamment dans des pays aux mœurs culturelles et religieuses voisines.

Ce travail doit être réalisé par tous les leaders d’opinion tant institutionnels que traditionnels et relayé par d’autres canaux pour que les messages infusent dans la société.

Nos populations ne sont pas rétives par essence, pour peu que les choses soient expliquées, loin de toute autre considération, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas.

Faisons confiance à notre intelligence collective et à notre bon sens.

En ce vendredi saint, que Dieu protège notre pays et le monde du Covid-19 qui a déjà ravagé tant de vies.

Sayon Dambélé



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