La liberté de la presse serait-elle menacée sous Alpha Condé ? Un coup de Gueule de Lakata kimba Camara

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« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire » (The Friends of Voltaire – 1906).

Cette affirmation de Mme Evelyn Beatrice Hall, met en relief l’importance de la liberté de s’exprimer dans toute société démocratique.
Dans cette liberté, chacun a le droit d’informer et de s’informer. En ce sens, les journalistes sont aujourd’hui présents partout : En tête des manifestations, dans les zones de guerre, ou encore dans les grandes rencontres ou autres événements sportifs, dans le seul but d’avoir un scoop, de capter l’image la plus représentative, ou tout simplement de dépeindre les « revendications des participants ».C’est pourquoi la liberté de la presse est l’épine dorsale de toute démocratie, en ce sens qu’elle représente un véritable contre-pouvoir. Cette liberté serait-elle menacée en Guinée ?

Au regard des faits de ces derniers moments, l’on peut donner une réponse positive à cette question.
Oui la liberté de la presse est menacée, oui les journalistes sont intimidés, oui les patrons de presse sont sous pression des autorités, oui les acquis dans ce domaine sont en train d’être ballonnés. Grosso modo, la liberté de la presse chèrement acquise est en train de s’affaisser dans le pays du professeur de droit Alpha Condé.
Qui l’eut cru ? Qui l’eut imaginé qu’un tel scénario se passerait sous le régime d’un professeur de droit, d’un opposant historique qui, à un moment de sa lutte a connu toutes ces injustices ? Personne!. Pourtant, ces injustices contre les médias se naturalisent et se banalisent de plus en plus sous la mandature du professeur Alpha Condé.

L’on a assisté ces derniers temps des arrestations de journalistes, des mises sous contrôle judiciaire, parfois même sous mandat de dépôt, sans oublier des agressions physiques et verbales. Comme un tsunami, ce phénomène s’abat sur plusieurs journalistes ces derniers temps. Dans le pays du professeur de droit Alpha Condé, Le harcèlement, des arrestations arbitraires, des incarcérations et même parfois des menaces de mort, sont devenus monnaies courantes et font de plus en plus partie des « risques du métier ». La presse incendiée, la presse censurée, la presse menacée, la presse intimidée, la presse fragilisée, des journalistes exilés : sont des pratiques courantes de ce gouvernement mafieux, composé de cadres recyclés, haineux, irresponsables et hypocrites. Ils se servent de leurs positions sociales pour piétiner les droits des uns et des autres. L’histoire en jugera.

Selon Reporters Sans Frontières, la Guinée occupait le 86ème rang en 2012, le 102ème en 2014 et en 2019 le 107ème rang dans le classement mondial de la liberté de la presse avec un indice de 33.49. Soit 21 point perdus en 7 ans sous la gouvernance du professeur Alpha Condé. Ces chiffres sont révélateurs du recul en matière de liberté de la presse ces derniers temps.
Dans ce tohu-bohu, tout fonctionne à l’envers. L’on se rappelle de l’arrestation et de l’incarcération de l’administrateur général du site Conakrylive Lansana camara en Mars 2019, du fondateur de Nouvellesdeguinée Mamadou Saliou Diallo en Juin 2018. Tous les deux ont été incarcérés pour diffamation. Pourtant, en Guinée selon la loi sur le délit de presse de 2010, la diffamation n’est pas passible de peine de prison.
A cela, il faut ajouter les nombreuses interpellations et mises sous contrôle judiciaires de plusieurs journalistes ces derniers temps. L’on se rappelle aussi des menaces contre le directeur de publication de Dépêche Guinée Abdoul Latif Diallo en janvier 2018. Le dernier en date est la mise sous contrôle judiciaire de l’un des doyens de la presse écrite en Guinée, le fondateur du journal le Lynx Souleymane Diallo. Sans oublier les nombreux procès qui ont opposé ces derniers mois, des hauts placés de l’État à des simples journalistes qui ont pour seules armes leurs plumes pour informer.

Aujourd’hui, dans presque tous les procès contre les journalistes, les procureurs font une sorte de « passe-droit » ou de « tour de passe-passe » pour contourner la loi sur le délit de presse au profit de la loi sur la cybercriminalité

Ces agissements des autorités judiciaires envers la presse, constituent un véritable goulot d’étranglement de notre démocratie, une sorte de menace pour pousser la presse à « fermer sa gueule ». Aujourd’hui, dans presque tous les procès contre les journalistes, les procureurs font une sorte de « passe-droit » ou de « tour de passe-passe » pour contourner la loi sur le délit de presse au profit de la loi sur la cybercriminalité. Dans cette acrobatie judiciaire, le but visé est de condamner les journalistes ou autres communicants, ou les intimider pour censurer leurs critiques envers le régime, ou tout simplement leur pousser à se taire : könö, Amoulanfé.

Aujourd’hui, il suffit d’écrire quelques lignes contre le gouvernement ou dénoncer des faits en rapport avec le changement constitutionnel pour passer des heures d’interrogatoires à la direction de la police judiciaire (DPJ), qui est devenue une véritable « machine de répression » contre les médias. On dirait que leur mission favorite est d’empêcher les journalistes à faire leur travail. Or, en faisant cela, on empêche les citoyens d’être informés, et c’est tout simplement, une menace pour la démocratie.
Au moment où le débat sur le changement constitutionnel et le troisième mandat font rage, le seul but visé par les autorités, est d’empêcher les médias à informer la population sur le danger de ce projet machiavélique et suicidaire.
A cette allure-là, la seule question que l’on se pose : est de savoir qui sera le prochain ? Avant que je ne tombe dans les mailles du filet, ma plume servira de voix pour des sans voix.



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