Le port du voile, une pratique qui divise : Que dit alors la tradition coranique ?

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Dans le Coran, les versets cités à l’appui du port du voile se trouvent dans deux sourates, qui n’évoquent pas directement la chevelure.

La tradition musulmane fait-elle obligation aux croyantes de se couvrir d’un voile ? A cette question, beaucoup de celles qui le portent répondent oui. Pour elles, seuls les non-musulmans mettent en doute cette interprétation. C’est aussi l’avis de beaucoup d’autorités religieuses. Qu’en disent les textes et la tradition ?

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Dans le Coran, les versets cités à l’appui de cette pratique se trouvent dans deux sourates (les 24 et 33). Dans la première, les versets 30 et 31 indiquent : « Dis aux croyants qu’ils baissent leurs regards et gardent leur chasteté. C’est plus pur pour eux. (…) Et dis aux croyantes qu’elles baissent leurs regards, qu’elles gardent leur chasteté, et qu’elles ne montrent de leurs parures que ce qui en paraît, et qu’elles rabattent leur voile sur leur poitrine ; et qu’elles ne montrent leurs parures qu’à leur mari, ou à leur père (…) » ou à des familiers énumérés par le texte.

La sourate 33 professe, au verset 59 : « O Prophète ! Dis à tes épouses, et à tes filles, et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles ; elles en seront plus vite reconnues et exemptes de peine. »

Comment faut-il comprendre ces versets, dont aucun n’évoque la chevelure ? La tradition s’est interrogée sur ce que désignent « les parures ». Certains y voient une allusion aux cheveux, d’autres aux mains, au visage ou encore aux bijoux : « Il y a pléthore de lectures », explique l’islamologue Rachid Benzine.

« En adéquation avec les règles de la société au VIIe siècle »

Selon lui, « ces textes sont en adéquation avec les règles qui prévalaient dans cette société au VIIe siècle. Elles n’introduisent pas de nouveauté majeure. La culture légale du Coran est commune avec celle de la Bible hébraïque et des Evangiles. »

L’islamologue en veut pour preuve la parenté entre ces lignes coraniques et les recommandations d’un texte chrétien du début du IIIe siècle, la Didascalie des apôtres : « Toi qui es chrétienne, (…) si tu veux être fidèle, ne plais qu’à ton mari, et quand tu marches sur la place publique, couvre-toi la tête avec ton habit, afin que le voile cache ta grande beauté, n’orne pas la face de tes yeux, mais baisse les yeux et marche voilée. »

Pour Rachid Benzine, les indications vestimentaires du Coran ne sont donc pas d’ordre religieux, mais social. Les recommandations faites aux femmes de se couvrir lorsqu’elles sortent ne seraient pas « un signe de distinction des musulmanes ». « Selon les exégètes, explique-t-il, elles s’adresseraient aux femmes de condition libre pour qu’elles ne soient pas confondues avec des esclaves » et, parmi elles, à celles qui sont en âge de procréer. En effet, le verset 60 de la sourate 24 permet aux femmes ménopausées de « déposer leurs étoffes, mais pas de se faire voir en parures ».

Source Le Monde



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