Les victimes d’homicides à l’occasion de manifestations politiques sont des Peulhs. Ne pas le reconnaître relève d’une grave malhonnêteté intellectuelle : Maître Traoré

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ET SI ON FAISAIT UN PETIT EFFORT POUR COMPRENDRE LE MESSAGE DE DJANI ALFA MÊME SI ON N’EST PAS OBLIGÉ DE PARTAGER SA POSITION QUI RESTE PERSONNELLE.

Dans une vidéo devenue virale et qui a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux notamment, l’artiste Djani Alfa s’adresse à sa « communauté » à laquelle elle reproche de ne pas s’impliquer suffisamment dans le combat contre les exactions dirigées contre elle sur « L’Axe » comme on le dit souvent. Avant d’aller plus loin, il y a lieu d’admettre que depuis 2010, toutes les victimes d’homicides constatés à l’occasion de manifestations politiques ou citoyennes sont des Peulhs. Ne pas le reconnaître relève d’une grave malhonnêteté intellectuelle. Cela ne veut pas dire pour autant que d’autres communautés n’ont pas été victimes de violences d’État depuis 2010. La preuve en est que le procès sur le massacre de Zogota doit s’ouvrir dans quelques semaines devant la Cour de Justice de la CEDEAO

Cela étant précisé et pour revenir à la vidéo de Djani Alfa, il évoque un fait réel : toutes les victimes de ces crimes sont des peulhs, on l’a dit et redit. Personne ne peut raisonnablement le nier. Même lors qu’il y a des manifestations violentes dans d’autres villes de la Guinée, la répression est moins violente que si elles se produisaient dans la zone Hamdallaye – Bambéto- Coza. Il est peut-être exagéré de parler de génocide. Mais le fait, encore une fois, est que toutes les personnes tuées sont des Peulhs. C’est un fait constant qu’aucune personne de bonne foi ne peut contester. Il ne s’agit pas d’une victimisation mais d’une réalité tangible.

Pour lutter contre ces crimes, Djani Alpha en appelle à tous les Peulhs qui ont un certain poids dans leur domaine d’activité afin qu’ils prennent position ouvertement. Qu’ils soient des artistes, des sportifs, des écrivains, des militaires, des cadres de l’Administration; Djani Alfa les invite en quelque sorte à s’indigner et à dénoncer, surtout que les dénonciations venant des autres communautés, s’il en existe, sont timorées ou molles.

À ce propos, il faut rappeler que le message de Djani Alfa trouve son bien-fondé et sa pertinence dans des exemples venus d’ailleurs. En Europe et en France particulièrement, toutes les fois qu’il y a eu des actes de racisme contre les Noirs, ce sont les célébrités noires qui prennent position pour les dénoncer. On voit souvent les prises de position de Lilian Thuram ou de Claudy Siar pour ne citer que ces deux. Il y a quelques semaines, lorsqu’une historienne française avait tenté de faire une comparaison douteuse et maladroite entre la Shoa et l’esclavage, Claudy Siar, célèbre journaliste de RFI d’origine antillaise, a fait une vidéo qu’il a postée pour dénoncer la position de cette historienne.

Aux USA, on voit avec le mouvement  » Blacks Lives Matters », l’implication des célébrités noires du sport en particulier, s’impliquer dans la lutte contre les violences policières dont sont souvent victimes les Noirs. Un footballeur africain américain avait même boycotté l’hymne national américain en guise de protestation contre ces violences dirigées contre la communauté noire des USA.

C’est peut-être à cela qu’appelle Djani Alfa : que tous les Peulhs qui ont une certaine notoriété dans un domaine donné utilisent celle-ci pour dénoncer ce qui se passe sur « L’Axe ». Cela a l’avantage d’avoir plus de poids encore que si les dénonciations venaient de personnes anonymes. Il n’y a aucune espèce de communautarisme ou d’ethnostratégie dans cet appel car cela ne signifie pas que les autres communautés doivent rester indifférentes, que leur réaction ne compte pas ou que celle-ci n’est pas prise en compte.



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