Découverte de l’Amérique : Mansa Aboubacari II ou Christophe Colombe ?

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  Pour la plupart des manuels d’histoire, l’Amérique a été découverte par Christophe Colombe en 1492. Or, Il y a quelques jours, le préfet de Faranah déclarait : « C’est le guinéen Aboubacari II qui a découvert l’Amérique » cette expression est devenue virale sur les réseaux sociaux. Parfois même sujets de moqueries pour certains internautes. Pourtant,  le 16 septembre 2016, une publication du site dyabukam.com révélait que les preuves relatives à la présence mandingue en Amérique sont tangibles et nombreuses sur les côtes américaines.

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Les preuves relatives à la présence mandingue en Amérique sont tangibles et nombreuses. Aboubakari II, alors empereur du Mali, frère de Kankan Moussa, a dirigé une grande expédition. Et de cela a résulté un réel échange culturel.

Une compilation d’écrits d’historiens arabes et de contes de djélis (qualifiés à tort de « griots » par l’historiographie euro centrique) héritiers de l’empire du Mali, nous narre le récit suivant : Aboubakari II, petit-fils de Soundiata Keïta (fondateur de l’empire du Mali) et frère de Kankan Moussa l’homme le plus riche de tous les temps, a effectué un grand périple transatlantique, à destination de ce qui n’était pas encore « l’Amérique ». Aboubakari était beaucoup plus réservé que son frère quant à la nouvelle religion islamique.

En fait, il était plutôt adepte de la tradition africaine. Il piaffait d’impatience, engoncé dans son habit de prince soumis aux obligations de l’étiquette. Il était littéralement obsédé par un désir ambitieux : Celui d’effectuer un voyage au-delà de l’océan. Il s’entoura d’un nombre important de personnes savantes et compétentes pour reconstruire sa flotte, après qu’une première tentative se soit soldée par un échec.

La flotte d’Aboubacari II traversant l’Océan, en quête d’un autre monde

Pour mener à bien son projet, il céda son trône à son frère cadet. C’est ainsi que le périple d’Aboubacar II vers le « nouveau monde » commença… La traversée fut sûrement plus aisée que l’on peut l’imaginer, tout simplement parce que les courants marins partant d’Afrique en direction de l’Amérique du sud, facilitaient ce genre d’expédition. Des embarcations plus petites étant beaucoup plus faciles à manœuvrer que les grosses caravelles plusieurs siècles plus tard, des Génois, Portugais et Espagnols.

Les Africains avaient l’habitude pour se déplacer dans le désert, de se référer aux étoiles, habitude qu’ils allaient perpétuer en haute mer (méthode d’orientation inconnue des Européens à cette époque). De plus, une embarcation de type africain avait plus de chance de survie en cas de tempête en haute mer qu’une grosse caravelle. Forts de ses informations, nous comprenons à présent pourquoi, plusieurs siècles plus tard, les explorateurs européens découvrent la présence de Noirs dès leur première arrivée en Amérique.

Menant l’expédition dans l’isthme de Darien entre la Colombie et le Panama actuel, l’explorateur Vasco Nunez de Balboa, en s’enfonçant plus au sud, découvre un campement amérindien où la présence de prisonniers de guerre Africains est attestée. Demandant aux Amérindiens de quelle région du monde les prisonniers proviennent, les autochtones répondent qu’ils n’en savent rien, mais que ces Africains sont des habitants de cette zone géographique.

Tête d’un chef Nouba et sculpture olmèque

C’est ainsi qu’un prêtre dominicain, Gregoria Garcia, qui séjourne neuf ans au Pérou au début du 16ème siècle, rapporte que les Espagnols ont rencontrés des Noirs une première fois sur une île, au large de la Carthagène des Indes, Africains qui étaient manifestement des captifs de guerre. Il était apparemment fréquent que chaque camp fasse des prisonniers de guerre à l’issue de différentes batailles. Selon Alphonse de Quatrefages, anthropologue du Musée d’histoire naturelle de Paris, des populations noires ont été trouvées en Amérique, population portant le nom de « Charruas » au Brésil et de « Noirs Caraïbes » à Saint Vincent. Notons à ce sujet que « Caraïbe » est paradoxalement, le nom d’une ethnie amérindienne venue du Venezuela et ayant envahi les Antilles. Logiquement, le peuple caraïbe aurait dû s’appeler Arawak et il aurait dû en Floride, porter le nom de Jamassi. Des traditions péruviennes et d’autres sources rapportent comment des hommes Noirs ont pénétré les Andes.

Masque en Turquoise africoïde du Teotihuacan

C’est ainsi que les Européens à leur arrivée, découvrirent que les gouverneurs de l’Equateur étaient des Noirs. Bon nombre d’autres traditions amérindiennes font état d’hommes noirs venus dans leurs terres avec beaucoup de panache et de prestige, en commerçant et en partageant leur sagesse avec les populations autochtones de ce qui n’était pas encore « l’Amérique ». Les preuves matérielles de l’art africain ou dépeignant des Africains, ont été retrouvées un peu partout en Amérique. Ainsi des statuettes ont été retrouvées à Tabasco, au Chiapas (Mexique), à Guerrero, à Vera Cruz (Mexique), Oaxaca etc…

De même de gigantesques têtes africaines ont été découvertes en pays olmèque. Dans la vallée de Mexico, certaines peintures et représentations dépeignant des Africains, ont été vénérées comme étant les figures de Quetzacoatl ou Tezcatlipoca, des dieux aztèques. Dans les îles vierges américaines, il a été retrouvé des squelettes africoïdes datant de 1250 avec des mutilations dentaires, caractéristiques de certaines ethnies africaines. D’autres encore ont été trouvés à Tlatilco, Cerro de las Mesas et à Monté Alban.

Autant il est indéniable que les Vikings sont aussi parvenus jusqu’en Amérique, plus au nord et de la même façon que les Africains, il faut avoir l’honnêteté de dire qu’ils n’ont rien apporté sur le plan culturel, lors de leurs échanges avec les Amérindiens. A l’inverse, la présence africaine fut féconde culturellement.

Echanges culturels

Le dieu Quetzacoatl, serpent à plume ou oiseau-serpent, faiseur de pluie, entité personnifiant la prospérité dont les cérémonies s’effectuaient par des actes de pénitence et des châtiments, peut être aisément rapproché du Dasiri des Bambaras, peuple dont était issu Aboubacar. Dasiri était une entité protectrice, représentée sous la forme d’un serpent.

La fête commençait au début de l’année, comme pour son homologue aztèque et la cérémonie s’effectuait également par des actes de pénitence et des châtiments.

Au contact des Mandingues, les Mexicains ont progressivement abandonné la pratique des sacrifices humains, voyant que cela n’était pas nécessaire dans la pratique culturelle des Africains avec qui ils étaient rentrés en contact. Un bon nombre de mots mandingues peuvent être identifiés. Ainsi le mot chapeau se dit « co-pill-i » en mexicain et « ko-fill-a » en mandé. Ces mots se prononcent apparemment de la même manière.

On pourrait citer bien d’autres exemples, mais la liste pourrait être fastidieuse dans un tel article de vulgarisation. Les Naguals sont des entités possédant à la fois des caractéristiques humaines et animales, entités que l’on retrouve dans les deux cultures. Les cultes du coyote des Amérindiens et de la hyène africaine ont fusionné à Mexico au contact des deux cultures. Les Africains arrivés en Amérique avant les Européens ont pratiqué l’agriculture, ont érigé des temples et échangé avec les populations locales avec succès, bien que quelques cas de guerres aient été rapportés.

Tête africaine du Teotihuacan

Ainsi, il faut retenir pour notre édification, que dans ce qui n’était pas encore « l’Amérique », des peuples civilisés se sont rencontrés, ont échangé en harmonie et bien que les Amérindiens aient majoritairement une origine mongoloïde, de l’ADN africain a été retrouvé au sein de plusieurs peuples autochtones américains. Quant à la spiritualité de ces peuples amérindiens, il faut avouer qu’elle partage énormément de points communs avec la spiritualité africaine.

 Source : dyabukam.com



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