L’EXCISION : ENTRE MÉCONNAISSANCE ET DOGMATISME CULTUREL ! UNE CHRONIQUE DE KHARE MAN

1564

« Si l’excision est si mauvaise qu’on veut nous le faire croire, pourquoi autant de parents, surtout de mamans, continuent encore à exciser leurs filles ».

Voici l’un des arguments auxquels on est très souvent confronté dans le débat sur l’excision.

Mais faut-il rappeler que 99 % des enfants qui ne sont pas scolarisés ont des parents analphabètes ?

À l’opposé, 99 % des enfants de parents sachant lire et écrire seront scolarisés.

On est dans la reproduction presque systématique de l’éducation qu’on a reçue. Parce que l’éducation que nos parents nous ont donnée, fait office de modèle à nos yeux. S’en écarter est ressenti comme une sorte de trahison. Car c’est un engagement moral envers soi-même, envers nos parents et envers la communauté dont on se réclame.

C’est une vision presque dogmatique de la tradition, des coutumes. On ne cherche pas à comprendre. D’ailleurs le seul fait d’interroger les pratiques culturelles suscite des réactions très souvent épidermiques. Le débat est à ce niveau. « Comment passer nos pratiques culturelles au filtre de la raison ? ».

Parce que nous estimons très souvent, à tort, que des pratiques aussi vieilles sont FORCEMENT BONNES. Donc il n’est pas nécessaire de chercher à en savoir davantage.

 Voilà pourquoi la plupart des partisans de la pratique n’en connaissent aucun avantage vérifiable, mais ils se tiennent en première ligne pour en récuser les conséquences nocives pourtant scientifiquement démontrées.

La pratique est incluse dans un bagage culturel qu’il faut transmettre à tout prix à son enfant sans jamais prendre le temps d’en examiner le contenu. Sans se poser aucune question sur les conséquences négatives, ni  même positives, qui peuvent en découler.

Exciser son enfant, au-delà d’un quelconque intérêt pour celle-ci, c’est la satisfaction d’une obligation morale que les parents recherchent.

 Donc, l’enfant au milieu de tout ça n’est finalement qu’un prétexte, parce que les parents le font d’abord et avant tout pour eux-mêmes.

Chose qui rend son éradication d’autant plus compliquée. Car les arguments de sa pratique ne sont pas rationnels. C’est un package culturel qui nous a été transmis et qu’il faut transmettre les « yeux fermés »…



Guinée Nondi, tout ce qui est information de qualité est notre