Depuis le lancement d’une série de manifestation par le FNDC, plusieurs guinéens ont trouvé la mort lors des manifestations. Suite à ces tueries, les deux camps n’arrêtent pas de s’accuser. Pour le président Condé, ce sont des manifestants qui tuent d’autres manifestants et font porter le chapeau à l’état. Tandis que le FNDC accuse les forces de l’ordre. Suite à ces différentes positions, il serait difficile de donner une réponse à cette question. Pourtant, il est du rôle de l’état d’ouvrir des enquêtes afin de situer les responsabilités et traduire les coupables derrière les barreaux.
Par ailleurs, la vie et la dignité du citoyen sont sacrées, et il est du devoir de l’état de les protéger. Cela relève de la fonction régalienne de l’état.
En plus de cela, force est de constater que la plupart des manifestants tués viennent de l’axe. C’est pourquoi nous nous sommes posé la question de savoir : les tueries sont-elles ciblées ? Le site vous propose quelques réactions des internautes
Korka Bah : « C’est de la manipulation. L’objectif est de pousser la communauté peule dans un repli identitaire. Comme ça ils justifient leur ethno stratégie du 3 contre » :
Soumah M’mah « c’est une façon de révolter plus les peulhs pour qu’après on dise que c’est une lutte uniquement des peulhs contre le pouvoir, c’est à nous autres de ne pas accepter cela. Diviser pour mieux régner ».
Toure Fatoumayarie Soumare « Sans chercher à enflammer, les peulhs sont ciblés par ce pouvoir, appelons le chien par son nom…..est c’est sur l’axe seulement on manifeste ? ; le FNDC comporte combien d’ethnie ???Pourquoi hier c’est à Hamdallaye et Koloma les enfants ont été tués???Pour une fois osons et disons la vérité a ce gouvernement….c’est révoltant »
Kabinet Djene Keita « ne vas chercher nulle part la réponse à ton inquiétude car cette situation n’a ni explication philosophique, ni sociale, ni politique, ni juridique…, il y’a juste une cible, les peulhs et la raison est connue, se taire dessus n’est que ignominie ».
Aicha Alain « C’est facile à comprendre ! Ils sont les plus nombreux et en plus ils considèrent cette lutte plus que n’importe quelle communauté. Sur 10 manifestants il y a au moins 8 peulhs, c’est bizarre mais c’est comme ça »
Aboubacar Bayo « C’est des actions sporadiques, d’initiative personnelle et de dérive constatés de part et d’autre qui font souffler sur la braise, mais non les communications intellectuelles tendant à infléchir les pratiques malsaines, comme ils ont souvent la prétention de le faire objecter par l’opinion »
Adama Dian Diallo « A vrai dire à ce rythme, même ceux qui pendant longtemps se refusent de croire a des tueries ciblées (c’est mon cas) sont obligés de se rendre à l’évidence que les choses sont complexes. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on manifeste ailleurs et on va tuer sur l’axe. Ou encore pire le garçon tue ce matin sur l’axe. Aucune logique! »
Elegent Lidou « par ce que tout simplement les forces de l’ordre viennent tuer que dans les quartiers de l’axe c’est ciblé. Le petit Souleymane qui a été tué hier dans mon quartier un enfant que j’ai vu naître c’était sur l’itinéraire de la marche, mais ils sont venus comme d’habitude dans le quartier peuplé des peulhs pour encore tuer c’est ça la vérité »
Thierno Aliou Bah « Question très complexe, cependant les réponses se trouvent sur ses axes : structurelle, culturelle, et judiciaires :
Structurelle : je dirai cette injustice ethnique a pris sa naissance à la genèse même de notre indépendance ; lors du choc des avis sur la nature de séparation avec les colons (cette lutte entre le BGA et les autres parties) une lutte qui a permis a confirmer le régionalisme politique mais aussi, et surtout l’indexation des communautés considérées comme » réfractaire à la volonté commune »; et de ces communautés, les Peuls ont été à mon avis les plus visées et identifiées. Le règne du RDA illustre cette institutionnalisation du Peul comme » Traite, comme étrangler, et donc abattable…Des discours à la structuration même de cette architecture d’état, le constate sur une discrimination se faisait remarquer et applaudi par un silence complice du peuple (piégé par la pensée unique). Rien qu’à lire les tomes et les numéros du journal officiel de L’état de l’époque on enregistre plusieurs stigmatisations dont la fréquence finie par faire d’une personne : une cible légitime…
Niveau culturelle : ceci n’est que le fruit, voir la conséquence d’une structuration (ou institutionnalisation). l’exode rural aux années 92 (vers les grandes communes de la capitale ) ont permis d’identifier des éléments de langages rendant ipso facto la dévalorisation du peul, soit : Certains l’appellent : « Fouledi », « bakh Fadé », etc.; « petit quelqu’un » dans certains quartiers ; sans oublier un autre élément clé : l’origine du peul (le plus souvent affilié au Sénégal ) qui a inciter d’autres confrères Guinéens comme des gens qui doivent toujours leurs soldes à quelqu’un, car eux ne sont pas natifs.
Pour moi tous ces éléments à mon avis ont rendu culturel le fait … Sans oublier bien sur la guerre civile à laquelle nous avions échappé dans les années 90 (entre soussou et peul) où certaines familles, malgré des années après ont continué/et continuent à : s’applaudir du nombre de personnes jetées dans des puits à Kaloum; …tous ses facteurs sont à mon avis cause d’une forme de banalisation du crime contre une ou des personnes… C’est d’ailleurs un peu le même cas que la lutte des pauvres et des riches en Guinée.
Sans oublier les grandes événements ayants marqués une grande mutations comportementale des peuls : Kaporo Rails, les extorsion des jeunes cirasse qui quittaient le Fouta pour Conakry.. D’ailleurs, si tu constates : c’est de là que les Peuls ont commencé à pratiquer les arts martiaux (la cartographie des salles d’art martial illustre cet état de fait : que dans des quartiers Peuls: Cosa, Hamdalaye, Hafia, etc.).. En complément à cet élément martial: j’ajouterai que dans la sociologie des arts martiaux, le constat est que, ceux qui le pratiquent le font le plus souvent pour des raisons d’autodéfense. (Du wing shu au Kungu fu) ça été toujours le fruit d’une attaque,… .. Voici en quelques mots de ce que j’ai compris comme étant à la genèse de cas…. Je ne cite pas trop les politiques récentes, car ça tout le monde en sait quelque chose » !
Lamine Manda Sy « c’est des morts ciblés pour faire croire aux gens que c’est la communauté peules qui est contre le 3eme mandat moi c’est des morts de trop maintenant on doit demander le départ d’Alpha Conde trop c’est trop et il reste muet même pour dire condoléances à les familles impossible c’est là on comprend il y’a une main noir du président dans cette tueries »
Ibrahima Ahmed Bah « la situation est claire: ce sont des assassinats ciblés; ils n’ont pas digéré que toutes catégories de Guinéens sortent aussi massivement contre leur projet; donc il faut aller tuer des Peuls (la communauté dont il est question) pour qu’à la suite de la colère engendrée on se concentre sur l’aspect communautaire. Le communautarisme est le principal domaine de compétence de ce régime »
NgaNoumou Kha Babatiti « je voudrais simplement dire qu’il y a des foulefakhe dans ce pays. Des tueurs de peuls, même les balles perdues ne tuent que les peuls. Le peul est un alibi pour ce régime, il est temps de réagir ».
Suca Füta « C’est pourtant simple : Les manifestations ne sont pas d’un fait communautaire, c’est un fait. La logique politique en Guinée est communautariste, d’où l’idée de dénaturer le FNDC manifestations et ramener son action à la seule révolte partisane, donc communautaire ….et c’est ce qui explique ces meurtres ciblés pour ramener tout dans le cadre communautariste. Ce qui sous-entend que les meurtres sont prémédités et bien préparés par un groupe constitué. Rappelez-vous des déclarations du général Facinet Touré à l’époque qui résume bien la situation »
Yannick Pierre Simon Bongo « C’est très regrettable, mais c’est l’architecture politique qui permet cela. Je ne crois pas à une quelconque planification systématique ou communautaire de la répression. Nos agents des forces de l’ordre ont le même mode opératoire. Les deux 1ères victimes du FNDC sont des malinkés. Les 1ères manifestations ont lieu à N’zérékoré, Macenta et Kankan. Sous ce régime, les forces de l’ordre sont intervenues à WOMEY et ZOGOTA. Il y a eu beaucoup de morts. Qui étaient- ils ? Mais des communautés de la localité. Elles sont intervenues un temps à Gueckédou. Qui a subit ? Mais des kissi. Alors moi je pense que s’il y a des victimes il faut déplorer l’acte, puisque personne ne mérite la mort pour exprimer ce qu’il croit être juste et bon pour son pays. Mais il faut avoir le courage de reconnaitre l’évidence. La situation mérite un discours de vérité même si cette vérité est difficile à dire »
Yannick Pierre Simon Bongo « Avant je me rendais sur le terrain et je déployais quelques agents de mon ONG Caméras en main avec gilets professionnels, pour vivre les évènements en live, faire le filmage pour garder les images et vidéos. Les agents des forces de l’ordre interpelaient mes Hommes, on confisquait mêmes les Caméras. Parfois les manifestants s’en prenaient violemment à nous. La gamme devenait de plus en plus dangereuse. La menace s’amplifiait, devenait réelle, et les origines du danger se diversifiaient et devenaient nombreuses et variées. Alors j’ai arrêté d’envoyer les enfants des gens sur le terrain. Les aprioris, les suspicions, les procès d’intentions, les étiquetages, etc… , rendaient la chose compliquée. Même le simple patronyme devenait un élément de soupçon. Les extrémistes de la mouvance et de l’opposition trouvaient nos actions louches. Connaissant le caractère imprévisible et violent du guinéen surtout lorsqu’il manifeste, il fallait arrêter. Avec leur MAXIME 《 Si tu n’es pas avec nous, c’est que tu es contre nous 》Nous on est avec personne. Alors il fallait arrêter. Donc je suis absolument d’accord avec toi que les 100% mérite d’être questionnés. Mais beaucoup de surprises attendent les citoyens de ce pays en 2020. Le vaillant peuple de Guinée que je connais, surmontera tout »
Tafory Dih Siñgué « Je suis soussou et depuis la première manif du FNDC je réponds favorablement. Dire que c’est seulement les peulhs qui sont contre ce régime est un manque de respect vis à vis du peuple. Acceptez de reconnaitre les faits tels qu’ils sont. Bon sang »
Yannick Pierre Simon Bongo « Il y a le hasard, il y a l’effet du nombre. Á proportion gardée, le plus grand nombre de manifestants sont de cette communauté suivant mes observations. Et lorsqu’il y a une forte prédominance d’un groupe social dans un mouvement de foule, si un fait majeur arrive á cette foule, le groupe a la malchance d’en subir plus de conséquences que les autres. C’est naturel et basique. Il faut le déplorer, mais c’est aussi cela l’explication. La très forte mobilisation dominante de ce groupe dans ces mouvements de foules l’expose beaucoup plus au danger. C’est l’effet du caractère dominant qui resurgit. Rien d’autre. Puisque j’ai pu me rendre parfois avant, pendant et après les manifestations pour adresser la parole aux agents déployés. C’est toutes les communautés. Cela m’a permis d’écarter la thèse d’un ordre systématique donné aux agents. Personne ne peut obéir à l’ordre d’éliminer systématique le groupe social auquel on appartient. Ce n’est pas possible. Hier j’étais sur l’axe Concasseur- Hamdallaye de 6H à 20H. J’ai avalé à plusieurs reprises les gaz lacrymogènes comme beaucoup de citoyens et manifestants de cette zone Mais j’ai pu bien vivre l’évènement pour me rendre à l’évidence. Donc c’est mon constat à moi. D’autres citoyens peuvent avoir une autre lecture et analyse de la situation. Je ne détiens pas la vérité absolue. Mais je me force à comprendre et à expliquer ».
La plupart des internautes estiment que ces tueries seraient ciblées. C’est pourquoi, l’état doit déterminer les circonstances exactes de ces décès pour clore le débat. Et traduire les coupables derrière les barreaux.