Droit de manifester : Une discrimination entre les citoyens institutionnalisée par l’Etat ( Manif interdite à Kindia)

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Le droit de manifester est un principe constitutionnel en Guinée. Selon l’Article 7 : Chacun est libre de croire, de penser et de professer sa foi religieuse, ses opinions politiques et philosophiques. Il est libre d’exprimer, de manifester, de diffuser ses idées et ses opinions par la parole, l’écrit et l’image. Il est libre de s’instruire et de s’informer aux sources accessibles à tous. La liberté de presse est garantie et protégée. La création d’un organe de presse ou de média pour l’information politique, économique, sociale, culturelle, sportive, récréative ou scientifique est libre.  Le droit d’accès à l’information publique est garanti au citoyen. Une loi fixe les conditions d’exercice de ces droits, le régime et les conditions de création de la presse et des médias.

Mieux, l’Article 8 stipule que : Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits.  Nul ne doit être privilégié ou désavantagé en raison de son sexe, de sa naissance, de sa race, de son ethnie, de sa langue, de ses croyances et de ses opinions politiques, philosophiques ou religieuses.

Malgré ces deux dispositions, force est de constater que ces derniers temps, l’Etat viole systématiquement nos lois en imposant un traitement différentiel entre deux types de guinéens. D’un côté les « pro-troisième » mandat ou changement constitutionnel, qui sont considérés comme des fils « bénis du pouvoir » et ont le droit de manifester. Ce fut le cas à Fria, à Boké, à Kindia, Coyah et Dubreka. Et de l’autre côté les anti-troisième mandat, qui n’ont pas le droit de manifester. Des citoyens arrêtés, emprisonnés, humiliés par le simple fait de manifester contre un changement constitutionnel.

Par ailleurs le meeting de la cellule préfectorale de Kindia pour la défense de constitution vient d’être interdit par le maire. Ces manouvres de l’Etat poussent les observateurs de la vie politique guinéenne à se poser des questions sur les acquis démocratiques en Guinée.

Pour l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats maitres Traoré : « En Guinée, il existe désormais des citoyens qui peuvent exercer leur liberté de manifester sans aucune entrave. La seule condition est que leur manifestation soit favorable au Pouvoir. Il y a une autre catégorie de Guinéens qui n’ont pas le droit de manifester parce qu’ils sont du « mauvais côté ». Cette différence de traitement n’est pas normale dans un État de droit. Tous les citoyens sont égaux devant la loi.

L’État a le devoir de tenir la balance égale entre ses citoyens et de permettre l’expression des différentes opinions, pourvu qu’il n’y ait pas de violences ou de troubles à l’ordre public. Nul ne doit être l’objet de discrimination en raison de son appartenance politique, ethnique ou régionale ».

Ce traitement différentiel institutionnalisé par l’Etat guinéen, peut avoir des conséquences très lourdes les jours à venir, en ce sens que les deux camps sont déterminés à défendre leurs positions. Comme l’avait dit le président lors d’une de ses sorties au siège du RPG, le risque d’affrontement est palpable, et l’atmosphère devient de plus en plus délétère.  

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