Justice : Assassinat de Madame Boiro, la main noire du gouvernement serait derrière le procès

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Les verdicts sont tombés  lundi sur  l’assassinat de madame Boiro, plusieurs personnes ont été condamnées à de très lourdes peines. Après la lecture des sentences, le gouvernement à travers un communiqué, s’est réjoui de ce feuilleton juridique qui a duré plusieurs années. Selon le communiqué transmis par la cellule de communication du gouvernement :  

« Conakry, le 4 Février 2019 – Le Gouvernement de la République de Guinée se réjouit, au terme de plusieurs années de procédure, de l’aboutissement le lundi 4 février 2019, de plusieurs affaires criminelles ayant permis :

1- La condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans des sieurs Mohamed Diallo dit Junior et six autres notamment pour assassinat sur la personne de Mme Aissatou Boiro, Ex. Directrice Nationale du Trésor et de M. Paul Temple Cole, cadre au Ministère des Finances au moment des faits ;

2 – La condamnation à la réclusion criminelle de 10 à 20 ans pour association de malfaiteurs, détention illégale d’armes de guerre et vol à main armée des sieurs Oumar Lamarana Diallo dit Williams et onze autres ;

3- La condamnation à la réclusion criminelle de dix ans (10 ans) du Capitaine Kaly Diallo pour usage non autorisé d’arme à feu dans le cadre du maintien de l’ordre public lors d’une manifestation de l’opposition ayant entrainé la mort du jeune Thierno Hamidou Diallo ;

4-La condamnation à la réclusion criminelle de six ans (6 ans) du Capitaine Moussa Wolto Soumaoron, commandant d’unité à la Brigade anti-criminalité (BAC) pour fait de torture sur un citoyen placé en garde à vue.

Le Gouvernement se félicite de l’action décisive du Ministère de la Justice et de sa détermination à faire toute la lumière sur les affaires criminelles emblématiques et actuellement pendantes devant les juridictions.

Le Gouvernement réitère son engagement à lutter résolument contre l’impunité sur toutes ses formes et à faire poursuivre tous les auteurs d’infraction à la loi pénale, quelle que soit leur qualité. »

Selon certains spécialistes du barreau guinéen, ce communiqué va l’encontre des procédures judicaires en ce sens que les avocats de la défense ont fait appel, ce qui voudrait dire que la décision n’est pas définitive et que les condamnés sont toujours considérés comme des présumés innocents jusqu’à la décision définitive.

 Maitre Traoré l’ex bâtonnier, l’explique sans aucune ambiguïté : 

 » Le Tribunal criminel de Dixinn a rendu ce 4 février 2019 son verdict dans différentes affaires criminelles. En ce qui concerne particulièrement l’affaire Mme Boiro, les avocats de la défense ont aussitôt relevé appel de la décision rendue. Il s’agit donc d’une décision qui n’est pas définitive. Elle est susceptible d’être confirmée ou infirmée par la Chambre criminelle de la Cour d’appel.

En dépit de cela, le Gouvernement a fait publier un communiqué par lequel il exprime sa satisfaction par rapport aux décisions intervenues et son engagement à lutter contre l’impunité. Cette initiative s’avère inquiétante pour la suite de la procédure en ce sens qu’il s’agit d’une manière (volontaire ou involontaire ???) de faire pression sur les magistrats qui auront à juger ces affaires en appel. Il faut en effet rappeler que les accusés bien qu’ayant été condamnés sont présumés innocents tant qu’il n’y aura pas une décision de condamnation définitive à leur égard. Le communiqué du Gouvernement pourrait influencer plus tard les magistrats de la cour d’appel qui auront à connaître de l’affaire ».

Cette erreur de communication, ou cette volonté du gouvernement à s’immiscer dans les procédures, judicaires questionne l’indépendance de la justice et le principe de séparation des pouvoirs notre pays. Pourtant, ce sont des principes constitutionnels  que l’état doit respecter. En attendant  la sentence définitive, force est de constater que le gouvernement a déjà envoyé des signaux forts qui pourraient influencer la décision des magistrats de la cour d’appel.



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