Ligue des champions : L’Ode à Ronaldo.

1980

Il y a un terme en français, souvent utilisé pour survaloriser les performances de quelqu’un, c’est celui de thaumaturge : signifiant littéralement « faiseur de miracle ». Je crois qu’on peut se permettre d’attribuer ce mot à l’attaquant Portugais de la Juventus de Turin, tant il arrive à réaliser des choses, avouons-le,  qui sont du domaine de la surhumanité.

Oublions ses 34 ans, ses 597 buts en 797 matchs, ses 154 sélections avec le Portugal, ses 5 Ballons d’Or, oublions ses 5 Ligues des champions, oublions ses 124 buts en 160 matchs dans la même compétition, oublions ses 8 triplés…Oublions les chiffres pour éviter le tournis, oublions son passage réussi en Angleterre, en Espagne et maintenant en Italie…Bref, oublions son palmarès. Arrêtons-nous sur son âge, 34 ans, son style de jeu, sans cesse renouvelé – dribbleur et ailier virvoltant au Sporting Club de Portugal avec ses arabesques avec le ballon, il s’est mu progressivement en buteur froid à ManU mais surtout à Madrid – sa rage, son aura, ses défis. Ces derniers critères sont plus que d’actualité car ce sont ceux-ci qui lui ont permis de réaliser encore une performance triple X hier soir contre l’Atletico de Madrid de Diego Simeone, l’une des meilleures équipes défensives des dix dernières années en Europe.

Ronaldo n’était pas parti pour tout éclaboussé, en tous cas pas dans des proportions qu’on connaît aujourd’hui. Portant un surnom lourd car rappelant celui d’un autre phénomène « Il fenemeno », lui, brésilien, qui avait plus de génie et qui est peut-être le plus grand « 9 » de l’histoire du foot. Je dis « peut-être », parce que je me demande si le Portugais n’est pas, in fine,  plus fort dans ce rôle de pivot et de finisseur. Longtemps moqué comme le « faux » Ronaldo, il a su progressivement imposer le respect et le silence consentant de ses détracteurs par son courage, son instinct de bête sauvage, son absence de renoncement et ses buts de plus en plus nombreux, protéiformes et surtout de plus en plus décisifs. Pour moi, c’est probablement le joueur le plus décisif sous l’ère moderne du foot, excepté les périodes « antiques » de Pelé, Puskas et Di Stéphano.

Admirateur et subjugué par Messi et actuel supporter de Barcelone pour ce fait, le match de Ronaldo d’hier m’a fait vibrer à double titre : d’abord, il réactualise sans cesse une comparaison avec le génie argentin mais aussi il a donné le sourire à la Juventus dont je me sens proche même si ma fibre tifoso depuis 25 ans résonne moins.

Ces deux joueurs offrent la panoplie complète de ce qu’est le sport au haut niveau et surtout les ingrédients du succès : génie personnel, travail au quotidien, ou les deux (l’inné et l’acquis), sérieux, organisation et force de l’institution encadrante (Barcelone, Juventus)… Qu’on soit pro Messi ou pro Ronaldo, il y a une chose que personne ne peut contester : ils font ce que personne d’autre ne fait, ni d’ailleurs l’un et l’autre. Ronaldo fait des choses que Messi, aussi brillant fût-il, ne fait pas. Messi fait des choses que CR7 ne fait pas aussi fort soit-il. Pour résumer, je dirai que notre génération est bénie pour voir se réaliser sous nos yeux depuis plus de 10 ans, ce que le football offre de meilleur : une Joconde sublimissime par le talent inné, néanmoins travaillé de l’argentin et un cyborg (mi-homme, mi-machine) incarné par la plastique fantastique de Cristiano Ronaldo qui réussit l’impossible presqu’à chaque fois.

L’éloge de l’exploit que je fais dans ce court papier est un éloge à cette endurance et ce travail acharné ponctué d’une réussite exceptionnelle du portugais. Aussi doué soit-il, le jeune homme de Madère, formé au Sporting Club de Portugal ne s’est pas reposé sur son potentiel. Il a bossé à Manchester, cravacher encore plus à Madrid – malgré son compte en banque, ses titres et ses 100 millions d’abonnés sur Instragram ou encore 120 millions de fans sur Facebook – où il s’est mu en vrai buteur. Et que dire de sa première saison italienne où il est presque meilleur buteur (dépassé d’une courte tête par Fabio Quagliarella, attaquant de la Samp’).

Il est une source d’inspiration pour beaucoup même si, pour être complet, il subsiste des scories dans son comportement humain (manque d’humilité, nombrilisme exacerbé, problèmes de mœurs en cours de jugement…). Vous me direz que même s’il est une machine, il a sa part d’humanité. Et celle-là est toujours perfectible.

Sayon Dambélé



Guinée Nondi, tout ce qui est information de qualité est notre